Interdiction de la vente illicite du médicament : des citoyens dénoncent la spéculation sur les prix dans les pharmacies à Conakry

Comme annoncé précédemment, la mise portant interdiction et fermeture des points de vente non agréés de médicaments en Guinée est entrée en vigueur ce jeudi, 15 septembre 2022, sur toute l’étendue du territoire national. Et pour éviter de s’exposer à d’éventuelles poursuites judiciaires, les vendeurs non agréés de produits pharmaceutiques dans les différents marchés de Conakry se sont abstenus d’ouvrir leurs boutiques à la clientèle.

C’est notamment le cas au marché de Madina où toutes les boutiques et autres auxiliaires de vente du médicament sur le marché parallèle sont restés hermétiquement fermés. Et ceci, malgré la forte demande des clients venus s’approvisionner de médicaments. Ces derniers ont fui les pharmacies professionnelles à cause de la hausse des prix. Certains d’entre dénoncent carrément une spéculation sur les prix dans les pharmacies, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Avec son ordonnance en main, Mamadou Aliou Bah accuse l’Etat de se jouer des pauvres avec cette interdiction.

Mamadou Aliou Bah, client

« La décision que l’Etat a prise sur l’interdiction de la vente des médicaments, c’est bon pour eux, mais pas pour la population. Moi je suis malade, j’ai une ordonnance. A la pharmacie, on m’a dit qu’elle (l’ordonnance) coûte 800 000 francs. Et, je suis venu voir un ami qui revend ici des médicaments, je lui ai montré l’ordonnance. Il m’a dit qu’elle coûte 150.000 francs. Donc, voyez la marge. Les pharmaciens ont augmenté les prix. Ce que je veux aujourd’hui, l’Etat n’a qu’à régulariser la vente des médicaments en Guinée sur le marché. Nous on n’a pas les moyens », a dit Mamadou Aliou Bah.

Venu chercher des produits pour son père malade, Mohamed Bangoura s’est confronté à cette fermeture des boutiques. Et, dans sa désolation, il a souhaité que l’Etat fasse de contrôle sur la qualité des produits vendus sur le marché parallèle et qu’il permettent à ceux qui ont les bons produits d’ouvrir leurs boutiques.

Mohamed Bangoura, client

« L’appel que j’ai à lancer aux autorités, c’est de laisser ces gens-là vendre les médicaments, même si l’Etat va faire des contrôles pour la qualité des médicaments. L’ordonnance-là, je l’achète chaque mois pour mon papa. J’ai été à la pharmacie ce matin, on m’a dit 990.000 francs ; alors que j’avais l’habitude d’acheter les mêmes médicaments à Madina ici 180.000 ou 170.000 francs. Imaginez maintenant cette différence qui est là. Nous, nous sommes des fonctionnaires. Si on nous dit d’aller payer les médicaments à la pharmacie avec nos maigres salaires, nous ne serons pas d’accord », a indiqué Mohamed Bangoura.

Abondant dans le même sens, Mariama Soumah, une autre cliente venue chercher des médicaments, a dit qu’elle n’a pas le prix des médicaments en vente dans les pharmacies.

Mariama Soumah, client

« Nous on n’a pas le prix de médicaments dans les pharmacies, parce que c’est trop cher là-bas. C’est ici que les pharmacies se ravitaillent en médicaments, ils vendent la même chose. Donc, il faut laisser les gens vendre les médicaments, sinon les pauvres vont souffrir », a-t-elle confié.

Pour Abdoul Lamine Diallo, un vendeur de médicaments qui a eu le courage de répondre aux questions du reporter de Guineematin.com, l’Etat doit comprendre qu’il ya beaucoup de jeunes diplômés qui gagnent leur vie en vendant les médicaments dans ce marché parallèle.

Abdoul lamine Diallo, vendeur de médicaments

« Je suis dans la vente de médicaments depuis plusieurs années maintenant. On se débrouille ici, on n’a pas où aller. Là où les pharmacies se ravitaillent, c’est là-bas qu’on prend aussi nos médicaments. On revend les mêmes produits. La différence, c’est qu’eux ils payent les taxes plus que nous », a dit Abdoul Lamine Diallo.

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 669681561

Facebook Comments Box