Un syndicaliste à la barre, Coran en main, jure : « je n’ai jamais blessé quelqu’un »

Un Coran dans les mains d’un prévenu, devant un tribunal en Guinée, est un fait inédit. Et, pourtant, Mohamed Sacko, premier secrétaire à l’organisation du bureau de la confédération nationale des transporteurs de Guinée (CNTG), ne s’en est pas privé hier jeudi 24 février 2022, pour convaincre de son innocence devant le tribunal correctionnel de Mafanco. Ce syndicaliste a comparu devant cette juridiction de première instance pour répondre des faits de « coups et blessures volontaires » poursuivis à son encontre. Il a réfuté ces accusations, la main sur le Coran. Et, le ministère public a requis sa relaxe dans cette affaire, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Âgé de 44 ans et incarcéré à la maison centrale de Conakry depuis deux semaines, Mohamed Sacko était ce jeudi à la barre pour répondre des « coups et blessures volontaires » qu’on lui reproche. Il est accusé d’avoir blessé au couteau Bandjou Oularé lors d’une altercation à la gare routière de Madina. Mais, le prévenu ne s’est pas laissé faire devant le tribunal. Et, pour convaincre qu’il dit la vérité dans cette affaire, il a juré la main sur le Coran.

« J’ai été nommé premier secrétaire à l’organisation dans le bureau de la CNTG. Après cette nomination, mes chefs hiérarchiques m’ont commis à la tâche de recenser toutes les lignes de la gare routière de Matam. Au terme de cette opération  de recensement, j’ai été envoyé à la gare routière de Madina pour procéder à la passation entre les anciens et nouveaux responsables syndicales de ce côté. À ma grande surprise, pendant que je faisais ce travail, deux anciens responsables ont téléphoné à leurs amis de venir saboter la prise de fonction de ces nouveaux responsables. C’est ainsi qu’ils se sont réunis là-bas et il y a eu des altercations. Après, ce sont les mêmes gens qui ont fait appel aux agents de l’éco N°3 de Matam pour dire que je suis venu semer de la pagaille à la gare là-bas. Du coup, ceux-ci (les agents) m’ont conduit à leur siège à bord de leur pick-up. Entretemps, dans la foulée, le jeune Bandjou Oularé, de passage entre un véhicule et une moto, s’est blessé. Pire, à la place de Bandjou, ce sont les mécontents-là aussi qui se lèvent pour aller porter plainte comme quoi j’ai blessé Bandjou à travers un couteau. Quand celui-ci a été convoqué à la gendarmerie, il a clairement avoué que c’est une plaque d’immatriculation qui l’a blessé. Malgré tout ça, à mon fort étonnement, je me retrouve à la maison centrale. Sinon je n’ai jamais touché qui que ce soit ce jour, à plus forte raison blessé quelqu’un. Je suis responsable syndical, je ne peux pas me permettre d’une telle chose dans une gare routière », s’est défendu Mohamed Sacko.

Après cette déposition du prévenu, le tribunal a constaté et pris acte de la lettre de désistement de Bandjou Oularé (le plaignant) versée dans le dossier. Et, le ministère public a pris la parole pour requérir le renvoi de Mohamed Sacko des fins de la poursuite pour « insuffisance de preuves ».

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour être rendue le 03 mars prochain. Le tribunal a aussi ordonné la mise en liberté provisoire du prévenu.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel:626 66-29-27

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