Un acte à trois dimensions : historique, symbolique et patriotique

Le président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, avec Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté

En dépit d’un contexte politique incertain à cause notamment du silence des nouvelles autorités sur la durée de la transition et le retard de la publication de la liste des membres du CNRD, les derniers développements de l’actualité nationale en disent long sur la volonté du nouvel homme fort de la Guinée de procéder à un changement à 180 à l’heure. L’arrestation et la détention de certains barons du régime renversé le 5 septembre dernier constituent un signal fort : celui de mettre fin aux détournements de deniers publics.

Depuis la disparition de Sékou Touré, il y a 38 ans, tous les gouvernements qui se sont succédé en Guinée ont accordé une impunité totale aux bandits à col blanc. A ce sujet, on se souvient d’une rencontre folklorique entre le président Lansana Conté, confronté à des détournements tous azimuts, et les principaux gestionnaires du pays. Une rencontre au cours de laquelle le chef de l’Etat avait demandé, que dis-je, supplié les prédateurs de notre économie de rembourser ce qu’ils ont volé. Ajoutant qu’il ne voulait pas mêler la justice dans l’affaire. Cette rencontre, qui devait faire le procès de tous les voleurs de la République, s’était plutôt transformée en rigolade.

Or, lorsque vous demandez gentiment à un voleur de rembourser ce qu’il a volé, en ajoutant que vous ne voulez pas mêler la justice dans son affaire, vous lui donnez un blanc-seing pour continuer sa sale besogne. Les finances publiques prirent un sacré coup. Cette gabegie, à laquelle Fodé Bangoura, alors ministre des Affaires présidentielles, avait voulu mettre fin, fit la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase.  Après l’intervention direct du chef de l’Etat pour sortir son ami de prison, le syndicat fit vent debout pour déclencher la grève de janvier et février 2007. La suite, on la connait…

Après la disparition du président Lansana Conté, suivi de la prise du pouvoir par le capitane Moussa Dadis Camara, ce dernier s’était mélangé les pinceaux en se mêlant de tout et de rien. Quant à Sékouba Konaté, sa mission était essentiellement de transmettre le pouvoir à l’opposant historique. Sortis des tragiques événements de septembre 2009, les Guinéens étaient prêts à donner tout le contenu des caisses de l’Etat à l’Armée pour que celle-ci abandonne le pouvoir. Le gouvernement de la transition ne s’était pas privé. Les poches et les comptes ont été remplis.

C’est dans ce contexte que monsieur « mains propres » arrive au pouvoir. Lequel, n’ayant jamais été associé à la gestion calamiteuse du pays, avait tous les atouts pour traquer les voleurs et remettre le pays sur les rails. Malheureusement, la Guinée n’a jamais connu des scandales financiers aussi scandaleux que sous son règne. A la place des millions de francs détournés au paravant, on parle désormais des milliards. Très vite, les fonctionnaires et autres commis de l’Etat ont compris que le vieux n’avait qu’un seul et unique souci : la protection de son fauteuil présidentiel. Tout le reste ne l’intéressait pas. Il finira par trier les cadres en trois catégories : les bons, les mauvais et les pires. Les premiers sont ceux qui ont accepté de collaborer avec lui. Les seconds ceux qui tentent d’observer une neutralité. Et les troisièmes, ses opposants.

Dans un pays miné par la corruption et les détournements, s’il n’y a aucun prisonnier pour vol et détournement, c’est que le chef lui-même est un voleur. C’est sans doute ce que le colonel Mamadi Doumbouya a compris pour faire l’exception à la règle. L’arrestation et la détention des barons du régime défunt doivent aboutir à un procès juste et équitable afin que les Guinéens sachent, non pas si leurs richesses ont été détournées, cela étant un secret de polichinelle, mais pour savoir quelle est l’ampleur des dégâts causés par ceux qui ont préféré l’ordre à la loi.

Habib  Yembering Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 664 27 27 47

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