Durée de la Transition en Guinée : le Gouvernement veut éviter la crise

Ousmane Gaoual Diallo, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, porte parole du Gouvernement

Deux jours après l’annonce officielle, la durée que la junte militaire au pouvoir veut donner à la Transition continue de susciter des polémiques en Guinée. Les principales forces politiques et sociales du pays ont catégoriquement rejeté les 39 mois du Colonel Mamadi Doumbouya et elles laissent entrevoir le début d’une crise politique dont personne ne peut aujourd’hui prévoir les conséquences, ni l’issue d’ailleurs.

Pour prendre le taureau par les cornes, le Gouvernement n’a pas perdu de temps. Une rencontre informelle a été initiée hier, lundi 02 mai 2022, jour de la fête de l’Aïd el fitr, entre deux importants membres du Gouvernement et une vingtaine de journalistes dans un espace hôtelier de Kaloum. Le porte parole du Gouvernement et le ministre de l’Administration du territoire ont voulu échanger, sans filtre, sur l’ensemble des aspects liés au processus pour le retour à l’ordre constitutionnel.

« Parlons vrai ! Mettons de côté le superflu »

Tout d’abord (et pendant de longues heures de débat), c’est Ousmane Gaoual Diallo qui était seul avec les journalistes qu’il connaît d’ailleurs tous. Pour créer une ambiance de sérénité et déployer le débat, l’homme politique a commencé par discuter individuellement avec chacun de ceux qui avaient des reproches à lui faire. Expliquant ceci, justifiant cela, il n’hésitait pas de céder et reconnaître ses torts quand ses arguments étaient battus en brèche par un de ses interlocuteurs. Après une mise en confiance, commença un échange totalement décomplexé. 

« Ne nous focalisons pas simplement sur les 39 mois. Voyons ce qu’il y a à faire, comment le faire, combien de temps il nous faut pour chacune des tâches, qu’elles sont celles que nous pouvons faire en parallèle… », s’interrogeait par exemple le porte parole du Gouvernement. 

L’ancien député uninominal de Gaoual estime que le débat ne devrait pas être figé sur un délai. Pour lui, même si par exemple tout le monde soutenait les 39 mois, si les tâches à exécuter sont terminées, le CNRD et le Gouvernement ne diront pas qu’il n’y aura pas d’élections et qu’ils vont rester au pouvoir en attendant le délai convenu. À contrario, même si on revenait et qu’on s’accordait sur un délai de 24 mois, les acteurs eux-mêmes n’accepteront pas (puisque ce n’est pas dans leur intérêt) que les tâches soient bâclées parce qu’on court au respect du délai. D’où la nécessité de se focaliser sur les importantes tâches à accomplir et de voir sans passion ce qui est tenable. Il avait par exemple rappelé les trois mois de l’entre deux tours de l’élection présidentielle de 2010 pour dire que les candidats peuvent eux-mêmes souhaiter qu’un délai consensuel soit modifié parce qu’il y a des préalables pour la fiabilité des résultats du vote.

En réalité, Ousmane Gaoual Diallo a souhaité que les partis politiques et acteurs de la société civile qui rejettent le délai proposé fassent des contre-propositions totalement dépassionnées et qui tiennent compte de la soif des Guinéens de sortir de cette Transition dans la paix et la cohésion, sans qu’on ne retombe plus jamais dans des débats liés au fichier électoral par exemple. Il a ainsi estimé que le projet Wuri d’identification leur semblait une des meilleures pistes pour avoir des données fiables et incontestables. En plus, il est financé par les partenaires de la Guinée. 

Aux dires du Porte parole du Gouvernement, le CNRD et son Gouvernement n’ont aucune velléité de s’accrocher au pouvoir. Mais, ils ne souhaitent pas non plus que les passions et émotions que les uns et les autres peuvent avoir puissent empêcher la Guinée de se concentrer sur les vraies préoccupations. Ousmane Gaoual Diallo a par exemple cité le cas du fichier électoral actuel qui a entraîné plusieurs manifestations de rue, des dégâts humains et matériels importants. Pour lui, dire aujourd’hui qu’on veut aller à des élections avec un tel fichier ne servira qu’à reporter la crise.

Bref, le porte parole du Gouvernement a souhaité que les journalistes replacent le débat dans son contexte, fassent des efforts de conciliation des points de vue et ne se limitent pas qu’à opposer les acteurs puisque s’il y a une crise, c’est tout le peuple qui en souffrirait. 

« Nous sommes prêts à intervenir dans vos débats. Demandez aux autres de faire des propositions, agissons tous ensemble pour une sortie heureuse de cette Transition. Faisons tout pour éviter de reporter les problèmes », a notamment conseillé le ministre.

À suivre !

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

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