Dangereux trafics à l’aéroport de Conakry : méfiez-vous des faux agents !

Me Kabélé Camara

Malgré les différentes améliorations des dernières années, l’aéroport de Conakry présente encore des lacunes sérieuses en ce qui concerne la sécurité des voyageurs. En effet, bien des personnes non autorisées accèdent encore à la zone réservée aux voyageurs. Dans ce contexte, comment démêler les vrais des faux agents ?

L’histoire invraisemblable de Mme H. Diallo devrait tous nous interpeller et aurait pu arriver à n’importe quel voyageur en partance de Conakry.

Tout commence le samedi 30 décembre 2017 pour Mme Diallo qui, après un séjour d’un mois en famille, s’apprête à prendre l’avion avec ses deux filles pour rentrer à Paris. A quelques heures de l’embarquement, un monsieur à l’apparence normale se présentant comme agent de douane, sous le nom de “Bakayoko”, lui demande un service qu’elle accepte sans se poser de questions. Comment aurait-elle pu se méfier quand le monsieur a traversé toute la zone de sécurité sans encombre ? En plus, le monsieur lui a communiqué son numéro de téléphone personnel qui serait le 622 89 58 22, et ce, pour dissiper tout doute quant à la sincérité de sa demande.

M. “Bakayoko” voulait “simplement lui confier son neveu, citoyen français de 17 ans, au nom de Kandjoura Diaby, afin qu’elle puisse avoir un œil sur lui pendant le voyage”. Jusque-là, rien d’anormal, voulant aider un compatriote dans le besoin, c’est tout naturellement que Mme Diallo accepte de rendre service. De plus, le jeune semblait assez autonome et qui plus est, il rentrait en France où ses parents l’attendaient.

L’embarquement se passe comme prévu, tous les contrôles de sécurité semblent confirmer l’identité du jeune Kandjoura Diaby qui s’embarque sans encombre à Conakry.

Les choses commencent à se compliquer à l’escale de Casablanca. En effet, à partir de cet instant, tout s’enchaine à une vitesse grand V.

Ainsi, les policiers marocains font remarquer que le passeport français du jeune ne lui appartient pas et qu’on serait donc dans un cas d’usurpation d’identité. Étant donné qu’il voyageait officiellement avec Mme Diallo, la police marocaine les arrête donc tous les quatre : elle, ses deux filles de 5 et 1 ans, ainsi que le jeune. Ils sont mis en garde à vue à Casablanca pendant 3 jours, en attendant un prochain vol pour Conakry.

Ce n’est que le 2 janvier qu’elle se verra embarquée dans un vol retour vers Conakry en compagnie du jeune. Entre temps, son conjoint avait dû prendre un billet à Paris pour venir chercher les filles au Maroc.

A leur arrivée à Conakry, les policiers rendent à Mme H. Diallo son passeport sans lui poser aucune question, ce qui à mon sens laisse croire qu’il y avait des complicités à ce niveau. Sinon, comment expliquer que quelqu’un se fasse rapatrier sans que la police ne s’intéresse aucunement à son cas ? Le jeune, quant à lui, a été confié aux policiers, dès qu’il a débarqué de l’avion.

Mme Diallo a dû racheter un billet le jour même pour aller rejoindre ses filles et son mari.

Résultat des courses pour elle : 3 jours de garde à vue avec deux enfants à bas âge, un voyage pour son mari qui a été obligé de venir à Casablanca récupérer les filles, le rachat d’un billet Conakry-Paris, retour tardif au travail, en plus du stress énorme que toute cette affaire a engendré chez elle et ses deux filles.

Aujourd’hui, elle a décidé de porter plainte à Paris malgré les frais d’avocat que cette démarche pourrait engendrer, afin que personne n’ait à vivre le calvaire qu’elle et ses filles ont vécu. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’elle a décidé de partager sa mésaventure, qui, elle espère, saura mettre la puce à l’oreille de tous ceux et celles qui pourraient tomber dans un traquenard en voulant rendre service à un compatriote.

De ce fait, il convient de dénoncer le comportement inacceptable de certains agents de l’aéroport international de Conakry, dont le laxisme et le laisser aller constamment mettent les voyageurs en danger.

Pour terminer, Mme Diallo demande l’aide de tous, pour pouvoir retrouver M. “Bakayoko” qui semblait être bien connu de plusieurs agents de l’aéroport. Si, par hasard, vous reconnaissez le numéro de téléphone 622 89 58 22, vous êtes priés d’écrire à [email protected] ou de contacter la rédaction de Guineematin, afin que cette mésaventure ne puisse pas arriver à quelqu’un d’autre.

Par Faty Diallo

Faty Diallo est mariée et mère de deux enfants. Diplômée de l’université de la Sorbonne-Nouvelle, elle est spécialiste bilingue en marketing et communication. Elle a travaillé plusieurs années en Guinée avant de s’installer au Canada en 2010.

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