Lutte contre l’insécurité à Kolaboui (Boké) : les autorités veulent démolir les maquis !

Les conducteurs de taxis motos de la commune rurale de Kolaboui, dans la préfecture de Boké, travaillent dans des conditions difficiles et risquées. En raison des attaques à mains armées dont ils sont souvent victimes, beaucoup d’entre eux travaillent la peur au ventre. Des cas de morts et de blessés y ont déjà été enregistrés, suscitant la stupeur dans cet endroit jadis tranquille. Cette situation indigne plus d’un et c’est pour freiner le mal que les autorités communales et sous-préfectorales ont convoqué une réunion avec les 16 districts relevant de la commune rurale. Il a été décidé de débarrasser la localité des bars, considérés comme des nids de malfaiteurs, a appris l’envoyé spécial de Guineematin.com à Kolaboui (Boké), qui a assisté à cette rencontre.

Kolaboui, grand carrefour de la préfecture de Boké, fait face à une insécurité grandissante. On y enregistre des cas de vols, de braquages qui conduisent à des pertes en vies humaines, visant particulièrement les taxis motards. Devant l’ampleur de cette situation, tous les acteurs se sont réunis pour y mettre fin.

Ibrahima Chérif Bah, juriste de profession et président du conseil des jeunes de Kolaboui

Ibrahima Chérif Bah, président du Conseil des jeunes de Kolaboui, demande de se débarrasser la localité des lieux de consommation d’alcool. « Il y a des cas de morts, surtout chez les jeunes taximotards. Ça inquiète, et c’est pourquoi le préfet, avec le maire, ils ont jugé nécessaire d’appeler les représentants des 16 districts, afin de discuter avec les autorités, la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS), la gendarmerie, la Brigade anti criminalité (BAC)… Nous étions tous là pour parler afin de trouver une issue à cette situation. Kolaboui, c’est un grand carrefour, c’est le poumon de cette région. Si les détenus du côté de pont de fer sont lâchés, ils se réfugient à Kolaboui. Ensuite, il n’y a pas mal de sociétés qui opèrent dans la zone. On enregistre beaucoup d’arrivées. D’aucun sont venus chercher du travail, s’ils n’en trouvent, pas ils se réfugient dans les maquis. C’est ce qui fait qu’on enregistre beaucoup de dégâts humains. Il arrive des semaines où on peut enregistrer 2 à 3 cas de morts. Parfois, ces cas de morts se sont des jeunes venus d’ailleurs qui sont envoyés à Kolaboui. Ça ternit l’image de la localité. C’est pourquoi on est avec les autorités, afin de réfléchir autour de ce sujet préoccupant. Après cette rencontre avec les responsables de district, on va essayer de rentrer en contact avec les responsables de jeunes dans les secteurs, les organisations non gouvernementales, nous allons réfléchir sur comment gérer cette situation avec l’aide des autorités militaires. Nous demandons aux autorités de prendre des dispositions. C’est d’enlever les maquis qui sont dans la sous-préfecture de Kolaboui. On en dénombre plusieurs dans les 16 districts », a-t-il indiqué.

Abdoulaye Manè, responsable des taxis motos à Kolaboui

Pour sa part, Abdoulaye Manè, responsable des taxis motos de Kolaboui, a dit que ses collègues n’en peuvent plus de cette insécurité. « Pour le cas de l’insécurité à Kolaboui, on a beaucoup de difficultés. Nous les taximotards, le travail qu’on fait, c’est un grand risque. Mais nous aussi, on cherche notre gagne-pain. Il n’y a pas parmi nous les taxis motards qui n’ont pas de métier. L’enregistrement qu’on a ici, c’est 6 personnes. Ils les prennent, les envoient, les frappent pour retirer les motos. Tu vas les trouver les bras et les pieds sont attachés avec de la colle… Tout ce qui est arrivé, ce sont des mariés qui sont ciblés. C’est arrivé une fois, deux fois, trois fois. Un 4ème jeune est mort. Après, nous sommes allés à la recherche de la moto de ce jeune. En brousse, on a trouvé un corps sans vie, tout près de la route à 5 mètres. Après, j’ai appelé le général pour l’informer. Du coup, toutes les autorités se sont rendues sur place. Alors, dans ce travail, même si on ne gagne pas des milliards ; néanmoins, on gagne notre vie. Depuis qu’on a eu ce décès, on a diminué la circulation. Pendant 3 jours, on n’a pas travaillé, on était en deuil… À l’heure actuelle, on travaille avec la peur au ventre. Même si c’est une fille que tu prends sur ta moto, tu as un doute. On meurt à cause de 8 millions GNF, parce que nos motos coûtent cela. Nous demandons à la population, aux autorités en place, c’est de nous donner les mains », a laissé entendre Abdoulaye Manè.

Youssouf Bangoura, président de la délégation spéciale de Kolaboui

Devant ce cri de cœur, Youssouf Bangoura, le président de la délégation spéciale de Kolaboui, annonce la destruction des maquis dans la sous-préfecture. « Kolaboui a connu une affluence très considérable. Celui qui fait allusion aux années passées et aujourd’hui, il y a une grande différence. L’insécurité vient toujours avec l’affluence, les sociétés minières qui sont ici ont recruté des gens un peu partout en Afrique de façon générale et particulièrement en Guinée. Donc, on n’a pas les mêmes comportements. C’est pour cela que si l’opportunité se présente, j’appelle les présidents des districts parce que ce sont mes relais, avec les services de sécurité, pour venir un peu parler sur la sécurité de mes populations. Dans les différents districts, il y a l’affluence des populations, il n’y a pas mal d’endroits qui sont ciblés dans ses différents districts où des Gens ont ouvert des maquis pour faire leur business. Il y en a qui vendent de la drogue, de l’alcool. Parmi les mesures qu’on va prendre, on va envisager dans les 48H, la fermeture totale de tous ces lieux ; ensuite, on va procéder à l’identification. Une fois cela fait et qu’il y a des problèmes, on sait à qui s’adresser maintenant. Mais avec l’anarchie, on sera obligé de fermer. Les jeunes sont en train d’être tués…. Une fois, deux fois, trois fois, c’est trop ça. On va passer par tous les moyens pour mettre main sur ces bandits. On a dit aux jeunes qu’une fois que vous achetez des motos, il y a des motos taxis non immatriculées… Tu peux payer une moto à 10 millions mais enlever 500 000 GNF pour l’immatriculation, tu ne peux pas le faire ? C’est un refus, ensuite tu enlèves les rétroviseurs, le colis qui est derrière toi, tu ne sais pas ce qu’il est en train de faire. Ils profitent sur des occasions, Ils ont pris d’autres jusqu’à Boffa, déplacement, ils sont capables de dire je veux aller voir mon terrain. Les complices se trouvent parmi les taximotards, quand vous êtes en train de chercher, il y a des informations qui viennent pour dire, on a appris ils sont par-là. Cependant, ça se trouve qu’ils ont communiqué avec les assaillants. J’appelle la population à être vigilante et à communiquer », a conseillé monsieur Bangoura.

De Kolaboui (Boké), Ismaël DIALLO, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : 624693333

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