Elhadj Ibrahima Kaba Bah à Guineematin : « le 28 septembre 1958, la Guinée a rejeté le fait d’être sujet »

Elhadj Ibrahima Caba Bah

La date du 28 septembre est désormais doublement perçue en Guinée. Si elle est liée au Non de la Guinée à la communauté franco-africaine de 1958, cette date reste aussi marquée par le tragique massacre de 2009 au stade de Dixinn. La célébration du Non de la Guinée au Général De Gaulle continue de susciter de beaux souvenirs pour les pionniers de l’indépendance. C’est le cas d’Elhadj Ibrahima Kaba Bah qui se souvient du 28 septembre 1958 qui marque le rejet des guinéens d’être des sujets de la France. Il l’a dit dans une interview accordée à Guineematin.com à travers son correspondant dans la préfecture de Labé.

L’indépendance de la Guinée a été acquise sans lutte violente, comme ce fut le cas de l’Algérie. Elhadj Ibrahima Kaba Bah, octogénaire de son état, se souvient encore de ce qui justifie la démarche du peuple de Guinée. « Il n’y a pas eu de campagne contre l’indépendance. Même les notables acquis à Barry Diawadou et à Barry 3, qui étaient les deux partis opposés au PDG, étaient pour l’indépendance. Ce qui a facilité l’indépendance de la Guinée aussi du côté de la France, c’est parce que le colon estimait que ce n’était pas une grande perte pour la France si la Guinée sortait de leur communauté. Donc, il n’y a pas eu de campagne pour l’indépendance, même s’il y’en a eu, c’est une campagne molle », nous enseigne El Ibrahima Kaba Bah

Le 28 septembre 1958, date symbolique, marque la période où le peuple de Guinée a rejeté le fait d’être sujet de la métropole française. « Pour devenir libre et autonome, la Guinée a opté le 28 septembre 1958 pour le Non au référendum, réclamant son indépendance, sa souveraineté. Or, il n’y a pas de dignité sans liberté. C’est ainsi la célèbre phrase de Sékou Touré envers Le Général De Gaule qui est restée gravée : nous préférons la liberté dans la pauvreté, qu’à l’opulence dans l’esclavage. Les discours sont à partir du 02 octobre 1958. Le 28 septembre, on a voté, on a dépouillé et on a trouvé la majorité des bulletins NON. Entre le 28 septembre et le 02 Octobre 1958, la Guinée attendait la réaction de De Gaulle. Et De Gaulle avait dit que si la Guinée votait Non, il ne ferait pas d’opposition ; alors qu’au Niger, il y avait un parti qui voulait voter Non, ils l’on décapité, c’est-à-dire ils ont fait tomber le chef de ce parti », rappelle le doyen Ibrahima Kaba Bah.

Pour ceux qui pensent que la Guinée a réclamé l’indépendance de façon prématurée, Elhadj Ibrahima Kaba Bah tranche. « Ça, ce sont des histoires. Ceux qui disent que la Guinée a eu tort d’avoir réclamé son indépendance en 1958 se trompent. Nous voulions l’indépendance depuis longtemps. Et heureusement, elle nous est venue au moment opportun, sans incident comme l’Algérie, l’Indochine, l’Inde, où il y a eu une résistance active avec l’Angleterre. On est fier de cette indépendance parce que l’indépendance de la Guinée a précipité la liberté des autres pays, car deux ans après, les autres colonies d’Afrique ont emboîté les pas de la Guinée pour réclamer leur souveraineté. Donc, c’est pour dire que les gens parlent de l’Histoire, mais ce n’est ni comme il faut, ni comme ils pensent », conclut El Ibrahima Kaba Bah.

De Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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