CRIEF : l’ancien ministre Rémy Lamah jugé dans une affaire de 102 milliards de francs

Médecin général Rémy Lamah, ex ministre de la santé

Le procès de l’ancien ministre de la santé, Médecin général Rémy Lamah, s’est ouvert hier, lundi 25 juillet 2022, devant la CRIEF. Il est poursuivi avec la société SOGUIMAP pour des faits de corruption dans la passation et l’exécution des marchés publics et complicité. Les prévenus ont plaidé non coupables des faits mis à leur charge, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Rémy Lamah, qui a été par deux fois ministre de la santé du président Alpha Condé, et la représentante de la société SOGUIMAP, sont accusés dans cette affaire d’avoir passé un marché de fourniture de produits pharmaceutiques obstétricaux et néonatals dans plusieurs structures sanitaires de Guinée. Ce contrat établi entre l’Etat guinéen et la société SOGUIMAP porte sur une valeur de plus de 102 milliards de francs guinéens. Selon l’accusation, la passation et l’exécution de ce marché n’ont obéi à aucune loi et aucune règle en la matière. Des accusations que les deux prévenus ont rejetées devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), présidée par le juge Francis Kova Zoumanigui.

La représentante de la SOGUIMAP a expliqué que « c’est suite à un appel d’offres lancé par le ministère de la santé pour la fourniture de produits sanitaires dans des structures sanitaires que nous, société SOGUIMAP, avons été au trésor public où nous avons versé une somme d’un million francs guinéens sur le compte de l’État pour avoir le cahier de charge. Nous avons versé la somme d’un million de francs guinéens à deux niveaux : un montant de 700 mille francs sur le compte du trésor public et un autre montant de 300 mille francs pour obtenir le marché. Le marché que nous avons gagné était pour un contrat de plus de 102 milliards de francs guinéens. Nous avons donc passé ce marché dans les règles de l’art. Nous n’avons pas été corrompus, nous n’avons corrompu personne pour obtenir le marché. C’est suite à un appel d’offres lancé par le ministère de la santé que nous avons postulé et on a gagné le marché », a déclaré Dr Condé.

Même son de cloche chez le ministre Rémy Lamah, qui a juré à la barre n’avoir commis aucun acte de corruption dans cette affaire. « Je n’ai pas corrompu, je n’ai pas été également corrompu. Le ministère de la santé avait signé un contrat de fourniture de produits sanitaires obstétricaux et néonatals en 2012 avec la société ZMC appartenant à un Chinois. Un contrat qui devait s’étendre sur une période de 3 ans, c’est-à-dire de 2012 à 2015. C’est moi qui dirigeais le département à cette époque. J’ai quitté le département en 2016. Puis le ministre Niankoye Lamah est venu, il a continué avec la même société jusqu’en 2018, l’année à laquelle le contrat avait pris fin. En 2019, je suis revenu au ministère de la santé. Quand je suis venu, il y a avait deux cas : d’une part, la loi disait de prioriser les sociétés nationales par rapport aux sociétés internationales, d’autre part, il y a eu plusieurs plaintes contre la société ZMC pour mauvaise qualité des produits sanitaires qu’elle fournissait.

Mais aussi et surtout, on dénonçait des problèmes de surfacturation que cette même société ZMC faisait sur les produits qu’elle fournissait aux structures sanitaires concernées. Compte tenu de tous ces facteurs, y compris l’imminence et l’exigence de relancer un nouvel appel d’offre, j’ai décidé de lancer un nouvel appel d’offres pour continuer la fourniture des produits sanitaires à travers le pays. C’est ainsi que j’ai écrit au ministère de l’économie et des finances pour l’en informer, et l’appel d’offre a été lancé dans les règles de l’art, en bonne et due forme. Et finalement, c’est la société SOGUIMAP qui a obtenu le marché. Je dis et je répète que je n’ai pas été corrompu, je n’ai également corrompu personne pour que la société SOGUIMAP bénéficie de ce contrat », a assuré Médecin général Rémy Lamah, ancien ministre de la santé.

Après avoir entendu les deux prévenus, mais aussi la société ZMC qui se plaint d’avoir été indûment dépossédée de son contrat qui était selon elle en cours, la Cour a renvoyé le dossier au 10 octobre 2022. Plusieurs témoins sont attendus à cette audience pour éclairer la lanterne de la juridiction sur cette affaire. Il s’agit notamment de l’ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana ; son ex-conseiller Dr Bano Younoussa ; Mamady Condé, ancien responsable des marchés publics ; Mamadi Camara, ancien ministre de l’économie et des finances ; Ibrahima Traoré, actuel responsable des marchés publics ; Mme Roche Poline Pakoly Kolié, directrice générale de la SOGUIMAP, Dr Mamady Diané, actuel directeur du trésor public ; Ismaël Dioubaté, ancien ministre du budget ; Mamady Condé dit Tales, responsable des grands projets, etc.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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