Massacre du 28 septembre : le parquet égrène des témoignages accablants

Comme annoncé précédemment, le parquet a entamé ses réquisitions ce mercredi, 22 mai 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Et c’est le substitut du procureur, Sidiki Camara, qui s’est chargé d’exposer devant cette juridiction les preuves qui attestent de la commission des infractions poursuivis dans ce dossier. Dans son grand oral, le parquetier a cité six (6) éléments de preuves. Et le sixième élément est une compilation de témoignages.

Guineematin.com vous propose ci-dessous un extrait de ces réquisitions du procureur Sidiki Camara devant le tribunal criminel de Dixinn.

« Le sixième élément de preuve, ce sont les différents témoignages… Sur les 21 témoins qui ont défilé à la barre, dont 16 envoyés par le parquet, 4 par les avocats de la partie civile et un par un des accusés, le colonel Kalonzo, nous (le parquet) nous sommes intéressés aux déclarations de 19. Et parmi ces témoins, il y a tout d’abord Tibou Camara qui était ministre de la communication et qui était constamment à la Présidence. C’était un des conseillers du capitaine Dadis et il était au courant de tout ce qui se passait. Il a dit ceci : dans la conquête et la conservation du pouvoir, beaucoup de choses peuvent se passer. Pour toute personne qui réfléchit, nous savons ce que cela veut dire. Aussi, à travers ses déclarations, on a compris que l’accusé Dadis Camara s’était montré sceptique quant à l’organisation et la manifestation du 28 septembre 2009. On a aussi compris que c’est effectivement son téléphone qui avait été utilisé par l’accusé Dadis, en présence de trois à quatre personnes, pour joindre monsieur Sidya Touré, après minuit, afin de faire reporter la manifestation… Autour du président, il y avait deux courants antagonistes : les faucons et les colombes. Les premiers finissaient par remporter… Aussi, on s’est intéressé aux déclarations du Général Oumar Sano qui était chef d’état-major général des armées au moment des faits. Donc, à travers ses déclarations, nous avons su que c’est lui (Général Oumar Sano) qui avait les quatre camions à la disposition de la Croix Rouges pour le transport et le dépôt de 157 corps à la morgue du CHU Ignace Deen, via le camp Samory Touré. Nous comprenons aussi que le nombre de corps, 57 qui avaient été présentés aux différentes familles à l’esplanade de la grande mosquée Fayçal étaient complètement en deçà du nombre réel, 157, qui avaient été déposés à la morgue d’Ignace Deen, via le camp Samory, et qui était en parfaite harmonie avec le contenu du rapport de la commission d’enquête internationale instituée par les Nations Unies… Il (Général Oumar Sano) a ajouté que les recrutements de Kaléa étaient exclusivement l’affaire du CNDD et de son président (Moussa Dadis Camara), l’armée n’a jamais été mêlée. Aussi, l’armée régulière n’avait pas été déployée au stade. Également, le Général Ansoumane Camara dit Bafoué, il était le commandant de la compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS) numéro 1 de Cameroun au moment des faits, a dit : aux environs de 13 heures et 30 minutes, deux (2) camionnettes de bérets rouges de la garde présidentielle et un véhicule de commandement arrivaient et se dirigeaient immédiatement à l’intérieur du stade. Toumba, Colonel Tiegboro et Marcel se dirigeaient également à leur suite à l’intérieur du stade. L’entrée de ces militaires au stade était aussitôt de retentissement de tirs à balles réelles, la situation était dans leurs mains. Beaucoup de morts et de blessés étaient visibles à l’intérieur du stade. Des manifestants étaient effectivement enlevés au stade pour être envoyés à la CMIS numéro 1 de Cameroun. Aussi, Général Valentin Haba dit : deux (2) camions militaires avaient été envoyés au stade sur instruction du Général Mamadouba Toto Camara, alors ministre de la sécurité, pour ramasser 54 corps qui étaient transportés pendant la soirée au camp Almamy Samory Touré et mis à la disposition de l’accusé Abdoulaye Chérif Diaby, alors ministre de la santé et de l’hygiène publique pour une destination que lui seul connaît. Les impacts de balles étaient visibles sur certaines victimes. Des douilles de balles avaient été retrouvées au stade… Un pagne était accroché aux garde-fous de la tribune couverte et une femme grosse, de teint noir, était couchée en bas, déjà morte… » a indiqué le procureur Sidiki Camara.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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