Manifestations contre le manque de courant à Conakry : un jeune « tué par balle » à Lambanyi

La desserte en courant électrique s’est fortement dégradée en Guinée depuis l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures du pays à Kaloum au mois de décembre dernier. Et cette situation est durement ressentie par les populations. Dans la capitale Conakry, le courant se fait de plus en plus rare dans les ménages. Le vieux ‘’tour tour’’ du temps de feu Général Lansana Conté a refait surface dans les quartiers. Et, le courant ne vient que la nuit (de 19 heures à 7 heures). Mais, les coupures de ces derniers jours ont eu le don de révolter les populations. Dans la nuit d’hier à aujourd’hui vendredi, 15 mars 2024, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la haute banlieue de la capitale. Ces manifestations ont été émaillées de heurts par endroits, un jeune a même été « tué par balle » à Lambanyi (une zone nouvellement érigée en commune). Et, ce sont les forces de l’ordre qui sont pointées du doigt sur ce cas de meurtre, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ces manifestations ont commencé aux environs de 21 heures et ont duré une bonne partie de la nuit. Des jeunes sont massivement sortis dans les quartiers comme Kipé, Kaporo, Nongo, Lambanyi, Sangoyah, Kissosso, Wanindara et Sonfonia pour ériger des barricades sur la chaussée et réclamer le retour du courant. Ces manifestations ont été particulièrement chaudes à Lambanyi.

Partout, les forces de l’ordre sont intervenues avec des tirs de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Mais, des tirs d’armes automatiques ont résonné par endroits dans les quartiers. A Lambanyi, un jeune a été « tué par balle » dans ces heurts. C’était aux environs de 23 heures, au carrefour ‘’KPC’’, non loin de la station TMI.

Toutes ces scènes de violences se sont déroulées dans le noir qui surplombait Conakry. Mais selon les témoignages, ce jeune a été abattu à Lambanyi par les forces de l’ordre qui sont intervenues sur les lieux.

Retour du courant après les manifestations

Quelques heures après les manifestations de la nuit, le courant est revenu dans les ménages. En tout cas, les ampoules scintillent dans les quartiers qui ont connu ces protestations de jeunes. C’est le cas à Kipé où les populations se délectent actuellement du retour du courant. Également à Lambanyi-Canadien (où la manifestation a été particulièrement chaude), le courant est revenu dans les ménages peu avant 8 heures. Ce qui sème assez de doutes sur la version officielle du gouvernement qui laisse croire que le manque de courant actuellement dans le pays est dû à la baisse du niveau d’eau dans les principaux barrages hydroélectriques de Souapiti et Kaléta. Cette version a été vendue à l’opinion publique par le Premier ministre, Bah Oury. C’était le 13 mars dernier, à l’occasion d’une conférence de presse à Conakry.

« Les barrages n’ont plus suffisamment d’eau… Le niveau d’eau a atteint une côte d’alerte qui oblige à agir avec parcimonie jusqu’à ce que la situation puisse s’améliorer », a révélé Bah Oury.

D’où vient le courant qui est aujourd’hui dans les ménages ?

Il est difficile de répondre à cette question pour l’instant, d’autant plus qu’on ignore encore si le « bateau thermique » annoncé par le Premier ministre est arrivé au port de Conakry. Le chef du gouvernement guinéen a présenté ce bateau, en début de cette semaine, comme une des solutions aux délestages actuels d’électricité. Mais, cette solution devrait engloutir des montants faramineux dans un contexte où les caisses de l’Etat sont déjà en souffrance.

Cependant, l’utilisation des barrages hydroélectriques de Souapiti et Kaléta dans les conditions actuelles pourrait être préjudiciable pour la Guinée. Selon le Premier ministre, Bah Oury, « continuer à utiliser cette eau [en baisse], c’est de prendre le risque de rendre les barrages inutilisables ».

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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