« Toutes les activités sont arrêtées à Kaback : pas d’écoles, pas de travaux champêtre… », sous-préfet

La réunion du panel des parlementaires et élus locaux sur les thèmes de la transparence et de l’économie bleue dans le secteur de la pêche qui a commencé le 24 octobre a pris fin hier, jeudi 26 octobre 2017, avec la visite de la presqu’île de Kaback, située à 110 kilomètres au Sud de la capitale guinéenne, Conakry.

Sur place, les députés et les élus locaux, accueillis par les autorités locales, entourées d’une forte mobilisation des populations, ont touché du doigt les dégâts causés par les eaux de mer qui ont détruit la digue de ceinture, longue de 17 km.

S’exprimant devant la presse dont le représentant de Guineematin.com, le Chef de la délégation, l’honorable Sékou Benna Camara, nouvellement élu président de l’alliance parlementaires et élus locaux d’Afrique de l’Ouest pour la protection côtière, (APPEL) s’est dit meurtri, attristé et dépassé par cette situation que vivent les populations de Kaback qui ne connaissent que l’agriculture et la pêche.

Il a déploré les conséquences engendrées par la destruction de la digue de ceinture, qui a conduit des centaines d’enfants à l’abandon de l’école et provoqué le déplacement de nombreuses familles, la destruction de milliers d’hectares de plaines rizicoles, etc. « Aujourd’hui, en plus des députés et élus locaux membres d’APPEL-Guinée, il y a des parlementaires et élus locaux du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée Bissau, de la Gambie, de la Sierra Léone, du Cap vert, venus constater cette réalité à Kaback. Nous déplorons cet état de fait où des enfants ne vont plus à l’école, des familles sont déplacées par la mer, des dizaines de milliers d’hectares de plaines cultivables englouties, des lieux d’habitation, de culte et de loisir tous détruits. Nous pensons que ce cri d’alarme, poussé par ces milliers d’habitants de Kaback et relayé par nous autres députés et élus locaux, sera entendu non seulement par l’Assemblée nationale mais aussi par l’exécutif au plus haut niveau », a dit l’Honorable Camara.

Il estime que les populations doivent bénéficier de la part du gouvernement une attention particulière pour les sauver. Toutefois, le Président de la commission environnement du parlement guinéen et d’APPEL, ne va pas par quatre chemins pour condamner les constructions sur les domaines maritimes à Conakry. « Je pense que ceux qui construisent des maisons en bordure de mer à Conakry vont embellir la capitale. Cependant, ils tuent de milliers d’autres compatriotes sur les côtes et nos îles comme ici à Kaback ».

L’honorable Sékou Benna a invité les autorités au plus haut sommet de venir en aide rapidement aux populations de Kaback. « Je pense que ce problème de Kaback et de l’ensemble de nos côtes qui subissent la loi du changement climatique doit figurer dans le dossier de la délégation guinéenne à la COP23 qui se tiendra en novembre prochain en Allemagne », dit-il.

Parlant de son organisation qui regroupe sept pays d’Afrique de l’Ouest, le député a précisé que c’est effectivement « un défi énorme que nous avons pour attirer l’attention des partenaires et décideurs d’œuvrer à la protection de notre environnement côtier et marin face à sa dégradation accélérée et engendrée par les changements climatiques ».

Pour sa part, le sous-préfet de Kaback, Sékou Coyah qui vit directement les faits au milieu de ses administrés, dresse un constat de la situation de Kaback qui ne laisse personne indifférent.

En l’espace d’un an, explique-il, « nous avons reçu deux missions parlementaires de la commission environnement, venues jusqu’à la digue. Actuellement, la destruction de cette digue de Kaback a causé la perte de 2 800 hectares de plaine arable. Actuellement, toutes les activités sont arrêtées à Kaback : pas d’écoles, pas de travaux champêtres, pas de culture de maraîchage… ».

Et, ce n’est pas tout ! M. Sékou Coyah Camara énumère également d’autres dégâts causés par l’effondrement de la digue. « Cinq à six secteurs ont été contraints au déplacement. Et, plus grave, les tuyaux de canalisation installés dans les autres parties des pleines jusqu’à récemment hors de portée de la mer ont également cédé, empêchant toute activité agricole. Sur les 17 kilomètres de la digue, l’eau de mer a fini par pénétrer partout et détruire les cultures de nos populations. A ces dégâts, s’ajoutent la destruction d’une vingtaine de bâtiments et d’une mosquée à Kouloumodya…», a ajouté le Sous-préfet, précisant avoir toutes les références de ces dégâts.

Sékou Coyah a promis que si aujourd’hui l’Etat répare cette digue, sans même l’apport d’engrais, on peut travailler dans les pleines récupérées. « Ce sont des plaines très riches. Les engrais sont utilisés ailleurs dans des coins arides mais pas forcement ici», a-t-il indiqué.

En tout, ce sont 28 750 habitants, partagés sur 8 districts et 36 secteurs dont de nombreux îlots qui appellent au secours de l’Etat. Même à Matakan, district identifié par les experts pour abriter le port minéralier en eau profonde, est concerné par la situation. Car la route qui mène dans ce district est également menacée par les eaux, à en croire le sous-préfet.

Selon certaines informations, le coût de réalisation de la digue est de 15 milliards de nos francs. Un montant nécessaire pour sauver ce grenier de la capitale avec ses 28 mille habitants.

De retour de Kaback, Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

Facebook Comments Box