Concession de la licence 4G à un deuxième opérateur, les conditions sont-elles réunies ?

Par Mamadi Kaba : La technologie LTE, à l’instar de ses cadettes, représente une ressource interne via sa licence exclusivement détenue par chaque État et qui, sur la base d’un cahier de charge, décide de la concéder aux personnes morales ayant la capacité financière et technique de l’exploiter. Après un premier opérateur, le pouvoir public transitoire décide de concéder une deuxième licence 4G. Les premières interrogations se portent sur le coût de la concession. A combien s’élève le coût de vente de la deuxième licence 4G à la société MTN-Guinée ?

Une question que chacun se pose sachant que l’Autorité de régulation l’a omis dans son communiqué annonçant l’achat de ladite licence. Les licences de la téléphonie étant des ressources nationales, leurs achats ne peuvent se faire en catimini pour une question de transparence.

Dans un contexte où les effets sociaux, économiques et sectoriels en Guinée de la concession de la première licence 4G sont méconnus et non définis, il aurait été judicieux de faire une étude d’impact socio-économique des précédentes technologies vendues précisément celle de la première licence LTE/4G concédée à la société Orange Guinée pour un montant de 90 millions de dollars américains avant toute autre concession en ce sens où nul n’ignore les insuffisances apparentes du service 4G en exploitation par le premier bénéficiaire. Il est important de comprendre qu’au-delà d’être une ressource économique, ces licences sont essentielles dans la révolution technologique de nos États.

Techniquement, elles peuvent permettre l’amélioration de la qualité des services liés à la téléphonie si elles sont assujetties à un cahier de charge en cohérence avec les réalités du moment (technologies, qualité de services infrastructures, Taux de couverture…).

En Guinée, l’une des problématiques du secteur de l’économie numérique est la non capitalisation des décisions, actions et stratégies. L’exploitation de chaque licence ayant un impact socio-économique, il est judicieux de faire des études après des années d’exploitations afin de comptabiliser l’impact sur la société et l’économie guinéenne de chaque cahier de charge exécuté. Cet exercice permet non seulement de corriger les imperfections liées aux précédentes technologies implémentées mais aussi de mettre en place un cahier de charge et un plan de concession plus rentable à la nation pour les prochaines concessions. Sans cet exercice, le risque de non-exécution adéquate des cahiers de charges par les opérateurs bénéficiaires est élevé. Et cet état de fait nous induit comme de coutume à un résultat limité qui à son tour ralentit la mobilisation des recettes liées à ces technologies et cause l’insatisfaction des consommateurs en termes de qualité de services, couverture des zones…

Bref, le pouvoir public devrait mener ces études d’impacts socio-économiques en aval et dorénavant prendre des décisions économiques, stratégiques et politiques liées au secteur via les données qui en résulteraient.

Dans un environnement de concurrence déséquilibrée et de qualité de service peu satisfaisante dans le secteur des télécommunications guinéen, ce deuxième acquéreur de la licence 4G a-t-il les moyens financiers et techniques nécessaires pour une exploitation optimale de ladite licence ? La réponse à cette question détermine l’impact qu’aura la concession de cette licence sur la téléphonie, le service internet et autre service similaire en République de Guinée.

Kaba Mamadi, Consultant en digitalisation, NTIC, TELECOM

Par Mamadi Kaba

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