Conakry : malade, Amadou Baïlo Diallo est sur le point d’être expulsé de l’hôpital Jean Paul II

Amadou Baïlo Diallo, paralysé à vie

C’est une situation qui préoccupe profondément le jeune homme. Amadou Baïlo Diallo, qui a perdu l’usage de ses deux pieds et qui se trouve dans un état de santé assez compliqué, est sur le point d’être expulsé de l’hôpital Jean Paul II, où il vit depuis 7 ans. Les responsables de l’hôpital lui ont demandé de trouver un endroit où rester, alors qu’il n’a pas de parents pouvant l’héberger à Conakry. Le jeune homme sollicite de l’aide pour trouver une solution à son problème, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui l’a rencontré hier, mercredi 8 juin 2022.

La vie d’Amadou Baïlo Diallo a basculé en 2013. C’est en cette année que le jeune homme, âgé aujourd’hui de 28 ans, a reçu une balle lors d’une manifestation de rue appelée par les opposants du régime Alpha Condé. La balle, qui a touché sa colonne lombaire avec une section de la moelle, a entraîné la paralysie de ses deux pieds. « Quand on m’a tiré dessus, j’ai été d’abord admis à Donka, où j’ai subi une intervention chirurgicale générale. Donc, de 2013 à 2015, j’étais à Donka. Mais au début des travaux de rénovation de l’hôpital, on m’a emmené chez ma sœur qui était là (à Conakry), où je suis resté pendant un moment. Mais j’étais malade, et le fait de rester trop longtemps couché a provoqué des plaies. Je souffrais aussi du paludisme. C’est ainsi que j’ai appelé l’ancien maire de Ratoma, Souleymane Taran Diallo, qui est venu voir les responsables de l’hôpital ici (Jean Paul II) pour négocier afin que j’y sois admis », a expliqué le jeune homme, assis dans un fauteuil roulant.

Amadou Baïlo Diallo, paralysé à vie

Depuis 2015, Amadou Baïlo Diallo vit à l’hôpital Jean Paul II. Et même si son état de santé est toujours compliqué, il était satisfait de rester à côté des médecins qui peuvent lui venir en aide quand il en a besoin. Malheureusement, le jeune homme est sur le point de perdre ce qui était son seul privilège. Car, les responsables de l’hôpital lui ont demandé de libérer les lieux. « Mon médecin traitant m’a appelé hier pour m’informer que les responsables de l’hôpital ont tenu une réunion à l’issue de laquelle, ils me demandent de trouver un autre lieu où je pourrai rester, parce que j’ai duré ici. Si j’avais la possibilité d’aller ailleurs, il n’y aurait eu aucun problème, mais je n’ai pas où aller. Donc, ils doivent me comprendre. Ma sœur chez qui je pouvais aller n’est plus en Guinée, elle est maintenant en Angola. Et avec mon état actuel, je ne dois pas rester loin de l’hôpital.

Mes pieds sont paralysés et j’ai des plaies, il ne faut pas que je reste longtemps couché ou assis. En plus, j’ai une sonde urinaire qui doit être souvent contrôlée, et chaque deux ou trois jours, je dois faire des pansements pour mes deux plaies », a fait remarquer Amadou Baïlo Diallo. Le jeune homme dit a informé l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), le parti de Cellou Dalein Diallo qui s’occupe de lui depuis qu’il a reçu la balle. En attendant d’avoir une réponse de la formation politique, il appelle toutes les bonnes volontés à lui venir en aide pour lui permettre de trouver un endroit où il va rester. « J’appelle toutes les bonnes volontés à me venir en aide, parce que là où je suis aujourd’hui, j’en ai vraiment besoin ».

Egalement rencontré par notre reporter, le médecin traitant d’Amadou Baïlo Diallo explique que pour son propre bien, le jeune homme doit sortir de l’hôpital pour aller vivre ailleurs. « Je considère qu’encadré, c’est possible qu’il aille vivre ailleurs, et qu’il vienne nous voir à chaque fois qu’il en a besoin, parce qu’il a de petites plaies à soigner. Mais il faut qu’il change d’air et qu’il se sente en famille auprès des siens. Vivre entre les quatre murs, c’est parfois difficile et surtout quand il est seul », a dit Pr Amadou Diouldé Diallo, chirurgien en chef adjoint de l’hôpital national Donka, tout en précisant que son patient a besoin d’être suivi en raison de son sérieux handicap.

De son côté, le directeur général de l’hôpital Jean Paul II, Soriba Soumah indique que tous ceux qui aiment Amadou Baïlo Diallo doivent l’aider  à trouver un endroit où vivre en dehors de l’hôpital. « S’ils (les responsables de l’UFDG, ndlr) ont pitié de lui, ils peuvent lui trouver un endroit à côté de l’hôpital ici. Il a besoin des autres pour qu’il puisse vivre. Là où il est, il est enfermé ici. J’ai pitié de l’enfant quand je le vois couché. Ils viennent ici le voir, mais au lieu de l’aider réellement, ils préfèrent lui donner des miettes en le laissant ici. Des fois, il peut tomber malade sans que personne ne sache. Et si quelque chose lui arrive ici, c’est nous qu’on va accuser. Ils préfèrent qu’on nous accuse, alors qu’eux, restent là-bas. S’ils aiment Baïlo, ils n’ont qu’à lui trouver un logement », a dit le responsable de l’hôpital.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Facebook Comments Box