Me DS Bah accuse : « Le président Dadis est le planificateur des massacres du 28 septembre… il a commis des crimes contre l’humanité »

Devant le tribunal criminel de Dixinn où il a plaidé ce mardi, 14 mai 2024, dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, Me Amadou DS Bah a accablé le capitaine Moussa Dadis Camara. Cet avocat de la partie civile a insisté sur la “responsabilité indirecte ou par commandement” de l’ex chef de la junte militaire du CNDD dans la planification de cette barbarie au stade de Conakry. Il soutient que c’est le capitaine Dadis qui a ordonné le recrutement d’une “milice à Kaléa” et qu’il est le “planificateur” de cette répression qui a fait plus de 157 morts, des blessés, des disparus et plus d’une centaine de femmes violées.

« Le président Dadis est le planificateur des massacres du 28 septembre. Tous ces éléments démontrent qu’il a commis des crimes contre l’humanité par la responsabilité de la chaîne de commandement », a martelé Me DS Bah.

Décryptage ! 

« Le capitaine Moussa Dadis Camara, à l’époque président de la Transition, avait tous les leviers du pouvoir, contrairement à ce qu’il nous a dit ici. Sa volonté de conserver le pouvoir est l’élément déclencheur de cette contestation du peuple de Guinée. La réunion au camp, en prélude à la manifestation du 28 septembre, personne ne l’a admis ici, mais le crime n’est jamais parfait. C’est à travers un appel qu’on peut démontrer que cette réunion a eu lieu. C’est quand le président Dadis a appelé monsieur Sidya Touré. Leurs échanges n’ont pas été cordiaux. Il (le capitaine Dadis) a menacé : si vous sortez, vous verrez. Monsieur le président, quand un président de la république s’adresse à un homme politique de son rang pour le menacer, cela présage des lendemains sombres. Et c’est exactement ce qui s’est produit. Comment nous avons obtenu cette information, c’est quand le colonel Tiegboro a discuté avec Sidya, il a dit : qu’est-ce que le président vous a dit hier ? Il ne vous a pas appelé ? Sidya a répondu : oui, c’était à 1 heure. Il (Tiegboro) a rétorqué : non, ce n’était pas à 1 heure du matin, j’étais là. Donc, cette réunion a eu lieu… Le deuxième élément qui détermine la culpabilité du capitaine Dadis dans cette affaire, son implication directe dans cette affaire, c’est le recrutement et l’entretien des milices à Kaléa. Ce qui est étonnant, c’est que cette milice n’a été constituée que de ses proches. Je le regrette et c’est malheureux. 8 000 hommes ont été recrutés… Et c’est Gono Sangaré, l’intendant particulier du président Dadis, qui s’est chargé de l’entretien de cette milice. Aujourd’hui il est en cavale, pourquoi ? C’est parce qu’il sait que ces recrues avaient été mobilisés pour une cause très obscure et ils l’ont accompli, malheureusement. Ces recrues étaient supervisées par le colonel Blaise Goumou. Ces miliciens ont été envoyés au stade par Joseph Makambo pour infiltrer la foule au stade… Le troisième élément qui participe à la culpabilité du capitaine Dadis, c’est l’envoi des bérets rouges au stade pour réprimer la manifestation. C’était lui le chef, le commandant du régiment. Et il doit en assumer les conséquences… L’organisation de l’armée fait qu’il était impossible pour le capitaine Dadis de ne pas savoir que ces militaires bérets rouges étaient au stade. Le capitaine Dadis a donné des ordres explicites, il a dit : allez mater les manifestants au stade, car le pouvoir est à terre… Il était impossible que le président Dadis ne soit informé des tortures perpétrées dans les camps, il ne pouvait pas ignorer qu’il y avait des exactions sur l’axe (Hamdallaye-Kagbelen). Il a laissé faire (…), il a accordé des récompenses aux auteurs du massacre. D’abord, il ordonne le massacre, il est planifié, il ne prend aucune disposition pour protéger les civils et il récompense les auteurs du massacre. Il y a eu un décret de relèvement de grade pour tous les militaires. Qu’est-ce que cela renvoi, c’est des félicitations à ceux qui ont commis ces massacres, il était fier de ces hommes… Le président Dadis est le planificateur des massacres du 28 septembre. Tous ces éléments démontrent qu’il a commis des crimes contre l’humanité par la responsabilité de la chaîne de commandement », a martelé Me DS Bah.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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