Conakry : 4 personnes jugées pour la publication d’images d’une fille nue sur les réseaux sociaux

Mohamed Condé, M’Mahawa Kourouma et Kadiatou Sylla, ont comparu ce mercredi, 2 février 2022, devant le Tribunal correctionnel de Mafanco. Ils sont poursuivis avec Salématou Camara, en fuite, pour atteinte à la sécurité et à l’intégrité par le biais d’un système informatique. Des faits liés à la publication d’images obscènes sur les réseaux sociaux, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

C’est Salématou Bangoura, une jeune fille de 25 ans, qui a porté plainte contre son amant Mohamed Condé et ses amies Salématou Camara, M’Mahawa Kourouma et Kadiatou Sylla. Elle accuse ces quatre personnes d’avoir comploté pour publier des images, la montrant nue sur Facebook. Mohamed Condé, qui a comparu le premier, a reconnu avoir photographié et filmé Salématou Bangoura (la plaignante) pendant qu’elle était nue dans sa chambre. Mais le jeune homme nie toute implication dans la publication des photos et vidéos sur les réseaux sociaux.

« Un jour, lorsque j’étais avec Salématou Bangoura dans ma chambre, j’ai pris mon téléphone pour la photographier et la filmer pendant qu’elle était nue. Mais elle a immédiatement protesté, tout en exigeant que je supprime toutes les images où elle est nue. J’ai dit d’accord, j’ai donc supprimé devant elle toutes les photos et vidéos que j’avais prises. Elle-même a constaté que toutes les images étaient effectivement supprimées de mon téléphone. C’est après cela qu’elle est rentrée chez elle.

Quelques jours après, Salématou Camara, qui a fait deux enfants pour moi, est venue me voir chez moi pour me demander de lui acheter un téléphone. Je lui ai dit que je n’avais pas d’argent à ce moment-là. Mais comme elle était dans le besoin, et c’est la mère de mes enfants, j’ai décidé de lui donner mon téléphone. Quand elle est rentrée avec le téléphone, le lendemain, elle m’appelle pour me dire : donc tu m’as donné ce téléphone pour me montrer que tu sors avec Salématou ? C’est là que j’ai compris que tout ce que j’avais supprimé était encore logé dans la corbeille. Je ne sais pas comment elle a pu restaurer tout ça.

Donc, ce jour, on a passé 30 minutes au téléphone, j’étais en train de la supplier. Comme on ne se comprenait pas, je l’ai invitée à venir le 31 décembre pour qu’on en parle, puisqu’elle était à Dubréka et moi à Kountia. Le 31 décembre, quand elle est venue, je l’ai encore suppliée de me pardonner et de supprimer les images du téléphone. Elle a dit d’accord, elle pardonne. C’est après ça qu’elle est allée montrer ça à ses amies, elles ont décidé de les mettre sur les réseaux sociaux. Ce sont des amis qui m’ont appelé pour me blâmer en disant que j’ai exposé la vie de l’autre. J’étais même troublé quand j’ai appris la nouvelle », a dit le prévenu.

M’Mahawa Kourouma et Kadiatou Sylla, qui comparaissent libres dans cette affaire, ont soutenu aussi qu’elles ne sont nullement impliquées dans la publication des images de Salématou Bangoura. « C’est le jour d’une cérémonie de notre Sèrè que Salématou Camara m’a appelée pour me dire qu’elle veut me rencontrer urgemment. Je lui ai dit d’abord que j’étais occupée. Mais puisqu’elle a insisté en disant qu’elle voulait juste me montrer quelque chose, je suis allée la voir. Elle m’a montré la vidéo et les photos de Salématou Bangoura avec le père de ses deux enfants. Je lui ai demandé de se calmer pour ne pas gâcher notre cérémonie et que le lendemain, on allait régler le problème.

C’est ainsi que le lendemain, en tant que première responsable de notre Sèrè, j’ai convoqué mon adjointe Kadiatou Sylla et les deux Salématou. On a d’abord demandé à Salématou Bangoura si elle sortait avec Mohamed Condé, le copain de Salématou Camara, elle a dit oui. On lui a demandé aussi si elle a couché avec lui, elle a répondu encore par l’affirmative. Elle a dit : j’ai couché avec lui à plusieurs reprises. C’est ainsi que nous l’avons toutes sermonnée, en disant qu’elle n’a pas honte de sortir avec le copain de son amie du même Sèrè.

Et puisque ce genre de comportement va à l’encontre de notre règlement intérieur, nous avons décidé de l’exclure en lui restituant tout son argent qu’elle avait déposé comme cotisations. C’est tout ce que moi je connais dans cette affaire, je ne sais pas qui a publié les images », a assuré M’Mahawa Kourouma, la première responsable du Sèrè (association de tontine) dont la plaignante et trois des quatre prévenus étaient membres au moment des faits.

De son côté, la plaignante a laissé entendre que M’Mahawa Kourouma et Kadiatou Sylla avaient menacé de publier ses images, avant que celles-ci ne se retrouvent sur Facebook. « M’Mahawa m’a traitée de prostituée et de tous les noms d’oiseaux. Elle a dit qu’elle a d’ailleurs les preuves de mes bêtises et qu’elle les mettrait sur les réseaux sociaux. Kadiatou Sylla a aussi dit que si M’Mawaha n’arrivait pas à publier ces images, elle allait le faire. Quelques jours après cela, des gens m’ont dit dans le quartier qu’ils ont vu mes images sur Facebook. C’est pourquoi j’ai décidé de porter plainte à la gendarmerie de Dabompa », a expliqué la plaignante.

Après avoir entendu la plaignante et les prévenus, le tribunal a renvoyé le dossier au 7 février 2022 pour la suite des débats.

Malick Diakité pour guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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