Comme annoncé précédemment, le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’est poursuivi ce mardi, 16 janvier 2024, devant le tribunal criminel de Dixnn (délocalisé à la Cour d’appel de Conakry). Et, c’est Mamadi Soumaoro qui était à la barre. Il comparaît devant cette juridiction de première instance en qualité de témoin. Et, sans sa déposition, il a fait des révélations surprenantes.
Tout d’abord, il a évoqué les menaces et de la tentative d’assassinat dont il a été victime au camp Kaléa où il a été recruté sous la junte militaire du CNDD dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Ensuite, il est revenu sur la persécution et des actes de tortures dont il fait l’objet. Mamadi Soumaoro a aussi évoqué son triste séjour aux 32 escaliers (une prison qui se trouverait au camp Alpha Yaya de Conakry).
« Comment j’ai su que nos amis sont à Conakry, c’est leur mouvement de Koundara. On est parti me chercher au champ de tirs. Bienvenu a donné l’ordre de me tuer au champ de tirs là-bas. C’était entre 18 heures et 19 heures. Mais, ils ont tout fait, Dieu n’a pas voulu que je meurs là-bas. Ils ont pris des bois pour me lapider, mais cela a coïncidé avec l’arrivée d’un des blancs. Donc, ils n’ont plus rien fait. Quand ce blanc a vu mon état, il a dit : moi je suis déçu, je ne veux plus des affaires guinéennes, je vais rentrer. Donc, ils m’ont attaché toute la nuit. Je suis resté ligoté là-bas jusqu’au lendemain à 15 heures. Ils ont envoyé un formateur, ils nous ont mis dans un pick-up pour nous envoyer à Conakry. Mais, arrivés à km36, on a trouvé nos amis là-bas. Ils étaient avec Jacques Maomy à bord de trois pick-up. Ils avaient des machettes. Ils nous ont embarqués dans leurs pick-up pour nous amener à la Présidence. L’autre pick-up s’est retourné à Kaléa. Arrivé à la Présidence, on m’a envoyé auprès de Grand Co (Claude Pivi en cavale). Ils ont dit : c’est lui qui connaît où est Toumba, c’est son jeune frère ça. Ainsi, Grand Co m’a dit : où est Toumba ? J’ai répondu : moi je suis en formation, comment je vais savoir où se trouve Toumba ? Ensuite, il a dit : si tu dis la vérité sur la position de Toumba, je vais te donner une villa. Il a fait beaucoup de propositions. Mais, je lui ai dit que je ne sais pas. Alors il a dit : si tu ne dis pas, tu vas mourir. Il a aussi dit : attachez-le et envoyez-le là-bas. Jacques Maomy et Thomas m’ont immédiatement pris pour aller me mettre dans une mare de sang, ils ont voulu me tuer, mais Dieu n’a pas voulu. Ils voulaient me découper, mais un capitaine est venu dire : si on tue tout le monde, qui va nous dire la vérité ? Donc, envoyez-les en prison. C’est ainsi qu’ils m’ont jeté dans le véhicule. C’est après que j’ai su que c’est dans le Sang de Sankaran qu’on m’avait mis à genoux. Quand nous sommes arrivés aux 32 escaliers, c’est un groupe de chasse à l’homme qui était là-bas. Il y a un passage, les éléments de Kaléa, le groupe de Titanic, ils mangeaient le chien, le chat, le serpent. Donc, nous sommes restés aux 32 escaliers, Beugré est venu nous trouver là-bas. Après, il y a eu Lancinè Kaba, Edouard Bangoura et Bancolé. Marcel était à la tête du groupe de chasse à l’homme. Il y avait aussi Thomas, Jacques Maomy et le groupe de Kaléa », a déclaré Mamadi Soumaoro.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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