Les réactions d’incompréhension, parfois d’étonnement se multiplient au lendemain de la publication des membres du nouveau gouvernement dirigé par Bah Oury. Dans la commune urbaine de Guéckédou, des acteurs de la société civile, interrogés par le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture, ne sont pas convaincus de la volonté de la junte qui dirige le pays à travailler pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Dans la soirée du mercredi 13 mars 2024, le président de la transition guinéenne, « sur proposition du Premier ministre Bah Oury », a nommé les 29 membres du gouvernement, dont six femmes. La composition du gouvernement est diversement appréciée par l’opinion même si de nombreux acteurs sont sceptiques quant à l’honnêteté du CNRD dans des œuvres.
C’est le cas de Georges Saa Bakary Kantabadouno, activiste des droits de l’homme basé à Guéckédou, qui ne cache pas son étonnement. « Pour le moment, avec le CNRD, nous sommes tous étonnés ou un peu perplexes quant à la manière dont les choses évoluent. Au début, la dissolution du gouvernement nous a fait penser qu’il s’agissait d’une rupture totale avec la première phase ou le premier épisode du CNRD, c’est-à-dire que ce premier gouvernement n’a pas réussi à obtenir les résultats dont nous avions besoin. Il ressort donc de l’opinion majoritaire que nous avons enregistrée, que le nouveau gouvernement qui devait être formé serait constitué à 100 % de nouveaux visages et que le nombre de ministres ne serait pas réduit. Toutefois, à notre grand étonnement, nous avons constaté que plus de 50 % des ministres du précédent gouvernement ont été reconduits, ce qui nous laisse quelque peu perplexes. Quant aux résultats escomptés, une autre préoccupation est quelque peu liée à la récente sortie du Premier ministre Bah Oury, qui a évoqué la fin de la transition en 2025. Cela signifie que, jusqu’à présent, le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée ne peut être une réalité, mais reste un rêve. Car les choses n’évoluent pas comme il le faudrait pour que le retour soit imminent. Selon moi, ce n’est pas ce changement de gouvernement qui m’inquiète, mais plutôt la volonté politique du CNRD de ramener la Guinée à un ordre constitutionnel normal. Cela permettrait aux partenaires techniques et financiers, à la jeunesse, aux femmes et à l’ensemble de la population guinéenne de vivre dans la paix et la prospérité, pour le bien de tous », a expliqué l’activiste Georges Saa Bakary Kantabadouno.
Malgré tout, Monsieur Kantabadouno nourrit de l’espoir et reste optimiste pour ce nouveau gouvernement. Il émet une note de satisfaction partielle dans la mesure où, pour lui, il y a 50 % d’anciens et 50 % de nouveaux. Il estime que si les enseignements du passé sont tirés et conjugués de manière appropriée avec les nouveaux membres sur une base solide, tout ira bien. Il n’y a pas de Guinéen mauvais ou bon, « le seul Guinéen qui vaille est celui qui s’engage pour placer ce pays au-dessus de tout. La Guinée connaît une succession de crises, comme si elle venait d’accéder à l’indépendance il y a moins de cinq ans. De nombreux problèmes urgents doivent être résolus en Guinée », enchaîne notre interlocuteur.
De son côté, Nestor Ouendéno, activiste, félicite tous ceux qui ont eu la confiance du président. « Les ministres qui arrivent n’ont pas une baguette magique pour changer automatiquement le train de vie des Guinéens. Mais, espérons que nous devrons d’abord nous armer de patience car, si l’on regarde dans le gouvernement, il y a 14 anciens ministres qui ont été reconduits, ce qui constitue un bon mélange. J’apprécie, même si je reste sceptique. Mais je garde un minimum d’espoir pour que cette équipe puisse nous conduire à l’organisation des élections présidentielles, car c’est ce qui mettra fin à la phase transitoire », souligne Nestor Ouendéno, activiste.
Depuis Guéckédou, Jules KOMBADOUNO pour Guineematin.com
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