Fête de Tabaski à Conakry : les tailleurs partagés entre manque d’électricité et rareté de clients

Atelier de couture

A moins d’une semaine de la fête de Tabaski, les tailleurs et les couturiers ont les pieds sur les pédales et travaillent d’arrache-pied pour respecter les rendez-vous avec la clientèle. Mais, l’ambiance est morose dans certains ateliers de couture de Conakry à cause du manque d’électricité de la rareté des clients. De nombreux tailleurs, interrogés par un reporter de Guineematin.com ce mardi, 11 juin 2024, à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma se plaignent de cette situation.
Habituellement, les ateliers de couture ne désemplissent pas à l’approche de la fête de Tabaski. Beaucoup de tailleurs étaient obligés de travailler de jour comme de nuit pour répondre à la forte demande. Mais cette année, tel n’est pas le cas dans certains ateliers de couture, notamment à Hamdallaye.

Faya Milimono, tailleur à Hamdallaye

Faya Milimouno, tailleur à Hamdallaye : « Je suis tailleur et je couds des tenues pour hommes et Dames. Je fais des Macky Sall, pantalons normal et des modèles pour femmes aussi. Mais, comme le problème ne finit pas avec la couture pour dames, j’ai presque arrêté de le faire. Concernant les préparatifs de la Tabaski, les clients viennent lentement chez moi ici. Car ils se plaignent de la cherté de la vie. Donc, c’est pour vous dire qu’il n’y a pas du tout de l’engouement. Mais, vu qu’il reste quelques jours, nous avons l’espoir qu’ils vont venir… »

Thierno Abdoulaye Diallo, tailleur, à Hamdallaye

Thierno Abdoulaye Diallo, tailleur à Hamdallaye : « Je suis couturier, et je fais de la broderie pour hommes et femmes. A quelques jours de la fête, nous ne parvenons pas à travailler convenablement à cause du manque de courant électrique. Car le courant ne vient qu’à 18 heures ou 0 h parfois. Donc, cela nous empêche de travailler normalement afin de satisfaire nos clients. Dire qu’on va travailler avec un groupe électrogène, cela est très coûteux, car les prix de coutures seront élevés pour nos clients, alors qu’ils passent leur temps à se plaindre de la conjoncture. Je viens même de refuser de prendre la tenue d’un client, parce qu’il n’y a pas de courant. Et même si l’engouement n’est pas aussi que ça, je suis convoité par des clients. Ce qui affecte mon travail, c’est le manque de courant, et le manque d’apprentis, car je travaille avec deux autres personnes. C’est pourquoi j’ai commencé à passer la nuit à l’atelier il y a de cela deux semaines afin de satisfaire mes clients. Le prix de nos broderies commence à 250 000 GNF pour hommes. Les prix sont en fonction du modèle.

Aboubacar Camara, tailleur, alias Soghro sise à Hamdallaye

Aboubacar Camara, communément appelé Soghro, résident à Hamdallaye : « Vraiment, nous sommes là et je fais la couture hommes et dames, mais franchement, il n’y a pas de clientèle, vous même vous le constatez. En plus de ça, le peu de clients qui vient, quand tu leur dis le prix de la couture, ils se plaignent de la cherté, alors que les matériels que nous achetons sont aussi coûteux. Pourtant, c’est dans ce métier que nous parvenons à subvenir aux besoins familiaux. Il y a de ces clients qui attendent aussi à la dernière minute pour t’envoyer des habits à coudre et te mettent de la pression. Quand tu rates le programme que tu leur a donné pour la récupération de leur tenue, ça devient un véritable problème pour toi, car ils vont te crier dessus et mal te parler. Nous, nous n’avons pas commencé à passer la nuit ici pour le moment, mais nous restons jusqu’à 23 heures voire minuit.

Mamadou Saliou Barry, tailleur, Hamdallaye

Mamadou Saliou Barry, tailleur à Hamdallaye : « Je fais de la broderie. Comme vous le voyez, je suis en train de coudre les tenues de fête. Mais cette fois-ci, il n’y a pas du tout d’engouement, car nos clients qui ont pour l’habitude d’envoyer des tenues de fête se lamentent sur la cherté de la vie et qu’il n’y a pas d’argent. Et nous qui faisons de la broderie, nous souffrons énormément avec le délestage électrique dans la ville, car le peu d’électricité qu’ils envoient la nuit ne nous arrange pas. Parfois même, ils n’envoient pas. Et cela nous fatigue énormément parce qu’à cause de ça nous avons du mal à faire le peu travail qu’on a nous confié. Voilà pourquoi j’ai commencé à passer la nuit ici bien que nous n’ayons pas suffisamment de travail à faire afin de restituer à temps les habits de nos clients. »

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com 

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