Justice : responsables d’EPA, DAAF, magistrats et OPJ visés par le ministre Charles Wright

Le garde des sceaux, ministre d’Etat de la justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright était hier, mercredi 24 janvier 2024, à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) où il a été reçu par son président Francis Kova Zoumanigui et le procureur Aly Touré.

En rencontrant les magistrats nouvellement nommés au niveau de cette juridiction spéciale, le garde des sceaux s’est montré décisif dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, objet de la création de cette institution juridique.

Sans langue de bois, Alphonse Charles Wright a fustigé l’attitude de certains magistrats de la CRIEF qui ont fini par donner une mauvaise image à cette juridiction spéciale dont les résultats sur le terrain plus de deux ans après son installation (4 décembre 2021), restent mitigés.  Il dira d’ailleurs être déçu de cette juridiction qui avait incarné de grands espoirs chez les populations dans le cadre de la moralisation des deniers publics.

« Ça n’allait pas du tout. Je suis déçu des résultats obtenus par la Cour. Et sincèrement, je me demande s’il faut la maintenir ou non. Et dites-le moi, je suis prêt à vous écouter. Ou dites-moi ce qu’il vous faut pour bien faire le travail. Faites-moi un mémo », a demandé le ministre de la justice aux magistrats de la CRIEF qui ont assuré le ministre de leur volonté de rectifier le tir. Plus loin, le garde des sceaux a fait état de corruption dans le traitement de nombreux dossiers, en citant même des exemples dans son département.

« Le dossier sur la construction du centre de formation judiciaire est un cas parmi d’autres. C’est un dossier que moi-même j’ai instruit. Alors que l’argent a été décaissé et le travail n’est pas fait, on sort un non-lieu. Qu’on me dise où est allé l’argent du contribuable au moins ! », S’est exclamé le ministre de la justice. Ce n’est pas tout. Le dossier sur le casier judiciaire envoyé à la CRIEF a abouti à un non-lieu, regrette Alphonse Charles Wright.

D’ailleurs le garde des sceaux soutient détenir des preuves accablantes contre certains magistrats reçus dans des salons et filmés « par des caméras cachés ».

Ce n’est pas tout. Le comportement des officiers de police judiciaire n’est pas passé sous silence.

« Je sais tout. Des montants ont été saisis par les OPJ dans le cadre de la vente illicite des médicaments. Où sont partis ces montants ? Voilà autant de questions qui nous assaillent. Et ne pensez pas que les gens n’observent pas. Et mieux, il y a ce juge qui est en chacun de nous. C’est la conscience… », a dénoncé le ministre.

Avec la nouvelle équipe, Alphonse Charles Wright veut voir la CRIEF bouger et très vite dans le traitement des dossiers. Il veut par exemple voir clair dans la gestion du dossier du 28 septembre où d’importants montants ont été injectés pour la tenue du procès.

Parlant des responsables d’EPA (établissements publics à caractère administratifs) qui pullulent dans le pays avec des résultats souvent mitigés. Et ce, malgré les fonds mis à leur disposition. Charles Wright a instruit le procureur d’engager une procédure de vérification de leur gestion tout comme l’ensemble des responsables des divisions des affaires administratives et financières des différents départements et institutions du pays.

En décembre dernier, une injonction de la justice avait été faite et les documents de voyage des DAAF saisis. Mais depuis, aucune nouvelle. Ce qui rend également malheureux le garde des sceaux, élevé par le Général Mamadi Doumbouya, dans un décret pris le 23 janvier, au rang de ministre d’Etat chargé de la justice et des droits de l’homme.

A rappeler que dans la journée d’hier mercredi, Charles Wright, décidé à remettre de l’ordre dans sa maison, a visité successivement le tribunal de Mafanco, la CRIEF et le tribunal de Coyah. Partout, il a invité les magistrats à plus de probité morale dans la lutte contre les détournements des deniers publics et la promotion de la bonne gouvernance en Guinée.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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