Exactions sur l’Axe : des taxi-motards accusent les forces de l’ordre et interpellent le Colonel Doumbouya

Souvent assimilés à des manifestants lors des manifestations de rue organisées à Conakry, les conducteurs de mototaxis sont confrontés à d’énormes difficultés dans l’exercice de leur métier. Victimes d’arnaque, d’arrestations, de retrait de leurs engins et pire, de tirs à balles réelles, ces motards ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ne sont également pas épargnés par certains manifestants qui leur retirent argent et téléphones. C’est ce qu’a laissé entendre Younoussa Diallo, conducteur de mototaxi à Koloma Soloprimo, dans la commune de Ratoma, interrogé par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les forces de l’ordre et autres militaires déployés sur l’autoroute Le Prince sont souvent accusés d’exactions. Les conducteurs de mototaxis, qui n’échappent pas à cette triste réalité, se disent souvent « traqués » dans leur recherche du pain quotidien. Ils sont pris entre deux feux car certains manifestants s’en prennent à eux dans les quartiers.

Younoussa Diallo, motard à Koloma marché

« Pendant les manifestations sur l’Axe, au lieu que les forces de l’ordre se mettent à repousser les manifestants, ils se permettent plutôt de s’attaquer à nous les motards. Quand ils viennent, ils disent qu’ils sont là pour rétablir l’ordre et la circulation, surtout pour nous les détenteurs d’engins. Mais, ce n’est pas ce qu’ils font. Nous, nous sommes des débrouillards, nous sortons pour chercher la dépense parce que nous avons tous des familles à nourrir. À notre grande surprise, quand nous nous croisons avec ces policiers ou gendarmes, ils nous attrapent, ils nous chicotent avec des fouets. Ils nous retirent aussi nos motos avant de nous conduire dans les CMIS ou dans les camps. Parfois même, ils nous retirent l’argent qu’on a sur nous et puis ils nous laissent partir. Ça, c’est une réalité partout sur l’axe : de Hamdallaye-Bambéto jusqu’à Cosa. Avec cette situation, nous sommes obligés des fois d’entrer dans le quartier pour y travailler malgré le mauvais état de la route. Ça, on le fait pour fuir les agents des forces de l’ordre. Avant, on fuyait les manifestants dans les quartiers au risque de se faire retirer nos téléphones ou notre argent. Et si maintenant, ce sont les agents de maintien d’ordre qui nous repoussent dans les quartiers, comment on va faire ? On fuit les manifestants, on fuit ceux qui sont censés nous protéger, où on va finalement aller ? La plupart d’entre nous sont des étudiants et diplômés sans emploi et la plupart sont mariés. Qu’est-ce qu’on va faire finalement ? »

Plus loin, Younoussa Diallo a donné un exemple concret d’exactions subies par les taxi-motards. « On a un ami qui a été arrêté récemment à Bambéto sur sa moto et conduit au camp. Il a fallu débourser une forte somme pour le libérer et libérer sa moto. Il y a un d’entre nous aussi qui a été blessé par balle sur sa moto. Lui, il est actuellement couché chez lui à la maison. On subit beaucoup de choses comme ça pendant la manifestation. Parfois même, ils disent que c’est nous les motards qui occasionnons la manifestation. Je me demande comment on peut rester sur la moto et jeter une pierre. Comment est-ce possible ? Cela prouve que ce sont des arguments infondés qu’ils avancent. La plupart des motards qui subissent ces dérives-là ne sont pas manifestants. Tout ce qui m’intéresse, c’est mon travail… ».

Pour finir, Younoussa Diallo interpelle les autorités, notamment le président Mamadi Doumbouya, d’éduquer les agents des forces de l’ordre qui interviennent pendant les manifestations de rue. « Nous demandons au président Mamadi Doumbouya, en déployant les forces de l’ordre sur le terrain, qu’il s’assure que ces agents ont pour rôle exclusif de rétablir l’ordre. S’ils voient un détenteur d’engin circuler, s’ils ne peuvent pas aider l’intéresser à bien circuler, c’est de le laisser passer librement. Parce que nous, on ne peut pas rester à la maison pendant deux jours sans travailler pendant que nous avons des charges familiales », a-t-il conclu.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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