Guinée : les medias victimes de retrait de leurs agréments vont saisir la justice

La presse guinéenne traverse une période critique, marquée par des restrictions croissantes et des actes de censure de plus en plus nombreux. Le dernier impair posé par les autorités de la transition est le retrait des licences d’exploitation des trois groupes de médias privés que sont Hadafo Médias, Djoma Media et Fréquence Infos Médias. Dans un communiqué conjoint publié ce jeudi, 23 mai 2024, les responsables des trois médias ont dénoncé des persécutions continues de la part des autorités. Ils condamnent fermement ce qu’ils qualifient de comportements liberticides et promettent de contester la décision en utilisant tous les moyens légaux à leur disposition, a appris Guineemtin.com à travers un de ses reporters.

Cette nouvelle vague de répression soulève des inquiétudes sur l’avenir de la liberté de la presse en Guinée. Les 3 groupes de médias concernés par cette mesure sont décidés à engager une bataille judiciaire face à ce retrait.

« Nous, Hadafo Médias, Djoma Media et Fréquence Infos Médias, avons été surpris par la décision de retrait des agréments de nos différents médias. Le ministre Fana Soumah, en charge de l’information et de la communication en République de Guinée, a motivé cette décision par « le non-respect des cahiers de charges ». C’est d’autant regrettable que nos médias, établis en Guinée, ayant acquis la notoriété et la confiance des auditeurs et téléspectateurs, ont signé ce mercredi, 22 mai 2024, les statuts portant création de l’Observatoire d’Autorégulation de la presse. Ils n’ont par ailleurs pu se permettre d’actes contraires aux prescriptions des cahiers de charges. D’ailleurs, si un tel constat avait été fait par nos autorités, elles nous auraient interpellés et sollicité de nous des mesures correctives», dit le communiqué conjoint.

Les responsables des médias affectés voient dans cette décision la continuation d’une série de persécutions débutées en novembre 2023. Ils rapportent des actes de vandalisme perpétrés sur les installations de certaines radios avant même que l’arrêté ministériel ne leur soit officiellement signifié. « Ce n’est donc rien d’autre que la suite logique des persécutions dont nous sommes l’objet depuis novembre 2023. Autant la mesure viole la liberté de la presse ; autant l’attitude des agents de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications a été d’une violence inacceptable dans des entreprises de presse légalement constituées. Des actes de vandalismes ont été constatés sur des installations de certaines radios, avant même que l’arrêté du ministre de l’information et de la communication ne nous soit signifié », déplorent les responsables de ces trois groupes médias.

En outre, ils annoncent leur intention de déposer un recours légal pour obtenir l’annulation de cette mesure administrative, et appellent à la mobilisation de l’opinion nationale et internationale ainsi que des défenseurs des droits humains. « Nous condamnons avec fermeté ces comportements liberticides qui n’honorent pas notre pays qui, en 2005, avait fait le choix de la liberté de la presse, à la place de la censure et de la propagande. En tout état de cause, nous engagerons, dans de brefs délais, un recours conformément aux lois de notre pays en vue de contester et d’obtenir l’annulation de cette mesure administrative. Nous attirons, d’ores et déjà, l’attention de l’opinion nationale et internationale, des défenseurs des droits humains et de la liberté de la presse, les défenseurs du droit du travail sur les conséquences dramatiques de cette décision et des actes qui ont été posés ce mercredi 22 mai 2024… »

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: 622919225

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