Le calendrier des examens nationaux de l’année 2024 transgresse le décret présidentiel ainsi que les lois internationales

Dr Ibrahima Mansaré, porte parole de l'union des écoles arabes de Guinée, chroniqueur islamique

Cette infraction suscite des interrogations légitimes, dont les suivantes émergent :

Pourquoi l’organisation des épreuves du Baccalauréat et du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) débute-t-elle systématiquement le vendredi, jour sacré pour la prière musulmane, sans considération pour l’heure ?

Pour quelle raison la célébration de la fête de Tabaski ainsi que son lendemain, pourtant consacrés par des jours fériés officiels, ne reçoivent-ils pas l’attention requise ?

Pourquoi est-il permis de contrevenir au décret émis par le Président Général Mamadi DOUMBOUYA en date du 2 novembre 2022, prescrivant expressément que le jour de la fête de Tabaski, ainsi que son lendemain, soient reconnus comme jours fériés ? Cette transgression semble porter atteinte aux droits et libertés inscrits dans la Charte de la transition, spécifiquement dans son chapitre IV consacré aux libertés, devoirs, et droits fondamentaux, et rappelés dans l’article 23, qui garantit la liberté d’opinion, d’expression, de conscience, et de culte, soumises aux conditions établies par la loi.

Par ailleurs, le non-respect du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU, notamment en son article 18, est constaté :

1.  Chaque individu bénéficie du droit inhérent à la liberté de pensée, de conscience et de religion, incluant la liberté d’embrasser ou d’adopter une religion ou une croyance de son choix, et la liberté de manifester cette religion ou cette croyance, tant individuellement qu’en communauté, en public ou en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, pratiques et enseignements.

2.  Aucun individu ne saurait être soumis à une contrainte portant atteinte à sa liberté de choisir ou d’adopter une religion ou une conviction.

De même, la non-conformité à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples est manifeste, laquelle assure la liberté de conscience, la pratique et la profession libre de la religion, sous réserve du maintien de l’ordre public, excluant toute mesure coercitive visant à limiter la manifestation de ces libertés. Outre cela, le dispositif de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination et de stigmatisation est également enfreint.

En clair, il est impératif que le Ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A) se conforme aux prescriptions de la Charte de la Transition, du décret présidentiel, ainsi qu’aux textes de loi à l’échelle régionale et internationale. Le principe de la laïcité ne doit en aucune manière servir d’instrument discriminatoire ou favoriser un traitement inéquitable des pratiques religieuses.

 En un mot, dans un esprit de bonne volonté et de patriotisme, nécessaire à l’édification d’un État de droit au service de l’humanisme, le respect de nos législations doit constituer la boussole guidant les gouvernants dans la promotion du droit et de la cohabitation harmonieuse, empreinte de tolérance religieuse, entre tous les citoyens, quelle que soit leur obédience confessionnelle.

Ibrahim MANSARE, PhD

Consultant en Finance Participative et Porte-parole de l’Union des Ecoles Franco-Arabes de Guinée

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