Trafic international de drogue : 3 guinéens (dont 2 employés de l’aéroport de Conakry) au tribunal

Deux employés de l’aéroport international de Conakry (Aboubacar Sylla et Alseny Camara) et le citoyen Abdourahmane Bah sont jugés pour complicité de transport international de drogue. A l’occasion des réquisitions et plaidoiries, tenues hier, mercredi 13 avril 2022, le parquet du Tribunal de Mafanco demande leur condamnation à 5 ans d’emprisonnement, a constaté sur place Guinematin.com à travers un de ses reporters.

Il s’agit d’Aboubacar Sylla, Alseny Camara, deux travailleurs au service d’emballages des bagages à l’aéroport international Conakry, et un certain Abdourahmane Bah. Ils sont jugés pour complicité de trafic international de drogue. Des faits qu’ils ont niés tout au long des débats. Pourtant, le procureur maintient les accusations contre le trio qui aurait « mélangé » les bagages d’un certain Santigui, fils de la plaignante Fatou Kouyaté.

Dans ses réquisitions, le minière public est revenu sur les faits pour lesquels le trio est poursuivi.  « C’est à l’aéroport international de Conakry que le nommé Aboubacar Sylla a reçu un colis d’un certain Akim par le biais du nommé Abdourahmane Bah qu’il accuse d’avoir envoyé ce même colis à l’effet de l’ajouter aux colis d’un des voyageurs. Aboubacar Sylla, à son tour, a donné ce colis à Alseny Camara pour qu’il soit emballé avec des bagages d’un des voyageurs. C’est ainsi que les 3 prévenus ont demandé à Santigui, fils de la plaignante Fatou Kouyaté, d’accepter qu’un colis soit ajouté à ses bagages. Mais, ce dernier et sa maman se sont opposés à cette demande d’Aboubacar Sylla et d’Alseny Camara. A force d’insister, les deux prévenus ont réussi à ajouter le colis contenant la drogue aux bagages de Santigui qui est allé jusqu’à l’aéroport international de Tunis où il fut interpellé. La partie civile, interrogée ici à la barre, a fait savoir qu’elle avait refusé que le colis soit ajouté. Ces trois prévenus, qui ont nié les faits à l’enquête préliminaire, sont revenus sur leurs versions. Aboubacar Sylla a reconnu avoir un colis que Abdourahmane Bah lui a envoyé de la part d’Akim à l’effet d’être ajouté aux bagages d’un voyageur. Il déclarait qu’il a donné le colis à Alseny Camara pour l’emballage avec les bagages de Santigui. Alseny Camara, à son tour, a dit lui aussi qu’il avait contrôlé le colis avant de l’emballer. Mais, nous savons tous comment le contrôle se fait aux aéroports internationaux avec les scanners. Le contrôle est strict ».

Face à ces agissements, le procureur se dit convaincu que le trio a agi en intelligence et mérite d’être sanctionné. « Va-t-on nier leur implication dans cette infraction ? Nous répondons par la négative. Parce que s’il avait joué leur rôle en faisant un contrôle strict, Santigui n’allait partir avec de la drogue dans ses bagages… C’est pourquoi monsieur le président, nous demandons qu’il vous plaise de retenir Abdourahmane Bah, Aboubacar Sylla et Alseny Camara dans les liens de la prévention de complicité de transport international de drogue. Pour la répression, vous allez les condamner à 5 ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 2 millions de francs guinéens chacun. En le faisant, vous aurez rendu une saine et bonne justice », a requis le ministère public.

Par contre, la défense a plaidé non coupable. Les avocats des prévenus, qui accusent le ministère public de n’avoir aucune preuve contre leurs clients, vont plaider leur relaxe pure et simple, et de renvoyer le ministère public à mieux se pouvoir. « Ces pauvres pères de familles qui vivent au quotidien de leur sieur, ont déclaré devant vous ici qu’ils ne connaissent rien dans cette affaire. Nous savons que dans tous les aéroports internationaux, des scanners sont là pour le contrôle strict des bagages. Maintenant si les scanners sont défaillants, ce n’est pas à nos clients qu’on va imputer la responsabilité. Ce ne sont pas ces pauvres pères de familles qui n’ont fait que jouer leur rôle de contrôle physique des bagages qui vont payer de leur vie la forfaiture de quelqu’un parce qu’il faut tout simplement les condamner. Condamner ces pauvres citoyens innocents, c’est mettre le couteau à la gorge de la vache. Durant la procédure, le ministère public n’a fourni aucune preuve des faits pour lesquels nos clients sont poursuivis devant votre tribunal. C’est pourquoi, nous plaidons non coupables et demandons qu’il vous plaise de renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir et renvoyer nos clients des fins de la poursuite pour des faits non établis », a plaidé la défense.

Le tribunal a mis le dossier en délibéré et rendra sa décision le 2 mai 2022

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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