Alpha Abdoulaye Diallo s’adresse aux prédateurs de la presse : « Il faut mettre fin à cette folie liberticide…»

Alpha Abdoulaye Diallo, journaliste éditeur de presse à Conakry

A l’instar de nombreux pays du monde,  la Guinée célèbre demain vendredi, 03 mai 2024, la 31ème journée mondiale de la liberté de la presse. Une célébration qui intervient dans un contexte difficile marqué une menace existentielle sur les médias. Pour parler de cette actualité, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Alpha Abdoulaye Diallo, patron de l’hebdomadaire Le Populaire. Cet éditorialiste n’a pas manqué d’exprimer son amertume face à la situation que traversent les médias dans notre pays.

Alpha Abdoulaye Diallo, ancien président de l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI), est revenu sur le brouillage de certains médias et le retrait du bouquet Canal + de certaines télévisions locales. « Cette fête va être célébrée dans un contexte très préoccupant, par le faite que nous vivons plusieurs mois avec des radios et des télévisions inaccessibles sur les bouquets Canal+ et Star Times.  Nous vivons aussi cet événement avec des sites. Des sites internet, dont Guineematin.com, Inquisiteur, mosaïque qui ont connu des restrictions injustifiées et inexpliquées jusque-là là. Nous vivons cette journée avec une situation également marquée par le modèle économique des médias guinéens qui laisse effectivement à désirer. Nous vivons cette journée avec au moins 500 emplois suspendus ou supprimés dans la presse. Nous vivons cette situation avec une série de sanctions, une série de suspensions de journalistes et de médias dans l’espace guinéen. Ce qui voudrait dire que, sur le plan international,  le classement de la Guinée va connaître une régression cette année. Nous vivons cette journée avec à cœur le combat que mènent à la fois les journalistes, mais aussi certains responsables des médias pour que vive la presse, pour que la presse soit toujours debout et pour que la presse soit toujours le principal gardien de la démocratie », a-t-il expliqué.

Visiblement préoccupé par la précarité que connaissent les organisations de presse, Alpha Abdoulaye Diallo dira que l’espoir suscité par la venue du CNRD au pouvoir s’est estompé.

« Nous vivons cette journée sous une transition qui, au début nous a donné beaucoup d’espoir,  qui au début était l’allié des droits humains,  qui au début a offert à la presse sa première maison, c’était historique. Mais nous vivons cette journée avec un pincement au cœur de voir tout cela piétiné, et partir comme une traînée de fumée par le fait de quelques individus et quelques responsables qui,  pour protéger leur pouvoir et leurs responsabilités, pensent que c’est en brouillant la presse, que c’est en brouillant les ondes,  que c’est en restreignant la capacité de diffusion et le champ d’action de nos médias, qu’ils pourraient avoir leur part dans cette transition.  Personnellement, je leur dis, et je dis à tout le monde, que tous ceux qui piétinent la presse, tous ceux qui créent des problèmes à la presse  sont décontenancés, ils ont perdu le nord. Ils ne savent pas qu’ils ne gagneront jamais la guerre contre la presse. Ils ne savent pas qu’ils le font contre la démocratie. Ils le font contre le pays, ils le font contre leur propre régime. Le régime dans lequel ils vivent comme tous les autres citoyens » a-t-il martelé.

En outre, notre confrère invite les uns et les autres à mettre fin à cette « folie liberticide » engagée contre la presse et qui n’arrange personne. « Comme il se doit, en ce moment difficile, mon appel est celui de la responsabilité et celui de la fin de toute cette folie. Cette folie liberticide qui n’arrange ni le régime de la transition,  ni les acteurs qui se mettent à brûler les acquis de la presse,  encore moins les observateurs de la Guinée…

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com Tel : 620 589 527/664 413 227

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