Contrôle des vignettes : voici comment des policiers se remplissent les poches à Conakry

Depuis trois jours, une opération de contrôle des vignettes de l’année 2017 sur les usagers de la route est déclenchée par la sécurité routière. Comme c’est souvent le cas, de nombreux agents de la police routière sautent sur l’occasion pour soutirer de l’argent aux conducteurs d’engins roulants. Il suffit de faire un tour dans certains carrefours du centre-ville de Conakry ou de la banlieue pour s’en rendre compte, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui en a fait le constat.

Le carrefour de Téminétaye, au siège de la Fédération Guinéenne de Football, à Kaloum est le théâtre d’une corruption à ciel ouvert et à peine déguisée. Mis à part les officiers de police qui exigent l’achat de la vignette sur le champ, ce sont les jeunes policiers et policières qui se montrent le plus gourmands. Aux environs de 10 h 20, ce mercredi 26 juillet 2017, une voiture d’un service de gardiennage se fait arrêter par deux jeunes policières en face du siège de la Féguifoot. D’intenses négociations s’engagent entre le conducteur et les deux agents. Des arguments et contre-arguments s’entrechoquent. Finalement, l’une des policières revient avec des billets neufs de 20 000 francs guinéens. La somme est remise à la seconde policière qui s’empresse de l’empocher.

Un jeune policier au teint plus que noir, « arraisonne » un taxi-motard (il leur est interdit de circuler dans la commune de Kaloum). Une chaude discussion s’engage. Le policier réclame 30 000 francs guinéens au motard qui en exhibe dix mille. Très en colère, le policier pend la moto, le propriétaire devient passager, pour faire semblant de l’amener à la police routière. Ils se dirigent vers la sûreté, font un tour et reviennent à la case départ. Le taxi-motard donne au jeune policier 20 000 FG et continue sa course.

Au même endroit, deux capitaines et un commandant « arraisonnent » un journaliste sportif à bord d’une voiture verte. Il s’en suit une vive discussion et un échange de propos injurieux. Les officiers se montrent intraitables. Notre confrère est obligé d’acheter sa vignette à 250 mille francs guinéens sur le champ avant de continuer vers la station de Téminétaye, visiblement très en colère.

Au carrefour de Kénien, sur l’autoroute Fidel Castro, c’est la même scène de corruption qui se remarque. Des policiers « assoiffés d’argent », à la mine serrée, arrêtent les usagers sans ménagement. Là aussi, ce sont les jeunes policiers qui sont les plus en vue. Deux d’entre eux retirent des sommes d’argent de 20 et 30 milles FG sous les yeux du reporter de Guineematin.com qui a bien pris soin de photographier la scène.

Au carrefour de Bambeto, dans la commune de Ratoma, la même scène se répète. Un capitaine de la police routière n’hésite pas à prendre 5 000 francs des mains d’un taxi-motard qui n’avait pas de vignette.

Ces exemples ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Que se passe-t-il dans les autres communes et carrefours de Conakry ? Ces montants volés aux conducteurs ne sont pas collectés vers le soir pour se faire partagés par les requins de nos routes ? A quoi sert finalement cette fameuse reforme des services de sécurité avec laquelle on nous rabâche sans cesse les oreilles ?

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél.: 628 17 99 17

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