Conakry : un polygame trimballe une de ses femmes en justice pour abus de confiance portant sur une voiture

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Dame Fatoumata Diallo, prévenue non détenue, a comparu devant le tribunal correctionnel de Dixinn ce mardi, 21 mai 2024. Elle est poursuivie pour abus de confiance par son mari, Mamadou Mouctar Diallo, un polygame qui fait la navette entre la Guinée et la Suisse. A la barre, la dame reconnaît avoir reçu une voiture des mains de son mari, mais comme cadeau de mariage. Dans le délibéré, rendu sur siège, le tribunal par la voix de Mory Bayo, a déclaré la prévenue non coupable, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À la barre, Fatoumata Diallo a reconnu s’être accaparée de la voiture que son mari lui a offerte comme cadeau de mariage. Elle a également expliqué les nombreuses difficultés rencontrées dans son foyer. « On était marié. Il vivait en Suisse. C’est un cousin à moi. Il est marié à deux femmes.  Il suivait ce que je faisais sur les sociaux. J’avais mon propre restaurant. C’est là qu’il m’a dit être intéressé par la restauration. C’est comme ça qu’il m’a convaincu. Je me suis dite que vivre avec quelqu’un qui a le même métier que moi est une bonne chose. Alors, il a dit qu’il va ouvrir un grand restaurant que je vais gérer. Mais, rien n’a été fait. Il m’a fait quitter mon appartement et fermé mon restaurant. Il m’a demandé de prendre pour lui, à crédit, des matériaux de construction et mettre en mon nom puisque c’est mon frère qui est le vendeur. C’était pour construire la maison de sa mère. C’est quand la maison est finie qu’il a commencé à me pourrir la vie… Je vivais avec sa deuxième femme à Bailobaya. Quand celle-là est à la maison, il ne monte jamais dans ma chambre. C’est lorsqu’elle sort qu’il court dans ma chambre, après, il redescend comme un voleur. Il m’a dit que cette dernière réclame ma voiture puisqu’elle n’en a pas. J’ai refusé. Quand il est rentré en suisse, il m’a bloqué pendant mois. Il m’a dit de fermer mon restaurant. Il ne m’amenait pas la dépense et met d’autres personnes à ma charge. Un jour, il m’a débloqué pour me dire de quitter la maison. J’ai dit que non … ses parents m’ont dit de ne pas quitter. Il a demandé à son petit frère de venir réclamer encore la voiture, soi-disant que sa deuxième femme la réclame. C’est dans le mariage qu’il m’a offert la voiture. Lors de ce mariage, Il a même refusé qu’on signe, en disant qu’il a déjà signé avec sa première femme et qu’il aura des problèmes, s’il le faisait… Il doit payer de l’argent à mon cousin. Il m’a menacé. Il m’a obligé de prendre des crédits avec les gens dans les boutiques… il me demandait de lui prêter de l’argent, qu’il n’a pas fait la monnaie et qu’il allait me rembourser. Cela a duré jusqu’à ce que je lui ai remis 17 millions 500 mille francs guinéens.  Alors, j’ai dit que désormais s’il ne signe pas, je ne donne plus rien. Il me dit qu’il ne veut plus de ce mariage que s’il meurt demain, je ne suis plus sa femme », a-t-elle expliqué, à chaudes larmes.

Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public, Biwon Millimouno, a énuméré plusieurs points de la  loi avant de faire ses réquisitions. « Sur la donation de la voiture, elle est irrévocable. Quand on donne quelque chose à quelqu’un, on ne reprend pas. Le monsieur ne pouvait pas reprendre la voiture. Le second point, c’est son statut d’épouse.  Elle est reprochée d’abus de confiance. Elle est mariée, mais elle n’a pas de statut d’épouse. Le mariage n’a pas été célébré devant un officier d’état civil.

Troisièmement, la constitution d’abus de confiance à son égard dans ce dossier monsieur Mouctar a remis la voiture à madame et elle a accepté. La donation ne fait pas partie de l’infraction. Est-ce qu’elle a dissipé la voiture ou l’a cachée ? Il n’y a pas eu de dissipation ou de détournement. L’article 544 dit que si le Tribunal estime que les faits ne sont pas établis, de renvoyer des fins de la poursuite pour délit non constitué. Cinquième point, elle a fait une dénonciation, elle ira au parquet pour des poursuites. Le Ministère public requiert qu’il vous plaise l’application de l’article 544 du code de procédure pénale », a-t-il requis.

La défense va également plaider la relaxe pure et simple de sa cliente. « On est en donation entre des époux. Aucun sort d’abus de confiance ne sera tenu contre madame. Il n’y a aucune infraction, il n’y a pas eu d’abus de confiance. C’est une victime qu’on a renvoyé par-devant votre tribunal. Cohabitation obligatoire avec des coépouses… On se moque de tout le monde. Devant la police, on l’oblige à rendre la voiture offerte par son mari », a-t-il plaidé, en demandant aussi de faire application des dispositions de l’article 544 du code de procédure pénale, en renvoyant la prévenue des fins de la poursuite.

Pour sa propre défense, Fatoumata Diallo dira : « Il a porté plainte à la brigade de recherche de KIPE. Quand j’ai rendu la voiture, il a dit qu’il allait retirer la plainte et me laisser ; mais, il ne l’a pas fait… »

Le Tribunal après en avoir délibéré, conformément à la loi, déclare Fatoumata Diallo non coupable des faits à lui reprochés. En conséquence, il la renvoie des fins de la poursuite pour délit non constitué, en application des dispositions de 544 du code de procédure pénale.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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