2 morts lors de la 1ère journée de grève générale à Conakry : Diabaty Doré déplore la culture des forces de l’ordre de « tuer à chaque manifestation »

Diabaty Doré, président du parti RPR

Le mouvement syndical guinéen a entamé hier, lundi 26 février 2024, une grève générale et illimitée sur toute l’étendue du territoire national. Il réclame entre autres la baisse des prix des denrées de premières nécessités et la libération immédiate et sans condition du journaliste et secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, Sékou Jamal Pendessa. Ce dernier est en prison depuis le 19 janvier dernier pour avoir lancé un appel à manifester contre la restriction d’accès à internet et le musellement de la presse. Le mouvement syndical fait de sa libération un « préalable » à toute négociation avec les autorités de la transition pour une sortie de crise. Malheureusement, la première journée de ce débrayage a été émaillée de violences à Conakry. Ces violences ont conduit à la mort de deux adolescents à Hamdallaye et à Sonfonia (dans la commune de Ratoma), tous tués par balle.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mardi, Diabaty Doré, le président du Rassemblement Pour la République (RPR), a déploré ces cas de morts qui viennent allonger le tableau sombre des personnes tués dans les manifestations en Guinée. Il a aussi accusé les forces de l’ordre d’avoir entretenu « une culture de tuer à chaque manifestation » dans le pays.

« Je voudrais présenter toutes mes condoléances aux familles éplorées, que l’âme de nos compatriotes reposent en paix. Vous vous souviendrez que le CNRD a dit que plus jamais le sang ne va couler. Ils se sont même déplacés pour aller prier sur les tombes de nos compatriotes au cimetière de Bambéto. Mais fort malheureusement, avec le temps, on a vraiment constaté que c’était le contraire. Hier (lundi), la grève a été un succès surtout par rapport à l’engagement des citoyens, des travailleurs. On sait aujourd’hui comment les Guinéens vivent, mais ils ont respecté à la lettre les consignes données par les syndicats. Ceci dit, je crois que le gouvernement doit avoir une oreille attentive pour écouter les uns et les autres, appliquer les revendications des syndicalistes. Parce que cette crise n’est pas bonne pour la population, mais économiquement aussi l’Etat perd. Si vous faites les statistiques par rapport à la seule journée d’hier, la Guinée a perdu combien de milliards ? Parce que la ville de Conakry par exemple a été complètement paralysée. Pour ne pas que ça continue, je crois qu’il (l’Etat) doit tendre la main aux syndicalistes pour qu’ils se retrouvent autour de la table afin de trouver la solution pour nous sortir de cette crise. Sinon, c’est le pays qui perd… Vous savez, c’est souvent sciemment fait de tuer les gens pour ensuite dire que ce sont les manifestants qui s’entre-tuent. Comment tu peux prétendre donner la prospérité à tes compatriotes et leur ôter la vie en même temps ? Il faut que nos gendarmes et policiers soient professionnels et républicains, ils doivent laisser les Guinéens manifester pour réclamer leur droit. Cette grève des syndicats a toute sa raison d’être : la vie est chère, il n’y a pas de courant, il n’y a pas d’eau, pas d’internet, les médias sont brouillés. Mais, je comprends que c’est devenu une culture pour nos forces de défense et de sécurité de tuer à chaque fois qu’il y a de manifestation. Il faut qu’on arrête cela. Quand le sang coule trop dans un pays, ce n’est pas bon, c’est une malédiction », a indiqué Diabaty Doré.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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