Guinée : la sortie d’Alpha Condé par… la petite porte !

C’est désormais officiel. L’ancien président guinéen, monsieur Alpha Condé, a quitté la Guinée pour se rendre à l’étranger. La junte militaire qui l’a renversé et pris la tête de la Guinée par les armes aura finalement lâché du lest devant la ténacité de la fameuse communauté internationale. Laquelle aurait pu éviter à l’ancien opposant devenu président ce qui lui est arrivé. En effet, si la CEDEAO (même elle seule) avait exercé autant de pressions sur monsieur Condé qu’elle l’a fait sur le colonel Mamadi Doumbouya, le premier n’aurait pas réussi son malheureux troisième mandat. Lequel est la source de sa descente aux enfers et la mort de plus de cent de nos compatriotes…

Comme le 5 septembre 2021, Alpha Condé s’est livré en spectacle ce 17 janvier 2022. L’homme, visiblement affaibli par la douloureuse épreuve qu’il traverse, tient difficilement debout. La tête baissée comme pour dire qu’il regrette amèrement son forcing qui est la base de tout ce qui lui arrive aujourd’hui. Aussi bien sur le sol que dans l’avion, c’est un homme déprimé et dépité que le monde entier découvre.

On est loin de ces images d’un homme combatif, toujours les poings levés, soulevant le bras avec le signe V du RPG. C’est désormais un homme fragilisé par la perte du pouvoir et la maladie qui sort de son pays. Et à un moment où, ironie de l’histoire, il apprend le décès de son ancien homologue et petit frère de l’autre côté de la frontière. En l’occurrence Ibrahima Boubacar Keïta, victime comme lui d’un putsch perpétré par les militaires sur lesquels il comptait pour mâter ses populations.

Si certaines personnes restent paranoïaques, en estimant qu’Alpha Condé libre et à l’étranger constitue un danger potentiel pour la Guinée, la plupart des observateurs pensent que, désormais l’homme est mis hors d’état de nuire par son âge, l’épreuve qu’il vient de vivre et surtout la maladie. Un nonagénaire malade a d’autres chants à fouetter que la conquête ou la reconquête d’un pouvoir arraché par le fusil. La messe est donc dite pour ce vieillard que les thuriféraires auront malheureusement réussi à induire en erreur.

A l’occasion de sa sortie du pays, l’ancien président apprendra à ses dépens que tous ceux qui couraient derrière lui n’étaient pas des amis, mais des profiteurs…

Dans tous les cas, l’homme a mis quatre mois et demi à profit pour méditer. Pour se rendre compte de l’immensité de l’erreur qu’il a commise en s’accrochant au pouvoir. Abandonné à son triste sort par tous ceux qui lui disaient que c’est lui ou le chaos, le vieil homme a finalement compris que ses véritables et redoutables opposants étaient, comme nous lui avions toujours dit et écrit, non pas les anciens Premiers ministres mais parmi les membres de son entourage.

Pendant qu’il luttait contre la maladie et la restriction de sa liberté, les responsables de son parti, le RPG arc-en-ciel (dont la plupart de ceux qui faisaient plus de bruit ces derniers temps n’étaient que des militants de la 25ème heure) se battent pour occuper les sièges octroyés aux partis politiques au CNT (Conseil national de la Transition). D’autres ont carrément rejoint le tombeur de leur leader pour se refaire une place au soleil.

C’est autant dire que le cas Alpha Condé est une véritable leçon, à la fois politique et sociale. Mais, une leçon de la vie tout court. Toute la classe politique devrait tirer cette leçon. Et, en particulier, le tombeur de Monsieur Alpha Condé ; car, on n’est jamais vulnérable que quand on est fort.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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