Destruction d’édifices privés, violences et menaces : la défense de l’ex préfet Aziz Diop et Cie devant le TPI de Coyah

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Comme annoncé précédemment, le procès d’Aziz Diop (ex préfet de Coyah), Abou Soumah (maire de la commune urbaine de Coyah), Ousmane Lansari Sylla (directeur préfectoral par intérim de l’habitat de Coyah) et Cie s’est poursuivi hier, lundi 7 mars 2022, devant le tribunal de première instance de Coyah. Les débats ont duré plusieurs heures et les prévenus ont réfuté en bloc les faits de « destruction d’édifices privés, violences et de menaces » articulés contre eux par Mohamed Yansané et 46 autres personnes. Ils se sont relayés à la barre et à qui mieux mieux ils se sont défendus, chacun arguant qu’il n’a aucune responsabilité dans les faits poursuivis à son encontre.

Guineematin.com vous propose ci-dessous quelques extraits de leurs dépositions.

Aziz Diop, ex préfet de Coyah : « Étant dans mon bureau, j’ai reçu une mission des cadres de la DATU du ministère de la ville et de l’habitat conduite par un certain monsieur Keita. Aussitôt, j’ai fait appel à mon secrétaire général chargé des collectivités et nous avions visé l’ordre de mission. Devant la mission, nous avons parlé de la faisabilité. Le chef de mission, monsieur Keita, a dit que l’opération débutera à Dubréka, puis à Coyah, et que le ministre d’alors même serait avec eux sur le terrain. En tant qu’exécutant des décisions de l’autorité centrale, j’ai demandé aux services techniques de la direction préfectorale de l’habitat de s’en occuper. Donc, nous avions laissé les cellules techniques mener l’opération sur le terrain. Je n’ai été sur le terrain qu’à l’arrivée du ministre de l’habitat pour le lancement. Tout s’est bien passé, puisqu’il n’y avait pas eu de plainte et on m’a rapporté que la population adhère à l’idée. Avant l’opération, j’ai appelé les mairies d’informer et sensibiliser leurs populations par rapport au déguerpissement en vue. J’ai apporté mon accompagnement administratif et social sur le terrain. J’ai été saisi par deux fois par des citoyens après le marquage, comme quoi les agents de l’habitat auraient marqué leurs bâtiments pendant qu’ils ne sont pas sur la route, donc de les aider. Je leur ai dit que je n’avais pas le pouvoir d’interférer dans cette affaire. Je n’ai pas compétence de réfuter ou accepter un plan cadastral proposé par le département de tutelle. Je leur ai dit de se référer au département ordonnateur. Je n’ai jamais mis en place une commission pour exécuter cet ordre de mission. Je n’ai été sur le terrain que deux fois. La première fois c’est quand le ministre était venu et la deuxième fois c’était de s’assurer que tout se passe bien. Après, j’ai constaté qu’il n’y a pas eu de débordement ».

Abou Soumah, maire de la commune urbaine de Coyah : « Moi je n’ai jamais été mêlé dans ce dossier. Dans cette affaire, je ne suis apparu que deux fois sur le terrain. La première fois c’est quand on m’a appelé pour me dire que le ministre était arrivé. J’ai accompagné la délégation ministérielle sur le terrain pour le lancement. En plus, c’est quand une mission d’évaluation est venue de la part du président de la république. Je n’étais même pas informé de l’arrivée d’un quelconque ordre de mission relatif au déguerpissement. Un jour, c’est le préfet qui m’a appelé pour m’informer du démarrage des opérations pour que je puisse prendre mes dispositions. C’est après ça que j’ai convoqué une réunion où j’ai informé les chefs de quartiers et les conseils municipaux. Je n’étais associé à rien et je n’ai rien détruit ».

Yaya Sylla, ingénieur de bâtiment en service à la direction préfectorale de l’habitat de Coyah : « C’était un matin quand  mon chef (directeur préfectoral de l’habitat de Coyah) nous a appelé pour une réunion nous informant de se préparer pour l’arrivée du ministre à Coyah pour le lancement des opérations de déguerpissement. Aussitôt, le ministre est arrivé. Du coup, nous sommes allés sur les pas du ministre. D’ailleurs moi j’étais malade, je suis diabétique. Mais, puisqu’on a interpellé tous les cadres de l’habitat, c’est pourquoi j’étais venu. Et, quelques temps après, je suis rentré à la maison. Je n’ai appartenu à aucune commission et je n’ai rien fait à personne. Seulement, un mois après le déguerpissement, à l’issue d’une sortie médiatique du président de la république où il a parlé de la mise en place d’une commission qui va recevoir les victimes qui auraient des documents légaux, certaines victimes sont venues me voir avec leurs titres fonciers pour les enregistrer en vue d’un éventuel dédommagement de la part de l’État. Comme tout le monde me connaît à Coyah dans les commissions de dédommagement pour les projets antérieurs, c’est pourquoi ils sont venus vers moi ».

Aye Cissé, ingénieur bâtiment et chargé d’études à la section construction à la direction préfectorale de l’habitat de Coyah : « C’était une fois, notre directeur nous a réunis à la direction pour nous informer de l’arrivée d’un ordre de mission et que le ministre en personne devait venir à Coyah. Entretemps, le ministre est venu et nous nous sommes transportés au près de notre ministre sur le terrain pour le lancement. Moi j’étais là juste pour accompagner l’exécution de cet ordre de mission, puisque nous avions été tous conviés en tant que cadres de l’habitat d’agir pour la bonne marche de cette décision. C’est le chef de mission qui a tout coordonné. C’est lui qui est venu avec le plan et c’est à travers ça qu’il a mené l’opération. Donc, moi je n’y suis pour rien ».

A noter qu’après 9 heures de débats houleux et émaillés d’incidents, le tribunal a renvoyé l’affaire au 22 mars prochain pour la suite des débats.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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