Ousmane Gaoual Diallo, le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du territoire, l’un des farouches opposants de l’ancien régime, interrogé par Guineematin.com sur le renversement du président Alpha condé, le 5 septembre 2021, a exprimé sa compassion du reste étonnante. C’était à l’occasion d’un entretien tenu le 28 février 2022 et au siège de son département.
Pour le porte-parole du gouvernement de Mohamed Béavogui, la chute d’Alpha Condé a provoqué chez lui un sentiment de pitié et de compassion.
« Je ne fais pas partie de ceux qui dansent, même quand mes adversaires tombent. J’ai un coup de pitié pour Alpha Condé, c’est tout. Moi, le 5 septembre, quand je l’ai vu, j’ai eu sincèrement pitié. Ce n’est pas ma souffrance qui compte. C’est l’humiliation de l’homme. Et puis dans les années 80, quand même, il a fait rêver les Guinéens. C’est important de le rappeler, il a apporté quand même à la lutte pour le peuple de Guinée. Et puis, tu te dis qu’il y avait une opportunité de sortir autrement que comme ça. Et je pense que personnellement, il a dû rejouer le film comme ça dans sa tête et qu’il l’aurait dit : ‘’peut être que 2020, c’était une erreur pour moi de se présenter à une élection’’. Je pense qu’à un petit moment, il a dit se sentir dans cette situation parce qu’on a toujours le regret de son comportement, de ses erreurs à un moment donné de la vie. Et quand on triomphe comme ça, c’est la modestie pour moi qui est importante. À ce moment-là, on ne dit pas oui, il le fallait. Ça arrive tout le temps. Je dis qu’on aurait pu éviter cette situation et c’est ce qui est fondamental pour moi », a expliqué l’ancien prisonnier d’Alpha Condé.
A ceux qui continuent de spéculer sur sa sortie de prison, droit dans ses bottes, l’enfant de Gaoual affirme n’avoir jamais négocié avec le régime.
Avec un sourire un peu moqueur, l’ancien député uninominal de Gaoual souligne que cela aurait été bien s’il avait eu l’opportunité de négocier pour sa sortie.
« Je ne voulais pas être en prison. Ce n’était pas un choix. Maintenant, à ceux qui disent le contraire, qu’ils nous apportent les termes des négociations. Quand vous êtes dans les mains d’un bourreau, vous négociez quoi ? Moi, je pense qu’à la fin de ma prison, chacun a essayé d’interpréter mon choix de me taire. A la fin de ma prison, j’ai choisi de ne rien dire », souligne-t-il.
Très rapidement d’ailleurs, il lie son emprisonnement au destin et remercie le Créateur qui a sauvé sa vie, étant donné que certains sont passés à trépas.
« Vous montez dans un camion qui fait un accident, 50 personnes meurent et vous vous sortez avec une jambe cassée. A quoi ça sert de se lamenter ? Il faut faire attention puisque l’autre n’est plus là pour se plaindre », a rappelé le ministre Gaoual Diallo.
Pour sa nomination dans le gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo souligne n’avoir jamais hésité. Mais, comme tout autre homme responsable, on est habité par le doute.
« Je n’ai pas beaucoup d’hésitation. On doute plutôt est ce qu’on est capable ou pas ? Est-ce qu’on peut être à la hauteur de la mission et des attentes des uns et des autres ? Parce que quand vous avez des responsabilités, les attentes se multiplient, les espoirs grandissent. Après, vous êtes sur la contrainte de l’inquiétude. Est-ce que je vais arriver ? Est-ce que je ne veux pas être broyé dans la chaîne de la corruption, par la chaîne du faux ? Est-ce que je vais être à même d’être entouré par des équipes qu’il faut pour conduire ne serait-ce qu’une petite transformation de la vie de nos concitoyens positivement ? C’est ce type de doutes qui a envahi l’homme politique. Ce n’est pas l’opportunité d’exercer la fonction qu’il faut voir », a-t-il tranché.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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