Guinée : COJEDEV-GUINÉE et l’AVCB présentent un magazine vidéo sur les violences d’État 

Le Consortium des Associations des Jeunes pour la Défense des Victimes en Guinée (COJEDEV-Guinée) et l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) ont présenté ce mardi, 13 mars 2024, un magazine vidéo qui a pour thème « partager les récits du passé pour préserver la mémoire ». Une initiative financée par la Coalition internationale des sites de conscience (CISC) qui a donné la parole à des victimes des régimes passés en Guinée pour exprimer leur ressenti. La présentation dudit magazine a eu lieu à la maison de la presse de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le magazine vidéo en question fait intervenir 15 victimes à qui 4 questions ont été posées. Les victimes sont de tous les régimes, excepté celles du CNRD qui dirige la Guinée actuellement. Ci-dessous, les 4 questions posées aux victimes :

  1. De quoi avez-vous été victime dans notre pays pendant les 65 ans d’indépendance ?
  2. Quels sont vos souvenirs ou mémoires que vous gardez à cet effet ?
  3. À qui amputez-vous les faits dont vous avez été victime ?
  4. Qu’attendez-vous pour la reconnaissance de votre statut de victime dans notre pays ?

Dans sa prise de parole, le président du COJEDEV-Guinée, Boussiriou Diallo, a expliqué les motifs de la réalisation de ce magazine. « L’objectif était de permettre à 15 victimes, depuis l’indépendance, à répondre à des questions pour leur permettre de vider leurs cœurs, de narrer leurs récits, d’exprimer leur vécu, sans haine et sans rancœur, pour que l’opinion nationale et internationale sache que dans notre pays, qu’il y a eu des faits qui se sont produits et sur lesquels on ne peut pas passer, si on veut être vraiment une nation », a laissé entendre monsieur Diallo.

Pour sa part, Abdoulaye Conté, au nom de l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB), a apporté des détails précis sur les violences d’État commis en Guinée.

Abdoulaye, Conté AVCB

« C’est important de savoir que les violences d’État en République de Guinée ne commencent pas après l’indépendance. L’année la plus sombre en Guinée, c’est l’année 1954. C’est en 1954 que les violences d’État ont débuté en Guinée lorsqu’il y avait la lutte entre les différents partis politiques. Elle a été violente….Le vrai combat de l’AVCB, qui a commencé depuis 1985, c’est de dire : faites attention, si nous ne prenons garde, nous allons perpétuer ces violences-là. On ne nous a pas écouté et jusqu’à aujourd’hui le « PLUS JAMAIS ÇA » que nous avons dénoncé n’est pas suivi d’effets et donc, la violence d’État se perpétue et continue », regrette monsieur Conté.

Après la projection du magazine, Dr Ramata Sira Diallo, victime du Camp Boiro, a pris la parole pour faire un témoignage.

Dr Ramata Sira Diallo, AVCB

« On ne peut pas bâtir une nation sur du mensonge. Depuis 1958, moi, j’estime que la Guinée a été bâtie sur du mensonge. Des faux complots ont été organisés par M. Sekou Touré. Nous considérons que nos parents étaient innocents dans la mesure où il n’y a pas eu de procès équitable. Ils n’ont pas eu droit à une défense. Nous recommandons, nous exigeons qu’ils soient réhabilités juridiquement. Il faut qu’on nous donne un papier juridique disant que c’était faux et qu’ils étaient innocents. Ensuite, on parlera de reconstruction nationale, de dédommagement. Mais, il y a un préalable, il faut que les dirigeants actuels, quel que soit l’amour qu’ils ont pour monsieur Sékou Touré, qu’ils acceptent d’ouvrir le dossier Camp Boiro et qu’ils réhabilitent nos parents…» conseille-t-elle.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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