Mise en place d’un organe d’autorégulation des médias : « Ça ne nous concerne pas… », clame le SPPG

Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée

Les associations de presse ont officialisé ce mercredi, 22 mai 2024, la mise en place d’un observatoire d’autorégulation des médias en Guinée. L’objectif d’une telle démarche vise à surveiller les médias dans le cadre du respect de l’éthique et de la déontologie. Dans une conférence de presse animée à Conakry, le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) a dénoncé cette démarche à laquelle il dit ne pas s’associer. C’est ce qu’a laissé entendre Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG au siège de la structure, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est un nouveau bras de fer qui s’engage entre le SPPG et les associations de presse ainsi que les patrons de médias qui ont décidé de mettre en place l’organe d’autorégulation des médias en Guinée.

Dans un point de presse, le secrétaire général du SPPG a dénoncé cette décision issue de la dernière rencontre entre les associations de presse, patrons de médias et le Premier ministre. Sékou Jamal Pendessa clame qu’on ne peut pas imposer cet organe aux journalistes.

« Le principe est qu’on ne peut pas imposer cet organe aux journalistes, d’ailleurs il n’a pas force de loi. Au SPPG, depuis décembre dernier, on est au courant de ce qui se préparait. Beaucoup étaient là le 2 janvier quand nous avons animé un point de presse pour dénoncer la rencontre secrète entre les patrons de médias et le Premier ministre d’alors (Dr Bernard Goumou, ndlr). Tout vient de là. Après ma sortie de prison, le dossier a été lancé, mais au SPPG ; on a dit, nous sommes clairs. Si on doit avoir un organe d’autorégulation, nous devons le décider librement, par rapport à la façon de le mettre en place. Il ne doit pas être imposé, mais tout le monde a écouté le Premier ministre à la plage de Camayenne, il a dit que la libération des médias est conditionnée par la mise en place de cet organe. Donc, cela veut dire que son indépendance est compromise. Dès lors que sa mise en place est compromise par une pression de l’exécutif, il en sera de même de son fonctionnement, parce que c’est l’Etat qui impose », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, Sékou Jamal Pendessa dit avoir été appelé par certains patrons de médias pour lui dire que c’est le syndicat qui a raison et qu’on leur aurait imposé cet organe. « Certains patrons l’ont reconnu. Ils m’ont appelé pour me dire que c’est le syndicat qui a raison, qu’eux-mêmes ne sont pas d’accord, mais qu’on le leur a imposé. Avant-hier, ils ont crié entre eux ici. La seule force de cet organe, c’est lorsqu’on s’y reconnaît, et si on a confiance aux personnes qui le compose. La priorité aujourd’hui, l’urgence aujourd’hui, c’est la libéralisation des médias. Si ces gens-là n’ont pas pitié des pères de familles qui n’arrivent plus à s’acquitter de leurs devoirs vis-à-vis des leurs familles ; pour nous, l’urgence c’est de faire en sorte que ces gens-là reprennent service », a laissé entendre monsieur Pendessa.

Pour le SPPG, la signature du document instituant cet organe d’autorégulation des médias est un mauvais précédent pour l’indépendance des médias en Guinée. Cela va ouvrir la voie à d’autres abus à l’encontre des médias. C’est pourquoi, le SPPG appelle les patrons de médias à trouver d’autres moyens pour la libération des organes de presse restreints que de mettre en place un organe d’autorégulation.

Abdoulaye N’Koya SYLLA pour Guineematin.com

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