Déclin du ballet en Guinée : Mohamed Kouyaté, danseur-chorégraphe, en donne les raisons et préconise des solutions

Durant de nombreuses années, les Ballets africains de Fodéba Keïta ont fait la gloire de la Guinée à l’étranger. Entre tournées internationales, spectacles et événements, ce groupe mythique a hissé les couleurs nationales dans les plus grands rendez-vous internationaux. Après avoir vécu des périodes de gloire, le ballet a sombré. Le déclin du groupe mythique de Fodéba Keïta, le manque de salles de répétition appropriée, le manque d’instruments répondant aux normes de l’art et le désintérêt que l’État y sont pour quelque chose. Pour évoquer cette situation, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Mohamed Kouyaté, danseur-chorégraphe, qui tente tant bien que mal de redonner un nouveau souffle au ballet.

Le ballet est un genre dramatique connu partout dans le monde pour les créations artistiques de ses pratiquants, portant sur des thèmes aussi divers que relatifs aux traditions ancestrales, à la mondialisation et à la préservation des valeurs de l’éducation traditionnelle. Les Ballets africains de Guinée de Kéita Fodéba sont aujourd’hui relégués au second plan pour plusieurs facteurs.

Pourtant, cet art a connu de beaux jours. Des moments sur lesquels est revenu Mohamed Kouyaté, danseur-chorégraphe et professeur de danse africaine. « Avant, le ballet, c’est lui qui payait les fonctions. C’est les artistes danseurs du ballet qui sortaient pour parcourir le monde et l’argent récolté payait les fonctionnaires. La télévision guinéenne, c’est le ballet Djoliba qui l’a fait. Tout ça, c’était bon. Le ballet était vraiment considéré et développé. Le ballet était pratiqué à l’école. Les chefs d’États et présidents étrangers, quand ceux-ci venaient avant, c’est le ballet qui les accueillait. Mais aujourd’hui, ça ne va plus. Les nouveaux chefs d’État n’ont pas privilégié cet art et voilà qu’aujourd’hui, l’un des arts guinéens les plus prolifiques d’avant est abandonné actuellement. Il n’y a presque plus de maisons de jeunes. Pourtant, avant les jeunes venaient dans ces endroits pour faire des répétitions et aller briller à l’international », déclare Mohamed Kouyaté, directeur artistique du centre « Le griot du Mandingue ».

Par ailleurs, notre interlocuteur a énuméré les causes du déclin du ballet mythique guinéen. « Le manque de soutien de l’État, le manque de considération, la non vulgarisation du ballet parce que nous, avant, on voyait ça à la télé, et c’est ce qui nous a poussé à nous intéresser au domaine. Mais maintenant, personne ne s’y intéresse parce qu’on entend moins parler du ballet. Et ceux qui le pratiquent ne vivent pas du ballet, parce que le métier manque cruellement de soutien. Donc, c’est difficile que les jeunes trouvent de l’intérêt à un truc qui n’a pas de soutien… »

En outre, le directeur artistique du centre « Le griot du Mandingue » propose des pistes de solutions pour changer la donne, tout en faisant une plaidoirie. « Il faut aussi que ceux qui sont dans le domaine s’investissent sans cesse et continuent de pratiquer le métier, malgré le manque de soutien. Moi, c’est la raison pour laquelle j’ai fait ce centre. Je me suis proposé à des écoles aussi pour aller donner des cours de danse du ballet, comme je le fais à Paris et partout dans le monde. C’est dur certes, mais j’épouse ce combat. Si les autorités m’entendent, qu’elles comprennent que dans nos ministères, il n’y a pas les hommes de ballet, il faut remédier à cela. La culture concerne les hommes de ballet beaucoup. Alors, il faut qu’on se fasse représenter. Parce que quiconque parle de culture guinéenne, parle de ballet… »

Il faut rappeler que Mohamed Kouyaté enseigne la danse africaine dans plusieurs écoles en France et dans le monde. C’est aussi l’initiateur du festival international J’AIME MA CULTURE, qui réunit plusieurs danseurs professionnels du monde en Guinée pour découvrir la culture du pays.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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