Conakry : Amadou Damaro Camara explique l’origine de ses biens devant la CRIEF

Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale

Poursuivi entre-autres pour enrichissement illicite, Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale sous le régime Alpha Condé, a longuement expliqué l’origine de sa fortune. C’était ce lundi, 04 mars 2024, devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). De sa première maison achetée en 1976 alors qu’il était étudiant en Roumanie à la création d’une institution bancaire, en passant par son emploi à la Banque centrale, Damaro a suffisamment raconté son parcours, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Amadou Damaro Camara, l’ancien président de l’Assemblée nationale, comparaît devant la CRIEF avec Michel Kamano, Zenab Camara et de l’homme d’affaires chinois Jin Sun Cheng, connu sous le nom de Kim. Ils sont poursuivis pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption tant dans le secteur public que privé, prise illégale d’intérêts et complicité, portant sur une somme de 15 milliards de francs.

A la barre ce lundi, l’ancien président du parlement de la 9ème législature est revenu sur son parcours professionnel. « J’ai été directeur de la dette publique à la banque centrale. Depuis 1985, j’ai quitté la fonction publique ; et en 1996, j’ai immigré aux États-Unis jusqu’en 2009. Je n’ai jamais géré des fonds publics ni des régies financières. J’ai été au bureau d’études de la Banque Centrale. J’ai été directeur adjoint de la dette publique. Puis, directeur la dette publique. J’ai été en attente pendant deux ans au Ministère des Finances quand les services de la Banque Centrale ont été transférés au Ministère des Finances. En ce moment, le ministre Édouard Benjamin a fait appel à mes services. Je suis venu pendant deux ans, j’ai écrit et j’ai réécrit les structures. Pour d’autres raisons aussi, je n’ai pas été nommé. Je me suis associé, j’ai vendu une propriété familiale, je suis allé aux États-Unis, j’ai cherché des partenaires, je me suis lancé dans un projet de fondation d’une banque qui allait être la 4ème banque privée de Guinée, qui s’appelle First Américain Bank. J’ai eu l’agrément, on a eu le bâtiment, l’actuel succursale de la Banque centrale. C’est moi qui l’ai mise dans cet état. Après, j’ai pris l’hôtel Kaloum avec l’état dans lequel il a été cassé », a entamé Damaro.

Par ailleurs, le prévenu a expliqué l’origine de ses ressources, notamment dans le domaine de l’industrie automobile aux USA. « En 1985, j’ai été arrêté dans l’affaire Diarra Traoré (les 4 et 5 milliards GNF). J’ai passé 3 ans et 4 mois en prison. Quand j’ai été libéré, entre 1988 et 1989, le ministre Édouard Benjamin a demandé mes services, je suis allé. Jusqu’en 1991, j’étais là-bas. Après, on m’a fait savoir que je peux bénéficier du décret. C’est en ce moment que j’ai commencé à faire d’abord la banque. Après l’échec de ce projet, ayant perdu plus de 400 000 dollars à ce moment, j’ai repris l’hôtel Kaloum et à chaque fois qu’il y a un nouveau ministre de l’urbanisme, on se rendait que ma convention manquait de virgule ou de point-virgule. A mon corps défendant, j’ai immigré aux États-Unis. D’abord, avec les enfants en 1996. J’ai commencé à travailler jusqu’en mars 2010. Je suis venu comme membre du Conseil national de la transition (CNT) au compte des guinéens de l’extérieur. Et au CNT, j’étais candidat aux législatives. Je suis devenu par la suite député, président du groupement parlementaire de la 8ème législature puis, à la 9ème législature, président de l’Assemblée nationale. Aux États-Unis, j’ai vendu de l’essence à la station. J’ai été en activité dans l’industrie automobile. Là, j’ai gravi tous les échelons. J’ai créé une société de transports avec un ami ivoirien. Cette société s’appelle Damaro Trucking, qui a fonctionné jusqu’en 2010. Généralement, dans les industries automobiles, on peut avoir des commissions dans l’ordre de 60 000 à 200 000 dollars. Les commissions dépendent des réseaux que tu as. Moi, j’ai au niveau des districts, puis au niveau de l’Etat et enfin au niveau de la région et j’ai fait 11 ans dans ça », a déclaré Amadou Damaro Camara.

C’est dans cette dynamique qu’il a précisé que les biens qu’il a acquis sont antérieurs à son accession à la tête de l’assemblée nationale au compte de la neuvième législature. « Avant que je ne déménage, j’étais le troisième actionnaire d’une banque qu’on appelle First Américain Bank Of Guinea et on ne fait pas ça avec les beaux yeux, c’est avec de l’argent, et j’ai mis 396 millions de francs de contribution, en espèces, quand le dollar était à 750 000 francs guinéens, soit plus de 400 000 dollars. J’ai mis à peu près 500 000 dollars. Nous étions Elhadj Abdourahmane Chérif, Moriba Keita et moi, les trois principaux actionnaires de cette banque. Et toute la rénovation de l’actuelle succursale de la BCRG, c’est moi qui l’ai faite. Quand on a perdu l’agrément, on n’a pas été remboursé. Ça, depuis les années 1990. Ensuite, j’ai acheté ma première maison ici, en 1976, quand j’étais encore étudiant en Roumanie. Je l’ai fait louer et elle me faisait 8 000 dollars par an à la Minière. J’ai une maison à Matoto que j’ai achetée en 1993. J’ai une maison à Kankan, j’ai acquis le terrain je crois entre 2015 et 2016, et la maison familiale à N’Zérékoré. J’ai participé comme les autres de la famille à sa constitution », a indiqué l’ex-président de l’Assemblée nationale.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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