Manifs anti-délestages à Conakry : la gendarmerie accusée d’avoir emporté le corps de Cé Sonomy

Cé Sonomou, victime

Comme annoncé précédemment, des manifestations contre le manque d’électricité ont secoué plusieurs quartiers de Conakry dans la nuit d’hier, jeudi 14 mars. Un cas de mort par balle a été enregistré au quartier Lambanyi, dans la commune de Ratoma. Le jeune Cé Sonomy a été tué alors qu’il partait pour chercher à manger. Son corps, emporté par les gendarmes, est introuvable par ses proches. Interrogés ce vendredi 15 mars 2024, par un reporter de Guineematin.com, ils ont exprimé leur émotion et demandé qu’on leur rende le corps de leur fils.

Pierre Mamy

Pierre Mamy, un ami de Cé Sonomy, a expliqué ce qui s’est passé. « Hier jeudi, je quittais la ville où j’avais fait une livraison. A mon retour, j’ai vu que les routes sont barrées. Au niveau de Kipé, j’ai appelé mon ami Cé Sonomy pour lui demander ce qui n’allait pas. Il m’a répondu qu’il n’y avait rien de son côté à Lambanyi. Quand je lui ai dit que la route est barrée à Kipé, il m’a dit de me dépêcher pour rentrer. Quand je suis arrivé à Nongo, il m’a rappelé pour me dire qu’à Lambanyi aussi les mouvements de colère ont commencé. Je lui ai dit de m’attendre là-bas, je vais aller garer ma moto dans la boutique jusqu’à ce que ça se calme avant de rentrer à la maison. Je suis venu le trouver à Lambanyi, il était sur une chaise. On est resté là. La route était barrée et ce sont seulement les piétons qui passaient. Il m’a dit de profiter pour aller chercher quelque chose à manger. J’ai fait rentrer la moto dans sa boutique, on est parti. Quand on est arrivé un peu devant, on a vu des jeunes, regroupés, avec les cailloux. Il m’a proposé d’aller de l’autre côté de la route pour ne pas prendre un caillou. C’est ainsi qu’on a traversé. Mais quelques mètres après, j’ai entendu un coup de feu. Je me suis baissé. Le temps pour moi de soulever ma tête, je l’ai vu couché. J’ai pensé qu’il a piqué une crise… Après, je lui ai dit de se lever pour qu’on continue. Les gens voulaient le soulever. Je leur ai dit de le laisser, qu’il va se retrouver. C’est quand je me suis approché de lui, j’ai allumé la torche, que j’ai vu le sang couler. C’est ainsi que j’ai commencé à crier, à appeler à l’aide. Il a rendu l’âme sur place », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, notre interlocuteur a fait savoir que les gendarmes sont partis avec le cops, après avoir aspergé le quartier de gaz lacrymogène. « Je n’ai aucune idée de la destination de son corps. Quand l’acte s’est passé, nous sommes restés ici jusqu’à 3 heures du matin, et on a dit qu’il faut que le chef de quartier vienne. Donc, toute la jeunesse du quartier était là. Une première délégation est venue, une voiture VA accompagnée de quelques pickups. Mais, ils se sont retournés. On est resté là jusqu’à ce que la gendarmerie est venue. Il y avait plus de 15 pickups avec les sapeurs-pompiers. Ils ont demandé d’amener le corps. On a dit qu’on n’est pas d’accord, le corps ne bougera pas. Bien avant ça, la famille était venue ici pour envoyer le corps, la jeunesse n’a pas accepté. On a dit qu’il fallait que l’Etat voit ce qui se passe ici. C’est ainsi que la gendarmerie est venue avec une voiture des sapeurs-pompiers. Après quelques minutes, ils ont jeté du gaz lacrymogène, tout le monde s’est dispersé. Après, ils ont pris le corps pour l’amener avec eux. Je ne sais pas où il se trouve », a indiqué Pierre Mamy.

Antoine KOELAMY

Pour sa part, Antoine KOELAMY, le grand frère de la victime, demande à l’Etat de les aider à retrouver le corps de son jeune frère. « On a voulu récupérer le corps, les jeunes ont dit que sans la présence du chef de quartier, le corps ne bougerait pas. On a dit qu’il n’y avait pas de problème, mais de nous laisser prendre le corps puisque nous sommes ses parents. Ils n’ont pas accepté. Quelques minutes après, la gendarmerie est venue tirer. Ils ont jeté du gaz, tout le monde s’est dispersé. Là où je suis arrêté, je ne sais pas où se trouve le corps. On demande à l’Etat de nous aider à retrouver le corps de mon frère. Tout ce qu’on veut pour le moment, c’est de retrouver le corps », a-t-il laissé entendre.

Cé Rémy QUILEBA

De son côté, Cé Rémy QUILEBA, ami du défunt, parle de Cé Sonomy comme d’un jeune sérieux. « C’est un ami intime à moi, depuis l’enfance. Mais, je ne l’ai jamais vu dans une manifestation, il ne sort jamais pour des trucs pareils. Nous, notre objectif, c’est la réussite. Et depuis à N’Zérékoré, il n’avait pas de problème. Sa mort m’a vraiment touché… ».

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tél. : 621 937 298

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