Procès du 28 septembre : l’avocat du Colonel Cherif Diaby remet en cause la version du témoin Mohamed Chérif Barry

Mohamed Chérif Barry, témoin

Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. L’audience de ce mercredi, 14 février 2024, a connu la déposition de Mohamed Chérif Barry, dont le fils a été tué au le jour de la manifestation des forces vives. A la barre, il dit avoir vu le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, accusé dans cette affaire, ministre de la Santé au moment des faits, à l’hôpital Donka où de nombreuses victimes ont été évacuées. Des propos balayés d’un revers de main par maître Bomby Mara, avocat de l’ancien ministre de la santé du régime du CNDD, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters. 

Dans son témoignage, Mohamed Chérif Barry dit que lorsque son fils a été tué à Bambéto, avec l’aide de la Croix rouge, le corps a été déposé à la morgue de l’hôpital Donka. Là, il dit avoir vu le ministre de la Santé de l’époque, le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby entre 16 h et 17. Il affirme que le ministre était présent pendant que des militaires chargeaient les corps dans des camions militaires. Il dit également avoir vu plusieurs corps superposés. Il soutient également avoir vu plus de 34 corps à Donka, contrairement à la version du Colonel Diaby.

L’avocat du Colonel Abdoulaye Chérif Diaby, Me Bomby Mara, dément les propos du témoin qui dit avoir vu son client à Donka, pendant que des militaires ramassaient des corps.

Bomby Mara, avocat du Colonel Abdoulaye Chérif Diaby

« Ce que je relève comme erreur, comme anomalie, c’est le fait que l’heure à laquelle ce Monsieur était à Donka, et dit avoir vu mon client dans l’enceinte de Donka, c’était aux environs de 16h 30 -17h. Il se trouve que le passage du commissaire Valentin Haba, qui a déposé ici, a précisé que le même jour, entre 16h et 17h, il était au camp Samory. C’est en ce moment qu’il a appelé le ministre de la Sécurité le Général Toto. Celui-ci a appelé le ministre de la santé. Ce dernier est venu voir les corps dans les deux camions qui ont été autorisés à les déposer à Ignace Deen, devant Pr Hassane Bah. Comment une personne être au même moment au camp Samory, à la même heure, être également à Donka ? Ça, c’est une contre-vérité.

Deuxièmement, depuis le début de cette audience, le 28 septembre 2021, jusqu’à cette date, aucune des parties n’a déclaré à cette barre avoir vu le Colonel Diaby dans l’enceinte de Donka en train d’observer l’embarquement des corps des camions. Dans les différents rapports d’enquête, nationale et internationale, rien n’a été mentionné à travers les enquêteurs comme quoi le Colonel Abdoulaye Chérif Diaby était présent à Donka, en train d’observer l’embarquement des corps entre 16h et 17h…

Le jour du 28 septembre 2009, quand monsieur Chérif Barry est venu déposer le corps de son fils, paix à son âme, il n’était pas dans ses facultés mentales requises. Lorsque vous vous substituez à sa place, le jour-j, vous perdez complètement le contrôle. Je lui ai posé la question entre vous et le Colonel Diaby, il existait quelle distance au point de ne pas pouvoir l’identifier sur son habillement ? Comment vous ne pouvez pas identifier quelqu’un qui est à 5m de vous point de vu vestimentaire ? Ce n’est pas la nuit, ni le crépuscule, c’est en plein jour… Mon client n’était pas à Donka quand ils embarquaient les corps. Il est venu vers 13h-14h en présence de la directrice de Donka, Fatou Sikhé… »

L’audience a été renvoyée au 19 février 2024. Les témoins de la défense vont commencer leurs dépositions ce jour-là.

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 669 681 561

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