Mamadi Soumaoro sur les coulisses de Kaléa : « il n’y avait que des féticheurs venus de la forêt dans la compagnie Titanic »

Mamadi Soumaoro, témoin

Teint noir et vêtu d’un boubou bleu ciel, Mamadi Soumaoro a comparu ce mardi, 16 janvier 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Il a été cité dans cette affaire par le ministère public et il dépose devant cette juridiction en qualité de témoin. Dans son long récit devant le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara, ce « donzo (chasseur traditionnel) » a apporté de la lumière sur les coulisses des recrutements opérés en 2009 au camp Kaléa sous la junte militaire du CNDD dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Il assure que l’une des compagnies qui étaient à Kaléa était composée uniquement de féticheurs, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

C’est un témoin qui a soif de « dire la vérité » qui s’est présenté ce mardi devant le tribunal criminel de Dixinn. Mamadi Soumaoro a dit être une ancienne « recrue de Kaléa ». Et, il est revenu sur la composition des compagnies qui ont été formées dans ce camp. Il assure que ce qui se faisait à Kaléa échappait au contrôle de l’armée guinéenne.

« Quand nous sommes entrés à Kaléa, nous y avons trouvé une foule. Parce que le total environnait les 12 000 personnes comme ça. Mais, les gens de la Présidence qui étaient formés, c’était dans les 3 000 personnes. Nous, ils nous ont mis sur les fantassins en première position. On est restés là-bas quelques jours, on a vu arriver un important groupe de la forêt. C’était les gens du président. Mais, je peux dire que parmi ces gens-là, beaucoup n’étaient pas des Guinéens. Parce qu’il y avait un interprète entre eux et les formateurs guinéens. C’est l’anglais et la langue guerzé qu’ils parlaient. Près de deux semaines après, un jour le secrétaire de Bienvenue Lamah est venu pour faire le triage. Après le rassemblement, il est entré dans les rangs pour demander aux gens leurs noms. Si tu as un nom guinéen, il te prend. Il a pris près de 150 personnes dans le groupe des fantassins pour les ajouter aux autres. Moi j’étais dans une compagnie de 250 personnes. Nous sommes restés comme ça, quelques après on a vu les formateurs israéliens. Ils étaient nombreux. Mais, il y avait un groupe d’africains parmi eux. Donc, les noms qu’ils portaient, ce sont ces noms qu’ils ont attribués aux compagnies. Il y avait : Titanic, Charli, Alpha, Bravo 1 et Bravo 2. Je ne peux pas me rappeler les noms de toutes les compagnies maintenant, mais moi j’étais dans Bravo 2. Cependant, dans la compagnie Titanic, il n’y avait que des féticheurs venus de la forêt. A l’époque, même l’armée guinéenne n’était pas au courant de ce qui se passait à Kaléa. Parce qu’ils n’avaient pas l’accès pour vérifier », a indiqué Mamadi Soumaoro.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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