Sénégal : les opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye libérés

Des partisans du chef de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko et du candidat à la présidence Bassirou Diomaye Faye fêtent la libération des deux hommes, à Dakar, le 14 mars 2024/Image de JOHN WESSELS / AFP

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye recouvrent leur liberté à quelques jours de l’élection présidentielle du 24 mars prochain. Les deux opposants sénégalais sont sortis de prison hier soir, jeudi 14 mars 2024, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

L’annonce de leur libération a provoqué des scènes de liesse et fait résonner le son des klaxons partout dans les rues de Dakar, la capitale sénégalaise. Ousmane Sonko, le principal opposant du pays, et Bassirou Diomaye Faye, son bras droit et candidat désigné pour le remplacer dans la course à la présidentielle prévue le 24 mars, ont quitté ensemble, jeudi 14 mars dans la soirée, la prison dakaroise du Cap Manuel. Les deux hommes étaient incarcérés pour plusieurs chefs d’inculpation, dont « appel à l’insurrection », respectivement depuis sept et onze mois.

Une foule dense s’est agglutinée devant les portes de la prison d’où est sorti dans la nuit un 4 × 4 noir tandis que des centaines de personnes se sont rassemblées devant le domicile d’Ousmane Sonko. « Sonko, tu nous as manqué », chantaient ses partisans réunis à la cité Keur Gorgui, beaucoup brandissant des portraits de leur idole.

Les deux hommes sont les principaux bénéficiaires de la loi d’amnistie sur les faits se rapportant aux manifestations politiques qui ont secoué le Sénégal entre 2021 et 2024, au cours desquelles une soixantaine de personnes ont été tuées, selon Amnesty International. Votée le 6 mars par l’Assemblée nationale, elle a été ratifiée jeudi par le chef de l’Etat, Macky Sall, qui l’avait farouchement défendue malgré la controverse qu’elle suscitait, au sein même de son camp.

Pour tenter d’apaiser la crise politique inédite ouverte par le report du scrutin présidentiel annoncé le 3 février par le chef de l’Etat, au moins 344 détenus, pour la plupart des sympathisants d’Ousmane Sonko arrêtés lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023, avaient été placés en liberté provisoire ces dernières semaines. Mais l’élargissement de cette mesure aux deux principaux leaders des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), restait en suspens. Leur sortie de prison est également le résultat de multiples médiations, dont celle de l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atepa. « Je suis ravi que le président ait tenu parole car leur libération était le but de ma médiation », a-t-il déclaré au Monde.

Après l’euphorie de leur sortie, les deux figures du Pastef vont devoir rapidement aller sur le terrain, alors que l’élection présidentielle est prévue dimanche 24 mars. Leur coalition, « Diomaye président », a lancé sa campagne électorale, dimanche, dans la banlieue de Dakar.

Condamné pour diffamation et corruption de la jeunesse, avant d’être emprisonné en juillet 2023 pour appel à l’insurrection, Ousmane Sonko a été exclu des listes électorales et déclaré inéligible. Il a désigné son dauphin, Bassirou Diomaye Faye, à sa place. L’inspecteur général des impôts ne sera pas seul sur le terrain : deux autres candidats sur les dix-neuf encore dans la course sont soutenus par le Pastef, une stratégie qui avait été montée pour parer à la mise à l’écart de leur leader.

Engagés dans une campagne électorale décidément peu ordinaire, les candidats Habib Sy et Cheikh Tidiane Dièye ont donc pour mission d’utiliser leur exposition médiatique au profit de la coalition « Diomaye président », dont le slogan, « Diomaye mooy Sonko » (« Diomaye, c’est Sonko ») est sans équivoque. « Après ces libérations, nous espérons une victoire dès le premier tour », s’enthousiasme Ababacar Sadikh Top, un des porte-parole du Pastef, chez nos confrères du journal le Monde.

Guineematin.com avec Le Monde

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