Dr Diané à la CRIEF : « Je sollicite l’exécution des décisions de justice pour que je vienne ici en tant qu’homme libre » 

Mohamed Diané, ex ministre de la défense nationale

Dr Mohamed Diané continue de garder le silence devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’ancien ministre de la défense nationale sous le régime Alpha Condé l’a réitéré dans la journée d’hier, mercredi 26 juin 2024, avec l’absence de ses avocats qui ont décidé de quitter la procédure. Celui qu’on appelait le « gardien du temple » du parti d’Alpha Condé exige l’exécution des différentes décisions de justice rendues en sa faveur, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dr Mohamed Diané poursuivi à la CRIEF pour détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite.

Alors que ses avocats, ont unanimement décidé, depuis le 9 avril 2024, de ne plus l’assister dans cette procédure, Dr Mohamed Diané a comparu seul à la barre de CRIEF. Devant le juge audiencier de la cour, Yaghouba Conté, l’ancien ministre chargé des affaires présidentielles a décidé de ne rien dire sans la présence de ses conseils.

A l’ouverture de l’audience de ce mercredi, le procureur spécial Amiata Kaba a déclaré que ce problème d’absence des avocats ne peut empêcher la cour de tenir les débats. « On peut valablement tenir cette audience. Le prévenu a constitué des conseils, ils ont décidé de ne pas participer. Cette question ne peut empêcher la cour valablement de tenir cette audience. C’est pourquoi nous réitérons notre demande de mettre de côté la constitution d’un autre avocat et d’ordonner à ce que les débats soient repris. En tout cas, c’est la position du ministère public ».

Après avoir écouté la position du ministère public, le président audiencier Yaghouba Conté s’est adressé au prévenu en ces termes : « renoncez-vous à la constitution d’avocats ? Mais avant de répondre, je voudrais préciser ceci.  Vous répondez simplement à la question qu’on vous a posée.  Renoncez-vous à la constitution d’avocats ? »

« Non ! Je ne renonce à rien », répond Dr Mohamed Diané.

Le président audiencier poursuit ses questions : « vous voudrez être jugé en présence d’un avocat à vos côtés ? ». « Oui », répond-il.

Le président enchaîne avec une autre : « est-ce que vous avez la possibilité de trouver un avocat ? ». Le prévenu Mohamed Diané dit avoir déjà constitué des avocats. « Ils m’ont défendu, ils ont obtenu une décision de justice ».

Le juge Conté insiste : « il faut que vous soyez jugé ! ». Dr Diané réplique, laconiquement : « sans avocat, je ne peux rien dire… »

Après cette réponse du prévenu, le parquet a repris la parole pour faire remarquer à la cour que le prévenu n’est pas prêt à ce que l’audience se tienne.  « Monsieur le président, quand le prévenu dit sans avocat, il ne peut rien dire, moi je pense qu’il n’est pas prêt à ce que l’audience se tienne. Parce que c’est lui-même qui a demandé à son avocat de suspendre son assistance. Même si c’est aujourd’hui il demande à l’avocat de revenir, l’avocat va revenir. Donc, s’il dit à l’avocat de ne pas venir l’assister, c’est comme s’il ne voulait pas que l’audience se tienne. Monsieur le président, c’est ce que je veux que vous compreniez.  Son avocat n’a pas pris unilatéralement cette décision. Et puis, si vous vous souvenez, l’argument qu’ils ont annoncé, à savoir l’application de la décision de la cour de la CEDEAO, c’est une question qui a été posée depuis très longtemps. Il y avait eu plusieurs séances auxquelles ils ont participé. Pourquoi c’est à la dernière minute qu’on vient invoquer cela comme un argument ?  C’est là que vous comprendrez que le prévenu n’a pas la volonté pour que ces audiences-là se tiennent. Et nous restons toujours sur notre demande à savoir la poursuite du jugement de cette affaire », a insisté le procureur Amiyata Kaba.

Après cette intervention du procureur, le président s’adresse encore au prévenu : « Monsieur Diané, vous acceptez quand même d’être jugé s’il arrivait qu’on trouve un avocat ? »

« Monsieur le président, j’ai constitué des avocats qui m’ont défendu, ils ont obtenu des résultats à tous les niveaux, des décisions ont été obtenues. La première décision, c’est la décision de la chambre spéciale du contrôle de l’instruction de la CRIEF qui m’a mis en liberté. Cette décision doit être appliquée. Ensuite, nous avons saisi la cour suprême qui a dirigé le pourvoi du procureur, sans objet. Enfin nous avons saisi la Cour de justice de la Cédéao qui a pris aussi un arrêt demandant ma libération sans condition », a expliqué l’ancien ministre de la défense.

« Qu’est-ce que vous demandez alors ? », interroge le juge.

« Je sollicite l’exécution des décisions de justice pour que je vienne ici en tant qu’homme libre », a martelé Dr Diané.

Après cette sollicitation du prévenu, le président a tenté en vain de donner les détails portant sur les faits pour lesquels la Crief est saisie dans cette procédure. « Vous savez, monsieur Diané, la cour est saisie pour des faits précis. Et ces faits sont le détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, enrichissement illicite. Vous comparaissez à cette audience pour qu’il y ait une décision de justice par rapport à ces faits qu’on vous reproche. Donc, cette instruction à la barre, permettra à la cour de savoir est-ce que vous pouvez être retenu coupable par rapport à ces faits ou non. La cour est saisie pour ces faits. Vous comprenez ? »

Ainsi, après un long silence, Mohamed Diané répond : « je n’ai rien à dire. »

C’est dans ce climat que la cour a renvoyé l’affaire au lundi 1er juillet 2024, pour « non présence de l’avocat du prévenu Mohamed Diané ».

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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