Général Sadiba Koulibaly radié de l’armée : « C’est la preuve de l’acharnement » (Me Mory Doumbouya)

Me Mory Doumbouya, agent judiciaire de l'Etat,
Me Mory Doumbouya

Condamné à 5 ans de prison par le tribunal militaire de Conakry hier, vendredi 14 juin 2024, le Général Sadiba Koulibaly, ex chef d’état-major général des armées, a aussitôt été radié des effectifs de l’armée guinéenne. Cette décision du président de la Transition a été rendue publique à travers un décret lu à la télévision nationale. Une décision qui a été vivement critiquée ce samedi par Me Mory Doumbouya, un des conseils de cet officier militaire et ancien numéro 2 de la junte militaire du CNRD, qui a renversé le régime d’Alpha Condé pour prendre la tête du pays le 5 septembre 2021.

Lors d’un entretien téléphonique avec un reporter de Guineematin.com ce samedi, 15 juin 2024, l’avocat et ancien ministre guinéen de la Justice et des Droits de l’Homme assure que cette décision administrative est “un outrage à l’autorité judiciaire” et une “preuve de l’acharnement” contre son client.

C’est au terme d’un procès de deux jours que le Général Sadiba Koulibaly a été déclaré coupable de “désertion à l’étranger et détention illégale d’armes” par le tribunal militaire. Séance tenante, ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel de cette décision du tribunal. Et, alors que ce dossier n’est pas définitivement clôturé, l’ex chef d’état-major général des armées a été radié des effectifs de l’armée et rétrogradé au grade de colonel. Une décision extrême que son avocat, Me Mory Doumbouya, estime être contraire à la décision de justice qui a été rendue par le tribunal militaire.

Me Mory Doumbouya, agent judiciaire de l'Etat,
Maître Mory Doumbouya

« C’est une décision administrative totalement contraire à la décision judiciaire rendue. L’autorité administrative ne saurait retenir dans sa décision comme base de justification des faits faisant l’objet d’un non-lieu partiel, notamment la thèse de complot qui est visé dans la décision comme une prétendue atteinte à la sûreté de l’État, insubordination, désertion et détention illégale d’armes. C’est vraiment un outrage même à l’autorité judiciaire et pas moins un mépris de la décision judiciaire rendue hier. Parce que la décision sur le non-lieu portant la thèse de complot, tentative de meurtre et rébellion a été écarté à l’instruction. Et sur le fondement de l’article 192 du code de procédure pénale, il revenait au parquet de faire un recours en appel. En acceptant de venir à l’audience du jeudi et vendredi, le parquet a irrévocablement renoncé à cette voie. Si c’était une question de légalité, aucune autorité administrative, à quelque niveau que ça soit, ne pouvait prendre comme base de justification d’une décision qui est déjà rejetée par la justice et qui n’a pas fait l’objet d’un recours suspensif », a-t-il regretté.

Par ailleurs, l’ancien ministre de la justice et des droits de l’homme affirme que cette décision du président de la transition est la preuve de l’acharnement contre le Général Sadiba Koulibaly. Il évoque même l’existence d’un agenda caché dans cette affaire.

« Cette décision vient confirmer mes propos. J’ai clairement dit hier, lors de mes plaidoiries, que ce n’est ni une affaire de désertion encore moins de détention illégale d’armes. En fait, l’agenda caché est sorti hier. Parce que vous voyez que l’autorité administrative est en totale contradiction sur une question jugée hier et prononcée publiquement et sur les mêmes faits. Pour nous, c’est la preuve de l’acharnement contre le Général Sadiba Koulibaly », a-t-il dit.

Enfin, Me Mory Doumbouya a annoncé que le collectif des avocats en charge de la défense du Général Sadiba Koulibaly va s’attaquer non seulement à la décision du tribunal militaire, mais aussi à la décision administrative (le décret) qui a radié et rétrogradé leur client.

« Il continue de clamer son innocence. Et le combat va continuer sur le plan judiciaire tant contre la décision du tribunal militaire que la décision administrative. Parce que c’est une décision administrative ordinaire qui n’est pas affranchie des recours administratifs, et nous nous réservons le droit. J’espère que d’ici mardi on va formaliser tout ça », a-t-il précisé.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com 

Tél : 626-66-29-27

Facebook Comments Box