Journée mondiale de la radio en Guinée : « c’est une journée triste pour les médias, pour les radios »

Ibrahima Sory Lincoln Soumah chroniqueur à FIM FM

La journée mondiale de la radio est célébrée le 13 février de chaque année. En Guinée cette journée est célébrée dans un contexte inédit de brouillage des ondes des radios et de nombreuses restrictions imposées au monde de la communication. C’est le cas de la radio Fréquence Infos Médias (FIM FM) du Groupe Fréquence Médias (GFM), dont les ondes sont brouillées depuis plus de deux mois. Ibrahima Sory Lincoln Soumah, journaliste à FIM FM, un des employés de cette radio, interrogé par un reporter de Guineematin.com, a déploré cette situation jusque-là jamais connue dans notre pays depuis la libéralisation des ondes.

À la radio FIM FM, tous les travailleurs sont en chômage technique. Les quelques rares qui viennent encore sont assis devant la radio, sous un petit hangar, en train de discuter de tout et de rien. C’est là que nous avons rencontré Ibrahima Sory Lincoln Soumah, un des responsables de la direction des programmes, chroniqueur de l’émission Mirador. Il a déjà oublié que c’était la journée mondiale de la radio.

Dans son intervention, Lincoln Soumah déplore ce que traversent les médias guinéens. « La Guinée célèbre cette journée mondiale de la radio sans radios. La plupart des médias audiovisuels sont sous restrictions, beaucoup de radios ne passent pas. C’est le cas de la radio FIM FM qui est complètement brouillée depuis pratiquement trois mois. Donc, c’est une célébration un peu triste pour nous les journalistes qui avons toujours mis à profit cette occasion pour exprimer tout ce que nous voulions par rapport aux médias. C’est la première fois d’ailleurs que cette journée sera célébrée dans de tels contextes en Guinée. Un contexte inimaginable puisque ceux qui nous dirigent aujourd’hui avaient comme prétexte de venir rectifier les erreurs du passé. Mais très malheureusement, en dépit des erreurs du passé, de nouvelles erreurs sont en train d’être commises. Ce qui arrive à certains médias, retirés du bouquet Canal +, de Star Times, des radios qui ne fonctionnent plus, des journalistes qui n’ont plus le droit de travailler, la misère sur le visage de la plupart des familles, chassées de leurs maisons puisque les journalistes n’arrivent plus à payer leurs loyers, d’autres familles disloquées puisque monsieur ne peut plus supporter la popote. C’est un peu ça la réalité de cette journée. On ne pouvait imaginer qu’au 21ème siècle, que la Guinée allait se retrouver encore aux années 60- 70. C’est une journée triste pour les médias, pour les radios. C’est pour cela qu’on ne parle même pas de célébration. Peut-être que nous célébrons la misère, la détresse, la tristesse », a lancé Ibrahima Sory Lincoln Soumah.

En outre, notre confrère appelle les journalistes à plus de solidarité dans ce combat pour sauvegarder les acquis de la liberté de la presse. « Ce que j’ai à dire, c’est que le mal est comme un jet d’urine. Les dernières gouttes tombent toujours au pied de celui qui s’en soulage. Aujourd’hui, les autorités montrent la force, mais seul Dieu est fort, seul le temps est fort, aucun Homme n’est fort. Des gens forts sont passés. Mais eux aussi, on va les conjuguer au passé, et chacun va porter sa croix. Qu’ils continuent à fermer, ça ne sera pas éternel. Je lance un appel aux journalistes, d’être résilients, de continuer le combat. La souffrance ne tuera pas, elle peut nous renforcer. Restons soudés. C’est un temps dur, mais il va passer », a martelé Lincoln Soumah.

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 669 681 561

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