Enlèvement et assassinat d’Elhadj Doura : Me Abou Camara demande la libération des accusés

Me Abou Camara, avocat

C’est l’une des conséquences du décret en date du 29 décembre 2021, procédant à des changements dans les différentes juridictions du pays. Alors que les débats étaient déjà clos, le procès des auteurs présumés de l’enlèvement et de l’assassinat d’Elhadj Abdourahmane Diallo, plus connu sous le nom d’Elhadj Doura, doit être complètement repris. Une situation déplorable pour les avocats de la défense, qui s’apprêtaient pour la phase des réquisitions et plaidoiries dans cette affaire. Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce mardi 4 janvier 2022, Me Mohamed Abou Camara, l’un des conseils des accusés, a dit avoir accueilli ce décret du colonel Mamadi Doumbouya avec un pincement au cœur.

« Légalement, même si c’est un seul magistrat dans la composition du tribunal qui changeait de poste ou qui aurait des difficultés l’empêchant de continuer les débats, il est dit que toute la procédure doit reprendre. Donc, avec ce décret, nous nous voyons dans l’obligation de la reprise des audiences dans ce dossier, très malheureusement. C’est avec un pincement au cœur que nous constatons cela. Parce que depuis 2018, nos clients sont en détention. Une détention dite préventive. Vous n’êtes pas sans savoir que dans ce dossier, où il y a une vingtaine d’accusés, ils ne sont pas tous forcément auteurs des faits.

Il y aura un au moins qui, à la lumière des débats, pourrait se retrouver non coupable pour ne pas dire tout le monde. Parce que lorsque que vous voyez ce dossier, vous constaterez qu’il y a des manipulations, vous constaterez qu’il y a des gens qui se sont retrouvés dans ce dossier parce qu’ils ont connu tel ou ils ont eu la malchance de rencontrer telle personne, parce qu’il a eu la malchance de se retrouver à tel endroit à ce moment-là », a déclaré l’avocat, tout en soulignant qu’avant même ce décret rendant obligatoire la reprise du procès, les accusés sont illégalement détenus dans cette affaire. C’est pourquoi, il réclame leur mise en liberté puisque l’Etat n’a pu les juger dans les délais légaux.

« Normalement, nos clients devraient être mis en liberté purement et simplement. Il n’y a aucun motif légal et valable qui puisse faire qu’on les garde encore en prison. Ce serait une détention illégale et arbitraire. Parce qu’il y a un délai que la loi détermine pour le jugement, il y a également un délai que la loi détermine pour la détention préventive. Tous ces délais sont passés. (…) Tout ce que nous pouvons demander à la justice, c’est de tenir compte de cette situation, la liberté de nos clients.

Vous savez, il y a la présomption d’innocence. Et la présomption d’innocence aura pour conséquence, la libération à défaut d’être jugé dans un délai raisonnable. A défaut de se voir jugé dans un délai raisonnable, l’inculpé doit se voir mis en liberté purement et simplement. Nul de ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. La faute de l’Etat, c’est l’Etat qui doit l’assumer. Nous, nous demandons purement et simplement la libération de nos clients », a dit Me Mohamed Abou Camara.

Ouverts le 29 mars 2021, les débats ont été clôturés le 22 décembre dernier dans ce dossier. Les 21 accusés, dont une femme, deux militaires et un policier, ont tous nié les faits pour lesquels ils sont poursuivis. Les réquisitions et plaidoiries étaient prévues pour s’ouvrir le 12 janvier prochain.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

Facebook Comments Box