Mamadou Aliou Keïta au procès du 28 septembre : « Je n’ai rien fait et je plaide non coupable »

Mamadou Aliou Keita

Accusé de viol dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009, Mamadou Aliou Keïta a fait 11 ans de détention préventive à la maison centrale de Conakry. Hier, mercredi 26 juin 2024, il a été appelé à la barre pour prononcer ses “derniers mots de défense” dans ce procès qui dure depuis le 28 septembre 2022 devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry). L’accusé a clamé son innocence dans cette affaire et a réclamé son acquittement pur et simple.

“Le seul élément qui est cité, il n’y a pas de preuve. Il n’y a ni scellé, ni preuve, mais on me fait croupir en prison pendant 11 ans à l’absence de ma famille. Ma mère aujourd’hui est aveugle, ma famille a été délogée, aujourd’hui elle est éparpillée sans encadrement. ça fait mal… Je n’ai rien fait et je plaide non coupable. Donc monsieur le président, je demande qu’on m’acquitte purement et simplement et qu’on me rétablisse dans mon droit. La liberté est un droit et il n’y a pas plus cher que la liberté”, a déclaré Mamadou Aliou Keïta.

Guineematin.com vous propose ci-dessous la déclaration Mamadou Aliou Keïta devant le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara.

“C’est ma première fois, dans ma vie, de faire la prison. Rester 11 ans à l’absence de ma famille. C’est Dieu qui a voulu, mais pas mon comportement ou mon éducation… Moi Aliou, je n’ai de haine contre personne et je ne garderai la haine contre personne dans ma vie… Celle qui a fait que je sois en prison, je n’ai pas de haine contre elle. Et je demande à Dieu de la pardonner. C’est elle qui sait pourquoi il a fait. Et quant à la femme qui n’a cessé de venir à la maison centrale, après ses études à l’ISIC (institut supérieur de l’information et de la communication), elle n’a pas eu de boulot. Parce que tout simplement son mari est arrêté. Elle ne peut pas faire une autre formation. Elle est journaliste et elle n’arrive pas à avoir un travail conformément à son diplôme. Aujourd’hui tous ses amis sont là en train de faire leur travail, mais elle, elle est incapable, parce que tout simplement son mari est en prison. Nous sommes dans le destin et nous resterons tous dans le destin… Dans ce procès, quoi que je sois reproché, c’est la phase la plus importante dans ce procès. S’il y avait des preuves qui m’inculpaient, d’accord. Mais le seul élément qui est cité, il n’y a pas de preuve. Il n’y a ni scellé, ni preuve, mais on me fait croupir en prison pendant 11 ans à l’absence de ma famille. Ma mère aujourd’hui est aveugle, ma famille a été délogée, aujourd’hui elle est éparpillée sans encadrement. Ça fait mal… Donc, si on était à la maison centrale comme un navire qui a perdu son pôle magnétique, on se demandait quand est-ce que ce jugement aura lieu, le moment est arrivé, je vais sortir. Parce que je n’ai rien fait et je plaide non coupable. Donc monsieur le président, je demande qu’on m’acquitte purement et simplement et qu’on me rétablisse dans mon droit. La liberté est un droit et il n’y a pas plus cher que la liberté. Quand on te colle quelque chose dont tu ignores même la couleur, si tu n’es pas fort dans la tête, si Dieu ne t’épaule pas, tu ne peux pas t’en sortir. Et même quand tu sors, tu ne pourras rien, tu n’auras aucune importance. Tu ne pourras plus servir la société parce que tu es affecté moralement… Tout a été dit ici, mais la parole ne finit pas. Donc je me limite là”, Mamadou Aliou Keïta

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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