Des citoyens s’expriment sur la durée de la transition : « même un mois, c’est trop… »

Oumar Diallo, agent immobilier

Huit mois après le coup d’Etat militaire qui a renversé le régime du président Alpha Condé, les Guinéens attendent toujours de connaître la durée de la transition. Si les autorités ne se sont pas encore prononcées sur le sujet, les acteurs politiques et ceux de la société civile, eux, ont fait des propositions allant de 15 mois à 5 ans de transition.

De leur côté, que pensent les citoyens de ces différentes propositions ? Combien de temps souhaitent-ils que cette transition dure ? Un journaliste de Guineematin.com a posé ces questions à quelques habitants de Conakry.

Oumar Diallo, agent immobilier, trouve inacceptable la proposition relative à une durée de 5 ans. Pour lui, cette transition ne doit pas excéder 2 ans au maximum. « D’abord, je souhaite qu’on ait un délai consensuel entre toutes les Forces vives de la nation, sans exclusion. Et le gouvernement doit avoir le dos large pour appeler tous les acteurs de la nation, tels que le RPG Arc-en-ciel, l’UFDG, l’UFR et les autres partis. La nation se reconnaît dans ces partis-là, donc, vouloir les exclure serait une erreur fatale.

Donc, ils doivent prendre l’avis de tous les acteurs sociopolitiques de la République pour que le délai soit consensuel avec une durée raisonnable. Mais, parler d’une transition de 5 ans, ce ne sont que des conneries, parce que personne ne va pas accepter ces 5 ans. En tout cas nous, nous n’allons pas l’accepter. Une longue transition, dans 80% des cas, échoue. Alors, moi, je propose au grand maximum 2 ans », a-t-il déclaré.

Elhadj Bhoye Bah, citoyen

De son côté, Elhadj Mamadou Bhoye Bah, un citoyen rencontré à Commandanyah, est beaucoup plus pressé de voir les militaires quitter le pouvoir. « Deux mois après la prise du pouvoir par les militaires, j’avais émis le souhait qu’ils fassent une transition de 30 mois. Mais, lorsque j’ai vu leur allure, j’ai compris qu’ils sont en train de faire les mêmes erreurs du passé, avec notamment les casses de maisons. Et quand on casse, on ne reconstruit pas. Depuis 1998, on a cassé des maisons en Guinée, mais on n’a jamais reconstruit.

Donc, je ne souhaite plus que ces gens-là (le CNRD) restent au pouvoir même un mois de plus. Ce sera trop, parce qu’un mois de destruction équivaut à 100 ans de retard. Donc, moi, je n’ai plus d’espoir avec ces militaires, parce que tant qu’ils sont là, ils vont détruire. Lorsqu’ils détruisent, ils font des frustrés. Et dès qu’il y a des frustrés, le pouvoir cherche à les gérer d’une manière ou d’une autre. Et c’est là que la dictature commence, parce qu’on cherche à sauver son pouvoir », a laissé entendre ce doyen.

Par contre, Fodé Camara, lui, n’est pas préoccupé par la durée de la transition. Pour lui, il est nécessaire de donner tout le temps qu’il faut à la junte militaire pour régler certains problèmes, avant de rendre le pouvoir à un civil.

Fodé Camara, citoyen rencontré à Dixinn

« Le CNRD est en train de faire un travail aujourd’hui qu’aucun président civil ne pourra faire. Parce que récupérer les biens de l’État qui sont occupés par des particuliers pour les ramener à l’État, aucun civil ne peut le faire.

Au temps de Lansana Conté, il l’a essayé, mais les gens en ont fait un problème ethnique, Alpha Condé, pareil. Alors, que les gens laissent le temps au CNRD de faire son travail. Moi, ce n’est pas la durée qui m’importe, mais plutôt le travail qu’ils veulent mettre en place pour qu’il n’y ait plus une autre transition en Guinée », a dit M. Camara, tout en précisant que 3 ans pourraient suffire pour débarrasser la Guinée des maux dont elle souffre aujourd’hui et mettre en place des bases solides d’un développement du pays.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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