De l’avis de nombreux observateurs, les jeunes guinéens retardent de plus en plus avant de s’engager dans le mariage. Une situation qui s’explique par de nombreux facteurs. Au manque de moyens financiers viennent s’ajouter la volonté de conserver son autonomie et la peur du saut dans l’inconnu. Tel est le constat fait à Conakry par Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Pour un jeune guinéen, se marier reste une aventure dans laquelle on se lance avec beaucoup de circonspection. Dans un contexte économique de plus en plus difficile, les jeunes gens sont devenus hésitants. Le chômage, les emplois instables sont généralement un frein à toute entreprise de fondation d’un foyer.
Cheick Bamba Yansané, célibataire sans enfant, a envie de se trouver une femme avec qui il va fonder une famille, mais les moyens lui manquent. « La principale cause qui m’empêche de me marier est liée au manque de moyens financiers. Tu ne peux pas sortir le matin de la maison sans dépenser de l’argent. On me dit toujours dans la famille que j’ai atteint l’âge de me marier, mais personne ne m’aide. Dans la famille, chacun attend de moi un petit quelque chose sachant que je ne gagne pas beaucoup à mon travail. Je préfère patienter, le temps que mes conditions de vie s’améliorent avant de parler de mariage », soutient-il.
Pour d’autres, comme Elhadj Mamoudou Diallo, la raison n’est pas qu’économique. Ce conducteur d’une moto taxi avoue qu’il est en mesure de prendre en charge une femme, mais mentalement il dit ne pas être prêt à se marier.
« J’ai des personnes qui peuvent bien me soutenir pour que je me marie, mais pour le moment mon esprit est ailleurs. Je ne me sens pas encore prêt à vivre avec une femme. C’est ma mère qui me met la pression de temps à autre, mais je lui ai toujours fait comprendre que se marier demande une grande autonomie financière. Vous savez qu’il est compliqué de vivre aux dépens de quelqu’un, tout est cher à Conakry. Se trouver une maison n’est pas aisée », a-t-il dit.
Il n’y a pas que les jeunes hommes qui se retrouvent dans cette situation de célibataire. Élisabeth Sovogui, une mère célibataire, à la suite d’une déception amoureuse, a décidé de mettre une croix au mariage d’abord.
« Les hommes ne sont fidèles que quand ils n’ont rien. Dès qu’ils se sentent financièrement indépendants, ils se livrent à cœur joie à l’infidélité. Moi, j’ai décidé de mettre une croix sur le mariage en attendant de trouver un homme responsable qui connaît la valeur de sa femme. J’ai 23 ans et je ne suis pas pressée. Je serai prête à me marier avec un homme qui n’a rien mais qui est courageux », a-t-elle lancé.
Cependant, certains jeunes hommes ont choisi de se marier malgré le manque de moyens financiers, c’est le cas de Nabilaye Camara. Il veut grandir avec ses enfants. « Quand tu mets en tête qu’il te faut forcément les moyens financiers pour te marier en Guinée, tu vas mourir célibataire. On a toujours des problèmes. Même quand on finit les études, il y a des problèmes liés à l’emploi. Moi, je me suis dit qu’il vaut mieux me trouver une femme qui m’aime avec ma situation actuelle. Et là, je suis heureux avec ma femme et mon fils. On se complète et on se comprend. Je ne regrette pas de m’être marié très tôt », a expliqué Nabilaye Camara.
Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com
