Viol et séquestration : 2 ans de prison requis contre un jeune devant le tribunal pour enfant

Me Mohamed Abou Camara

En prison à la maison centrale de Conakry depuis le 15 septembre 2020, l’accusé AC, alias ‘’Cangana’’ (un jeune mineur) a comparu hier, mardi 18 janvier 2022, devant le tribunal pour enfant à Conakry. Il est poursuivi pour « viol et séquestration » d’une fille âgée de 17 ans. Le ministère public a requis 2 ans d’emprisonnement à son encontre. Mais, son avocat a, pour sa part, demandé au tribunal de constater que « l’accusé a été invité au problème » et de lui accorder de larges circonstances atténuantes, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Les faits poursuivis contre ce jeune accusé remontent au 7 septembre 2020, à Coléah (dans la commune de Matam). Cangana était âgé de 16 ans et sa victime avait 17 ans au moment des faits.

A la barre ce mardi, l’accusé a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec la victime dans cette affaire. Mais, pour sa défense, il a précisé que la fille était consentante. Il a aussi balayé d’un revers de la main les accusations de « séquestration », tout en précisant que c’est la fille qui a refusé de quitter sa chambre.

« C’est le dimanche nuit que la fille est venue me trouver devant notre concession. Je l’ai appelé, je l’ai dragué, elle a accepté. Elle m’a indiqué son domicile en me disant qu’elle n’a pas de numéro de téléphone. Elle m’a dit que comme demain c’est lundi, elle passera chez  moi après l’école. Le lundi, elle est venue me trouver avec mes amis. J’ai raccompagné les amis ; et, à mon retour, je lui ai proposé de faire des relations sexuelles, elle a accepté. Après, j’ai cherché de l’eau pour elle, elle s’est lavée. Moi aussi je me suis lavée. Je l’ai demandé de rentrer, elle a refusé. J’ai tout fait pour qu’elle rentre chez elle,  mais elle a refusé. Je lui ai dit : tu vas me créer des problèmes avec ta famille. Elle m’a dit : si c’est à cause de mes parents, ne t’inquiètes pas, il n’y aura aucun problème. On a passé la nuit. Le lendemain aussi elle a passé la nuit. Je l’ai obligée de sortir, mais elle n’a pas accepté… Finalement, j’ai informé les femmes qui sont à côté de chez nous pour venir dire à la fille de sortir. Sinon, elle ne voulait pas rentrer chez elle. Donc, elle a passé 2 jours et 2 nuits chez moi », a expliqué le jeune accusé devant le tribunal.

Seulement, cette déposition de Cangana n’a pas convaincu le tribunal. Car, le procureur audiencier soutient que l’accusé a fait boire à la victime « des substances qui ont fait qu’elle ne se retrouvait plus ».

Une version que l’accusé a niée en bloc. « Elle n’a rien but dans ma chambre », a-t-il répliqué.

Présent à cette audience, le père de la victime a laissé entendre qu’il ne réclame rien à l’accusé dans cette affaire. Mais, il n’a non plus demandé la clémence ou l’abandon des poursuites contre Cangana.

« Je laisse le soin à la justice de faire son travail. Je ne sollicite rien de la part de la famille de l’accusé », a-t-il dit.

Dans ses réquisitions, le procureur Mohamed Sylla a dénoncé la responsabilité des parents et a demandé au tribunal de retenir l’accusé dans les liens de la prévention de « viol et séquestration » en le condamnant à 2 ans de prison.

La défense s’est surtout demandé en quoi cette fille est une victime dans cette affaire. Car, pour Me Mohamed Abou Camara, il n’y a ni séquestration, ni viol à son égard.

« C’est comme si la fille était sans domicile fixe. Elle est allée élire domicile chez mon client. C’est elle même qui demandait le rapport. Je vous prie de lui accorder des circonstances atténuantes, de constater qu’il a été invité au problème et qu’il y a eu défaillance des deux côtés », a plaidé Me Abou Camara.

Finalement, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 25 janvier prochain.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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