Grève des travailleurs de la COBAD (Boké) : « on arrête le travail jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications »

Fassou Christopher Holié, Ingénieur en maintenance industrielle, Technicien entretien Électrique Locomotive à COBAD.SA Port Minier de Taressa, 2ème titulaire et secrétaire administrative de la délégation syndicale

Comme annoncé précédemment, les travailleurs de la compagnie des bauxites de Dian-Dian (dans la préfecture de Boké) ont entamé une grève ce jeudi, 26 mai 2022, pour exiger de leur employeur russe de meilleures conditions de vie et de travail. Ils réclament notamment l’augmentation de leur salaire de base à hauteur de 300% et la revalorisation et l’instauration des primes et autres indemnités. Ils promettent de débrayer jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications.

Selon les informations confiées à Guineematin.com, ces travailleurs de COBAD SA ont arrêté le travail ce jeudi à 8 heures au port minier de Taressa. Et ce, pour suivre le mot d’ordre de grève lancé par leur syndicat pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Mais, à en croire Fassou Christopher Holié, Technicien entretien Électrique Locomotive à COBAD.SA /Port Minier de Taressa et secrétaire administratif de la délégation syndicale de COBAD SA, cette grève est surtout le résultat du refus catégorique de la direction de COBAD à faire face aux maux des travailleurs de la compagnie. Car, la plateforme revendicative qui a conduit à ce débrayage est sur la table COBAD depuis le mois de janvier dernier.

« La délégation syndicale des travailleurs de COBAD SA, soucieuse des conditions de vie et travail des travailleurs, a décidé de mettre en place une plateforme de négociation de 13 points. Cette plateforme a été soumise à la direction le 31 janvier 2022 dans le cadre d’un partenariat pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Mais, la direction a fait la sourde oreille. Quand, on a insisté, ils (la direction) nous ont appelés sur la table de négociation. Mais, ils ont mis cela en lien avec la guerre en Ukraine. C’était le 02 mars 2022. On les a compris et nous avons rejeté les négociations pour le 21 mars. Et, quand on est revenu le 21 mars, la production était un peu suspendue. Parce que du 10 au 30 mars il n’y a pas eu assez d’exportation. Donc, on a seulement discuté de certains points comme : la catégorisation professionnelle des travailleurs, la prise en charge sanitaire des salariés et leurs ayant droit, la mise en place des cantines sur les sites de COBAD, la dotation en équipement de protection individuelle correspondant aux besoins des travailleurs. On s’est accordé de reporter les discussions sur les conditions financières, notamment l’augmentation des salaires de base à hauteur de 300% et la revalorisation et l’instauration des primes et autres indemnités… Après la signature de ce procès-verbal le 21 mars, on a donné du temps à nos patrons. Et, à partir du 1er avril, les exportations ont repris. On a observé tout le mois d’avril avec une exportation pleine », a expliqué à Guineematin.com Fassou Christopher Holié, joint au téléphone ce jeudi.

Ayant constaté une reprise effective des exportations de bauxite, la délégation syndicale des travailleurs de COBAD a aussi saisi la direction de ladite compagnie pour un retour à la table de négociation pour parler des salaires. Malheureusement, il n’en a rien été. Et, en réponse à ces revendications et la menace de grève qui a suivi, la direction de COBAD aurait militarisé les postes de travail pour intimider et menacer les travailleurs.

« Au début du mois de mai, nous avons envoyé une lettre à la direction pour demander un retour à la table de négociation pour parler de l’amélioration des salaires. Mais, ils ont fait la sourde oreille, ils ont refusé et ont voulu piétiner même les accords qu’on avait signés le 21 mars. C’est ainsi qu’on a décidé de faire un préavis de grève et on l’a déposé le 09 mai. Mais, le 12 mai, le préfet de Boké nous a appelés pour nous dire de l’attendre jusqu’au 25 mai avant d’aller en grève. Parce que nous avions prévu d’aller en grève le 21 mai. Donc, on a fait une révision du préavis pour reporter la grève au 25 mai à 23 heures 59’. Malheureusement, l’autorité préfectorale de Boké n’a rien fait tout ce temps. Ce n’est que le 24 mai que l’inspection du travail nous a invités à une réunion de travail. Et, pendant ce temps-là, notre direction, en commun accord avec le préfet de Boké, a envoyé des militaires sur la zone de travail pour menacer et intimider les travailleurs. Ces militaires sont sur place depuis le 19 mai. On devait continuer les discussions ce jeudi 26 mai ; mais, dans la nuit du 24 au 25 mai, c’est un contingent qu’on envoie pour poster des militaires armés au niveau de tous les services et postes de travail… C’est ainsi que nous aussi on a décidé de déclencher ce matin notre grève et d’arrêter le travail jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications. Donc, on est en grève depuis ce jeudi à 8 heures », a indiqué Fassou Christopher Holié.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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