Conflit domanial à la Belle vue (Conakry) : 2 veuves poursuivies en justice

Aïssatou Bella Bah, Salematou Bah et Mamadou Lamarana Bah, tous poursuivis pour des faits d’injures, d’escroquerie, de menaces et d’occupation illégale, ont comparu devant le tribunal correctionnel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). À la barre mardi dernier, 26 mars 2024, les trois prévenues ont donné leurs versions des faits, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est un conflit domanial est à la base de ce problème qui oppose les trois prévenues à Abdourahamane Diallo, la partie civile, dans ce dossier. Mme Aïssatou Bella Bah, domiciliée à la Belle Vue, a été la première à être appelée à la barre.

« Abdourahamane Diallo m’a dit que je l’ai insulté. Je ne l’ai pas insulté. Depuis 2005 jusqu’à aujourd’hui personne n’est venu me dire que là où j’étais n’était pas chez moi. C’est la propriété de la mère de mon mari. Au décès de mon mari, personne n’a parlé de partage. Tout ce que je sais, le nommé Mamadou, l’oncle de mes enfants, m’a dit que maintenant c’est lui le responsable de la famille… Depuis que je suis entrée là-bas, je n’ai pas vu de document. C’est quand ils ont voulu revendre le lieu, ils ont mis le nom du papa de mon mari sur les papiers… C’est ma coépouse et Mamadou qui ont revendu la maison, mais ils m’ont dit qu’ils n’ont pas touché ma part. Je n’ai insulté ni menacé quelqu’un. J’ai quitté chez mes parents par mariage. Boubacar m’a épousé et m’a amené dans cette concession. Ma belle-mère a revendu du riz pour acheter cette maison. Mamadou et ses frères devaient rester à Coyah et nous à la belle vue. Le foyer était partagé entre ma coépouse et moi. J’étais au chevet de mon mari à Coyah quand ils ont revendu la concession. Quand je suis revenue le mercredi, j’ai trouvé que ma maison était fermée… Ils sont venus me chercher à 5 heures. J’ai demandé s’ils pouvaient m’expulser de chez moi à 5 heures étant une veuve ? Abdourahamane a arraché ma porte devant les agents. C’est quand l’agent a commencé à me bousculer que j’ai résisté un peu. Mon fils était déjà dans leur pick-up. Ils ont dit à ma fille de monter aussi. Je me suis opposée et j’ai dit à ma fille de partir… Mon mari est décédé le 25 décembre, l’enterrement a eu lieu le 30 décembre et ils sont venus me chercher le 02 mars pour m’expulser. Je ne peux pas injurier quelqu’un qui est accompagné par deux pick-up de police. Depuis que je suis mariée, je suis là où mon mari m’a amené. Je n’ai rien escroqué à Abdourahamane, rien pris. Un jour, il est venu mesurer la concession, il a fait le tour de la maison, je lui ai dit que s’il veut mesurer qu’il fasse là où on lui a été vendu et non ma part. Il m’a dit : je ne vais pas te répondre parce que dans deux mois tu vas dégager d’ici », a-t-elle déclaré.

Mme Salematou Bah, coépouse de Mme Aïssatou Bella Bah, est la première femme. Elle jure que sa coépouse n’a pas insulté le plaignant.

« Concernant Belle vue, quand je me suis mariée, ma belle-mère m’a dit que c’est mon beau-père le propriétaire. Quand les deux sont décédés, ils se sont réunis à Coyah pour le partage. Ils ont dit que belle vue c’est pour mon mari. Mon mari avait une sœur, elle est décédée. Elle a un fils. Ce dernier a pris ces frères et sœurs et ils sont venus dire que comme leur mère est décédée, ils vont partager la concession de leur oncle. Il est allé se plaindre chez le chef de quartier. Depuis lors, il ne fait qu’envoyer des convocations… Je suis allée à Coyah pour me plaindre chez notre sœur aînée… un jour, j’ai dit à ma coépouse que là où nous sommes est petit, revendons ici pour aller acheter autre part. Elle m’a dit que comme c’est moi la première femme, d’aller faire ça pour nous. Je suis allée chez le chef de quartier pour la donation. Le chef de quartier a dit qu’il faut que ma coépouse soit d’accord. Je suis allée la chercher, quand elle est venue, elle a dit au chef de quartier qu’elle n’était pas d’accord. Elle a refusé de revendre. Le chef de quartier m’a demandé d’envoyer le plan de masse. On est allé à l’habitat… je n’ai pas revendu ma part. Un jour, Abdourahamane est venu avec un autre jeune, il a dit qu’il peut acheter la concession là. Mamadou Moussa, Gallé Et Mamadou Lamarana disaient que Abdourahamane veut acheter. Ils ont dit que je n’ai pas de mot à dire dedans. Ces trois-là ont revendu ma part. Deux chambres et un salon ont été revendus à Abdourahamane… Ils ont construit deux appartements pour moi, c’est ce qu’ils avaient dit. Sa part n’a pas été revendu. Même si ça a été fait, moi je ne sais pas. Les papiers que j’ai fournis, c’était uniquement ma part. Ces trois-là ont revendu la concession sans mon consentement. Je n’ai pas entendu que ma coépouse a insulté Abdourahamane. Ma part, je n’ai pas revendu personnellement. Je n’ai rien signé, je n’ai pas reçu de l’argent. Le jour où les gendres et Abdourahamane sont venus à la belle vue, ils ont commencé par me chercher à Coyah », a-t-elle raconté.

Le troisième prévenu dans cette affaire, Mamadou Lamarana Bah, en détention depuis le 05 mars 2024, s’est également expliqué.

« Abdourahamane Diallo et son ami Mohamed Camara sont partis chez madame Salematou pour discuter de la vente. Elle a vendu sa part, mais en première position, elle avait déjà revendu sa part à quelqu’un d’autre et avait même reçu 105 millions des mains de ce monsieur Dansoko. C’est lorsque cet argent est fini qu’elle est revenue. Belle vue appartient à mon père. C’est le nom de mon père qui figure sur tous les papiers. Ma sœur m’a délégué pour remplacer mon frère malade pour cette transaction avec Abdourahamane… Nous sommes allés chez le notaire. Ce dernier m’a dit que personne ne peut revendre cette concession à part les héritiers de mon père, c’est pourquoi je me suis engagé… C’est la deuxième fois que ma sœur a dit de dire à Abdourahamane de construire deux appartements pour les deux femmes. Dans cette vente, j’ai eu 1 200 000 francs guinéens. Aïssatou Bella a demandé 15 millions et on n’a pas pu les lui donner. C’est ma grande sœur qui a vendu. C’est elle qui était devant moi. Nous sommes les deux signataires et le fils de Salematou. Les enfants de Aïssatou Bella ne savaient pas signer et elle (Aïssatou Bella Bah) non plus n’a signé. Elle (Aïssatou Bella Bah) occupe légalement la concession… J’ai signé les conditions chez le notaire. On a remboursé avec Abdourahamane. Le prix de la vente, c’est notre grande sœur qui a fixé le prix de la vente. Salematou a dit à Abdourahamane : aidez-moi à rembourser Dansoko, je vous cède ma part », a-t-il fait savoir.

Appelé à la barre, Abdourahamane Diallo, partie civile dans cette affaire, n’a pas voulu se prononcer. Il a demandé au tribunal la constitution d’un avocat avant de donner ses explications. Et, c’est sur demande de la partie civile que le tribunal a renvoyé l’affaire au 9 avril pour la suite des débats.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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