En conférence de presse hier à Conakry, le Premier ministre, Bah Oury, a laissé entrevoir une possible prolongation de la transition en Guinée. Le chef du gouvernement estime que « le processus du dialogue politique n’a pas été facile et il a impacté négativement la dynamique pour un retour à l’ordre constitutionnel dans les délais qui étaient indiqués à travers l’accord dynamique entre la CEDEAO et la Guinée ». Le locataire du palais de la colombe s’est aussi employé à faire porter une part de responsabilité aux partis politiques dans cette situation. Mais pour Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou cette attitude du Premier ministre est « une autre façon de prouver le désir ardent du CNRD de confisquer le pouvoir ». Au téléphone de Guineematin.com ce samedi, 11 mai 2024, ce leader politique membre de l’ANAD et président de l’UDRP (Union démocratique pour le renouveau et le progrès), a déclaré que Bah Oury est dans le rôle de porte-parole de la junte dirigée par le Général Mamadi Doumbouya. Une junte qui fait preuve d’un « manque de volonté politique » notoire pour l’organisation des élections dans le pays.
« Monsieur Bah Oury ne peut pas dire autre chose que ce que le CNRD voudrait entendre de lui. Il est plus dans le rôle de porte-parole que dans celui de Premier ministre. Sinon, il sait effectivement que si les politiques ne sont pas allés à leur dialogue, c’est parce qu’on a opté pour une sorte de ségrégation à outrance. On a choisi ceux qui devaient aller et on a laissé pour compte ceux qui ont dit qu’ils ne sont pas d’accord. Si monsieur Bah Oury dit aujourd’hui qu’une part de responsabilité incombe aux partis politiques, lui il fait bien part de ces partis politiques. Et s’il n’avait pas suivi aveuglement le CNRD, on se serait retrouvés quelque part pour débattre de la question dans tous ses aspects et venir à un consensus. C’est ce manque de consensus qui nous amène où nous sommes aujourd’hui… Monsieur Bah Oury est un membre civil du CNRD, parce qu’il fait exactement ce que le CNRD veut qu’il fasse. Sinon, s’il y a la volonté politique, en moins d’un an on peut faire une transition. Parce que dans un pays où il n’y a aucun risque de guerre ou de chao lié à l’insécurité, on ne comprend pas pourquoi en 40 mois on ne peut pas retourner à l’ordre constitutionnel. C’est un manque de volonté politique qui témoigne le fait que le CNRD lui-même n’a jamais été dans la logique de vouloir organiser quoique ce soit pour que le pays retourne à l’ordre constitutionnel. Vous pouvez le constater, parce qu’à date, tous les engagements pris par le CNRD, en ce qui concerne le fameux chronogramme de dix points, rien n’est en place. Mais nous nous disons que le 31 décembre 2024, c’est la date butoir. Le fait qu’il n’y ait pas de volonté pour organiser les élections afin que le pays retourne à l’ordre constitutionnel, c’est une autre façon de prouver le désir ardent du CNRD de confisquer le pouvoir. Et, c’est la raison pour laquelle le Premier ministre est en train de danser avec les mots et les concepts », a déclaré Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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