Lansanayah (Matoto) : des femmes en colère contre la démolition de leur marché

Les femmes vendeuses du marché de Lansanayah Barrage, dans la commune de Matoto, ont investi la rue ce jeudi, 24 mars 2022. Surchauffées, elles ont défié les forces de l’ordre pour exprimer leur colère face à la destruction de leur marché. Les protestataires interpellent le président de la Transition pour les aider à surmonter cette épreuve, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ignorant les commanditaires de cette opération, les femmes du marché de Lansanayah ont constaté la démolition d’une partie du marché de Lansanayah dans la nuit du mercredi au jeudi, 24 mars. Pour exprimer leur colère face à cet acte, elles ont pris d’assaut l’autoroute en dressant des barricades. Une démonstration qui n’a duré qu’une trentaine de minutes. Les agents de la police et de la gendarmerie postés sur les lieux ont usé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestantes et rétablir la circulation.

Interrogées par notre reporter, certaines femmes ont exprimé les raisons de leur colère.

Mafoudia Conté, vendeuse au marché de Lansanayah Barrage

C’est le cas de Mafoudia Conté, vendeuse dans ledit marché, qui demande l’implication du Colonel Doumbouya pour leur restituer ce lieu de négoce. « On était couché la nuit quand nos enfants nous ont réveillées pour nous dire que les agents avaient saccagé notre marché. Nous n’avons aucune solution. C’est ici que nous faisons vivre nos différentes familles. Nos maris ne travaillent pas. Il faut que Doumbouya nous vienne en aide. C’est lui qui sait s’il va racheter cette parcelle qui abrite le marché pour nous permettre d’y rester. Tout notre espoir repose sur ce marché. Nos marchandises ne seront pas vendues aujourd’hui et nous ne savons pas comment avoir le repas du jour. Ils sont venus à 4 heures du matin pour détruire les hangars et nos tables sans aucun préavis. S’ils nous prévenaient au moins, on aurait pu sauver nos bois et tables ».

Pour sa part, M’Mah Sylla dénonce le fait qu’ils n’ont jamais reçu un préavis pour ce déguerpissement et les violences subies de la part des forces de l’ordre. « J’ai été appelé par mes amies qui logent tout près du marché pour nous dire que les forces de l’ordre ont envahi notre marché, qu’il y a plus de 7 pick-up qui encerclent les lieux, qu’ils ont gâté tout le marché. On n’a pas où aller. On est venu ce matin pour manifester et ce sont les mêmes agents qui nous aspergent du gaz lacrymogène. Tout le monde est traumatisé ici. On a dû transporter certaines de nos collègues à l’hôpital. Les agents sont entrés jusqu’à dans les foyers pour gazer les gens, d’autres se sont même évanouis. On a eu aucun préavis pour ça. Pourtant, ils devraient saisir le bureau du marché pour qu’on nous informe… ».

Mariama Soumah, riveraine

 Même son de cloche pour Mariame Soumah, riveraine, qui a aussi payé les frais de l’intervention des forces de l’ordre. « Je venais à peine de quitter mon canapé pour faire sortir mes marchandises quand les forces de l’ordre ont commencé à nous lancer du gaz lacrymogène. Ma maman, aveugle, qui vit avec moi, et ma fille se sont évanouies. Il a fallu que je les évacue loin de la concession contiguë au marché. Ils veulent nous tuer et détruire notre quotidien. Moi, mon mari est décédé, je suis seule à m’occuper de ma vieille maman malade et de mes trois enfants. J’ai juste appris que là où les femmes gagnent leur vie a été saisi par un particulier… ».

Mohamed Sylla, chef du secteur Port 2 de Lansanayah Barrage

Selon Mohamed Sylla, chef du Secteur Port 2 qui abrite une partie du marché de Lansanayah Barrage, aucune autorité locale n’a été saisie avant cette opération. « Nous ne sommes pas au courant de ce qui s’est passé. Ce matin, j’étais prêt à aller prendre ma douce quand les femmes m’ont interpellé par rapport à cette situation. Je suis allé voir et j’ai trouvé les agents sur les lieux. Mais apparemment, ils sont venus depuis la nuit. Selon mes informations, c’est la famille Sylla (propriétaire du domaine) qui aurait vendu la partie. Tout cela a été fait à la justice sans passer par le quartier, ni le chef de quartier ni moi-même. Normalement, avant de faire quoi que ce soit, ils devraient informer le quartier, le bureau du marché et même les sages pour qu’on puisse sensibiliser les occupants à quitter les lieux avant tel délai. Mais rien de tout cela n’a été fait », a-t-il déploré.

Au moment où nous quittions les lieux, les agents des forces de l’ordre avaient réussi à repousser les manifestants et la circulation avait repris peu à peu.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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